L'Âme du chasseur, de Deon Meyer

L'âme du chasseur

Qu'est-ce qui pousse Thobela Mpayipheli à filer sur une moto à travers tout le pays, sans jamais ralentir son rythme, avec à ses trousses police, services secrets et journalistes ? Tout a commencé par la visite d'une jeune femme inquiète pour son père. Celui-ci, un vieil ami de Thobela, a été kidnappé par des individus qui réclament en échange un disque dur contenant de précieuses informations. Thobela a une dette à vie envers cet homme et n'a pas d'autre choix que de se rendre à Lusaka en Zambie pour le tirer d'affaire. Une décision assez lourde et pesante, puisqu'elle implique de renouer avec un passé qu'il pensait avoir rangé au fond du placard et qui le replonge dans les affres de l'angoisse d'une violence incontrôlable, alors qu'il s'était juré de ne plus jamais se salir les mains. Depuis quelques années, Thobela mène une vie tranquille, auprès de la femme qu'il aime et de son fils, et ne veut pas bousculer ce bonheur. Mais le temps presse, puisqu'il n'a que soixante-douze heures pour accomplir sa mission casse-cou. Il réfléchira plus tard aux conséquences de ses actes.

On pourrait s'attendre à une lecture frénétique et ébourriffante, comme le laisse supposer cette folle course-poursuite sur les routes du Cap et ses environs, on s'imagine sur le bolide de Thobela en train de foncer à toute berzingue pour se débarrasser du contrat sans plus attendre, avec les embûches d'usage pour pimenter l'action. Au lieu de ça, on constate que l'histoire ménage ses effets, qu'elle livre ses informations au compte-gouttes, qu'elle nous balade entre le passé et le présent, qu'elle ne néglige aucun détail et se focalise sur tous les personnages (et ils sont nombreux à courir après Thobela). Cela donne de l'ampleur à l'intrigue, le roman paraît plus touffu et profond, malgré son rythme saccadé. La lecture invite aussi à la découverte de l'Afrique du Sud, grandiose et magnifique par ses paysages, sans toutefois ignorer la réalité sur le terrain où le danger quotidien est permanent, la situation économique, sociale et politique gangrenée par la corruption et le passé historique du pays. Deon Meyer étoffe ainsi habilement son œuvre par sa richesse des intrigues et sa palette des personnages livre après livre (pas de Benny Griessel ni de Mat Joubert ici présent). Encore un bon moment de lecture.

Texte interprété par Eric Herson-Macarel, pour Sixtrid, Février 2016 (Durée : 12h 35)

Traduit par Estelle Roudet (Proteus) pour les éditions du Seuil / Repris chez Points (2006)

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