L’été avant la guerre – Helen Simonson

Gros roman dans le plus pur style romanesque, L'été avant la guerre a été une première autant avec l'auteur qu'avec la maison d'édition Nil. J'ai aimé ? Eh bien... oui ... et non.

À l'été 1914, le village de Rye voit venir un petit changement dans ses petites habitudes provinciales. La jeune célibataire et très indépendante Béatrice Nash vient pour prendre le poste de professeur de latin, poste prestigieux qui jusque là n'avait été tenu que par des hommes d'expérience. Quelle excentricité vient donc piquer les bonnes gens de Rye ! Et quel chamboulement dans les bonnes moeurs ! Chaperonnée par la vigoureuse et femme de tête Agatha Kent, Beatrice va devoir faire ses preuves sous le regard bienveillant de Hugh et Daniel, les neveux d'Agatha, loin d'être insensibles à son charme. Mais les velléités de guerre en Europe commencent à gronder et ne va pas épargner le petit village champêtre.

L’été avant la guerre – Helen Simonson

Parfois, ça m'arrive, j'ai envie de sortir un peu des sentiers battus de mes lectures de prédilection et de m'attaquer à des petites nouveautés qui font la joie de tous. Généralement, j'ai un bon instinct qui me permet de faire un tri dans ce qui pourrait me plaire ou pas. Et puis parfois, mon instinct se goure un peu.

Pourtant le roman a de grandes qualités. Helen Simonson peint les nombreuses figures du village de Rye et les petites manies et autres préjugés provinciaux avec un certain talent et souci du détail. Elle réussit à rendre d'ailleurs assez vite certains personnages attachants. Je pense fortement à la succulente Agatha Kent, une sorte de Granny Smith à la Downton Abbey version bourgeoise, qui avec sa petite guerre de pouvoir entre elle et la femme du maire procure des moments assez savoureux. De façon global, la famille Kent est touchante. J'ai beaucoup aimé tous les membres de cette famille, que ce soit les époux Kent ou leurs neveux Daniel et Hugh, l'un poète maudit qui se la joue aristo et l'autre plus sérieux et discret mais néanmoins sympathique. Quant à Beatrice, si son côté " femme indépendante qui veut rester célibataire " se veut être un personnage décalé par rapport à son époque alors qu'il reste finalement assez conventionnel, le personnage m'a agréablement touchée.

Là vous vous demandez pourquoi du coup je n'ai pas accroché ? À cause de deux, trois éléments qui m'ont un peu crispée. Nature obsessionnelle, quand tu me tiens.

J'ai trouvé que l'histoire était assez prévisible dans les destins des personnages. J'ai eu le sentiment étrange d'avoir déjà vu ça mille fois au ciné ou dans les livres, et du coup tout ce que j'avais prévu pour la fin, s'est réalisé : qui allait mourir, qui allait épouser qui, qui allait décevoir, etc. Et puis il y a le personnage de Céleste qui arrive inopinément dans le récit.

L’été avant la guerre – Helen Simonson

Personnage assez mineur malgré tout, c'est sa dimension d'oie blanche, décrite comme un " ange ", tellement belle et pure qu'elle fait l'admiration des hommes et des femmes, qui m'a assez vite agacée. Je n'aime pas tellement quand on fait l'éloge d'un personnage telle une image d'Épinal qui ne le mérite absolument pas mais parce qu'il est beau, ça passe. La " perfectitude " d'un personnage m'emmerde profondément ( Mimine la grossièreté, bordel !)et ça me hérisse le poil tel un Chuck Norris devant une armée de guérilleros communistes.

Vous seriez en droit de me dire que je chipote un peu trop ou que je devais être dans mes heures noires (en fait pas du tout, j'étais au contraire dans d'excellentes conditions et bien heureuse comme le petit Jésus dans la crèche) (les expressions moisies, c'est la vie). Mais, je suis une passionnée, alors quand je prends en grippe un personnage (coucou Celeste) ou un détail, ça va me suivre pendant toute la lecture. Néanmoins, je sais quand même reconnaître que la fin est très belle, avec ce petit côté doux-amer qui nous évite le Happy End guimauve que j'avais redouté. Là-dessus, Helen Simonson m'a eu. Et c'est tant mieux.