Sans aller à l’école, je suis devenu mangaka (Tanazono) – Akata – 9,99€

sans-ecole
Parution: 02/2016

Résumé
Masatomo pourrait passer pour un enfant ordinaire et jovial. Pourtant, une situation traumatisante avec son professeur trop colérique va lui déclencher une spirale infernale dont il ne sortira pas indemne. Plus le temps avance, plus il a du mal à aller à l’école. Dans une société japonaise très codifiée, le regard des autres est particulièrement pesant, aussi bien des adultes que des enfants, catalysant son sentiment d’inconfort et de rejet. Malgré la persévérance de ses parents, et avec l’aide de nombreux pédagogues et professeurs, force est de constater qu’il sera impossible d’avoir une scolarité ordinaire. Comment trouver au final sa place dans cette société où il se sent si mal à l’aise?

Notre avis
Récit poignant d’un enfant en échec scolaire, on peut dire que ce tome prend aux tripes. Tout parent en France a aussi cette crainte pour son propre enfant lorsqu’il entre à l’école de ne pas pouvoir s’adapter au système scolaire… Car au-delà du problème avec le système scolaire, il en va de son intégration dans la société qui est régie par des volontés de normalisation. Ici comme au Japon où l’auteur s’est inspiré de sa propre histoire, cette chronique sociale interpelle. En effet, on voit que sans le chercher de manière intentionnelle, tout adulte ou enfant rejette instinctivement ce qui s’écarte de la norme et que l’individu le vit d’autant plus mal qu’il en est conscient. Toute personne sortant un tant soit peu des normes (ou pour tout parent ayant un enfant dans cette situation) se retrouvera donc dans ce récit. Cette oeuvre poignante, de près de 300 pages arrive donc à narrer une quête parsemée d’embûches, enchaînant les hauts et les bas avec un réalisme très frappant, tout en conservant une certaine sobriété et intimité. En effet, la situation n’est jamais totalement apocalyptique ou idyllique et cette vie se balance avec incertitude entre moments positifs et rechutes, avec toujours comme risque ultime une sortie de route suicidaire. Ici, par chance, l’auteur va trouver un exutoire dans la création de manga, étant doté d’une très grande sensibilité artistique et ayant malgré tout une grande volonté. C’est finalement la rencontre fortuite avec Akira Toriyama (le fameux créateur de la série mythique Dragon Ball) qui va libérer Masatomo de ses complexes: le message étant que dans ces situations, une rencontre sous la forme de soutien fort conjuguée avec une recherche par la voie créative et artistique peuvent être une réponse. Ainsi, l’auteur a pu se libérer des entraves de la société pour pouvoir mieux y revenir et s’y réintégrer. Cette oeuvre a en tout cas touché particulièrement Akira Toriyama qui en a écrit la postface, démarche rare de sa part et d’autant plus précieuse, qui n’a pas manqué de soutenir une oeuvre qui le mérite. Il n’est pas à douter que Syoichi Tanazono fait partie des rares mangaka à suivre impérativement dans les années à venir.

En deux mots
Une chronique sociale semi-autobiographique d’un enfant en échec scolaire qui prend aux tripes.

Julien Jaccone

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