Mémé Dans Les Orties, un titre accrocheur, que j’avais repéré ilo y a un an sur la blogo. Forcément ça me rappelle ma jeunesse « nan mais faut pas pousser Mémé, hein!! ». Cette expression est juste délicieuse, et donc le livre m’intriguait. En plus il a une super couverture à carreaux façon Bonne Maman (mais si, les confitures!) ou nappe pour déjeuner sur l’herbe.
M’enfin, à la recherche d’Outlander, je suis tombée sur ce volume à la FNAC, et ni une ni deux, je l’ai pris avec moi!
Résumé: Ferdinand est vieux et méchant. Ses voisines ne le supportent plus, surtout la concierge. C’est la guerre. Mais Ferdinand va trouver des alliées inespérées en une petite fille de sept ans et un mamie de 90 balais. Petit à petit, Ferdinand redécouvre comme il fait bon être vivant et aimé.
Mon avis en bref: c’est délicieux, ça se lit vite, c’est rigolo. Une pâte de fruits légère pour l’été.
L’histoire: Ferdinand a tout pour lui: grincheux, pingre, fainéant, anti-tout. Il vit seul dans un apartement depuis que sa femme l’a quitté pour le facteur. Sa fille unique vit à Singapour avec son petit fils ado, qu’il a du croiser une dizaine de fois.
Son unique rayon de soleil, c’est sa chienne, Daisy. Et faire chier la concierge, Mme Suarez.
Pour ce faire, Ferdinand a toute une panoplie de trucs: fumer dans les communs, ne pas trier ses déchets, faire peur aux canaris de Mme Suarez, mettre du Roundup dans les plantes de la copropriété.
Mais un jour, Daisy disparait. Horreur, elle est retrouvée écrasée sur la voie publique. Ferdinand s’écroule. Il n’a plus de raison de vivre et se jette sous un bus.
Raté, Ferdinand se réveille à l’hosto, la machoire un peu douloureuse, mais sinon en pleine forme. Ferdinand reprend donc sa vie, mais sans Daisy.
Enfin, il reprend sa vie, mais sa fille, inquiète, demande à Mme Suarez de passer régulièrement chez Ferdinand pour vérifier que le vieil homme ne va pas recommancer à attenter à sa vie, et qu’il vit dans des conditions décentes.
C’est soit ça, soit la maison de retraite. Gnagnagnagnagna. Ferdinand n’est pas content, c’est le moins que l’on puisse dire, et procrastine le ménage à n’en plus finir.
Le jour d’avant l’inspection, on sonne à sa porte. Une fillette de sept ans, sa voisine d’au dessus, s’invite pour le déjeuner. Ferdinand n’arrive pas à repousser la tornade, qui lui laisse en plus des produits ménagers. Car bien sur, tout le monde dans l’immeuble est au courant de l’inspection de Mme Suarez.
Mais Ferdinand repousse encore et toujours l’échance. Tant pis, il ira en maison de retraite, voilà. Sauf s’il demandait à sa voisine d’en face de lui prêter sa femme de ménage…
Et voilà notre Ferdinand avec un apartement tout propre et une nouvelle amitié qui se noue avec sa voisine de palier, une mamie de dix ans de plus que lui hyper rafinée et active, qui l’invite à ses séances de bridge. En plus de son amitié avec Juliette, la gamine du dessus, qui vient déjeuner chez lui tous les jours. Bref, la vie de Ferdinand n’est plus si mal.
Mais voilà que Mme Suarez clamse dans le local à poubelles de l’immeuble, et que des témoins auraient entendu Ferdinand la menacer. Ni une, ni deux, Ferdinand est emmené au commissariat et laissé en garde à vue pendant 48 heures. Au moment de passer à l’interrogatoire, son avocate, alias sa pétillante voisine, vient le tirer de là et l’emmène illico à l’hosto, où il reste plusieurs jours (Ferdinand est un vieux monsieur complètement déshydraté, ne l’oublions pas).
Ferdinand rentre de l’hôpital mais c’est presque Noël et tout le monde s’en va: sa voisine pimpante, ses jeux de bridge, et surtout la petite Juliette. Ferdinand est bien seul. Sauf que Juliette lui a préparé une surprise: un chiot, qu’elle a appelé Sherlock.
Et sauf que sa fille Marion lui annonce qu’elle aimerait qu’il vienne vivre avec eux à Singapour, car Alexandre, le petit fils de Ferdinand, est malade: insuffisance rénale, il lui faut un nouveau rein.
Ferdinand prend sa décision: la famille, c’est important. Il a perdu trop de temps à être grincheux, maintenant il va aller aider sa fille et son petit fils. Il prépare donc ses valises… Mais on sonne à sa porte: Monsieur Suarez, le mari de la défunte concierge, lui apporte son courrier, ainsi qu’un petit carnet noir. Ce carnet avait apartenu à sa femme, elle y notait plein de choses, dont ses petites vengeances sur Ferdinand.
C’est comme cela que Ferdinand découvre que Daisy est encore en vie, et que c’était le cadavre d’un autre chien qui avait été utilisé pour lui faire croire à la mort de sa chère Daisy.
Quelques heures plus tard: Ferdinand est en famille: ses deux chiens sont à la maison, et sa fille et son petit fils viennent d’arriver de Singapour. Plutôt que d’être opéré là bas, Alexandre préfère être en France… en famille.
Mon avis: un joli conte sur l’ouverture au monde et le fait qu’il n’est jamais trop tard. Même à 70 ans, Ferdinand a le droit à une seconde chance.
L’écriture est enlevée, légère, concise, efficace, moderne. Les chapitres sont courts avec des titres jouant sur les expressions françaises (par ex: « jaune cocu » pour un chapitre sur le facteur, avec qui la femme de Ferdinand s’est barrée).
Ferdinand est attachant. Un vieux con comme on les aime. Voir le monde par ses yeux est vraiment marrant, surtout quand on est justement un jeune couple avec enfant en bas âge.
Il me fait un peu penser à Tatie Danielle. Il est méchant par défaut, il ne sait pas faire autrement.
Mais c’est un problème d’interprétation: Ferdinand ne se trouve pas méchant, il dit juste les choses comme elles sont. Par exemple pourquoi mentir à sa femme sur sa nouvelle robe, lorsqu’on voit ses bras qui pendouillent? il vaut mieux le lui dire pour lui éviter une humiliation publique, non?
Les interventions de Juliette et de sa voisine de pallier vont changer sa vie, le forcer à être un homme correct et décent, et à s’humaniser un peu.
La métaphore du coeur est filée tout au long du roman: au début Ferdinand a un coeur à toute épreuve, solide comme un roc. Normal, son coeur ne lui sert jamais! Mais à la fin du roman, alors que Ferdinand s’humanise, son coeur fait des siennes: c’est parce qu’il bat à nouveau. J’ai trouvé ça mignon.
Mémé Dans Les Orties est un roman qui se lit vite (deux jours pour moi, mais ça aurait pu être plus rapide) et qui est rafraichissant. sans grande prétention, il saura vous faire sourire (beaucoup). Un roman idéal pour l’été, ou lorsqu’on a besoin de se remonter le moral.
L’auteure: Aurélie Valognes a changé de vie du tout au tout lorsque son mari a été envoyé en Italie pour le travail. Elle a quitté son emploi et s’est remise à écrire, une passion qu’elle avait délaissé dans sa vie d’adulte.
Mémé dans les orties a été auto-publié et a connu un tel succès qu’une maison d’édition reconnue lui a proposé d’éditer son livre. Une succes story comme on les aime
Ses personnages sont ancrés dans la vie réelle. Découvrez-en plus sur son site web: http://www.aurelie-valognes.com/