Le livre du lundi: Mrs Dalloway

mrs dalloway

de Virginia Woolf

C’est une douce journée de juin et Mrs Dalloway donne une réception ce soir. Il reste encore tant de choses à faire pour que tout soit prêt. Clarissa Dalloway, autour de qui la Vie tout entière semble tourner. La Vie et tout ce qui la compose: l’amour, les autres, les doutes, le bonheur, la tristesse, l’inachevé, la mort; comme égrainés au fil des heures que Big Ben, patiemment, sonne, sonne, sonne.

Je suis une grande admiratrice du travail de Virginia Woolf. Je n’ai pas encore tout lu d’elle parce que ses écrits sont très forts et profonds, il me font toujours l’effet d’une claque et il me faut du temps pour les absorber. Ils retranscrivent tellement parfaitement la vie, les émotions, le caractère étrange de l’être humain que tout lire d’un coup serait trop d’émotions pour mon petit cerveau. Je préfère lire son oeuvre en pointillés, semer ces révélations tout au long de ma vie.

Il a fallu que je m’y reprenne par trois fois pour enfin finir Mrs Dalloway. Jusqu’à maintenant, je l’ai toujours abandonné à mi-chemin. Je n’arrivais pas à m’accrocher au texte, à la mélodie des mots bien que je pressentais que, si je persévérais, j’allais adorer ce chef d’oeuvre de la littérature anglaise.

Et puis j’ai compris. Ce n’était pas parce que ce n’était pas le bon moment ou parce que j’étais trop jeune pour apprécier cette lecture que je n’arrivais pas à le finir, c’est parce que je m’y prenais mal! On ne lit pas Mrs Dalloway entre deux métros, deux pages avant de dormir ou en parallèle d’autres lectures. Mrs Dalloway est un flux de pensées qu’il faut interrompre le moins possible si on veut le comprendre. Il faut avoir conscience de ce qu’on est en train de lire, il faut s’y plonger complètement comme on lirait les pensées de quelqu’un. Alors, les pages se tournent à toute vitesse. Sans chapitre, sans pub, sans correspondances pour nous arrêter, on glisse à travers la journée de Clarissa. Une journée à la fois des plus banales et à la fois l’exemple le plus intense de ce qu’est la vie.

Une lecture troublante, portée par les images récurrentes de Woolf : le Temps, l’eau, le vent, les vagues,… tout ce qui est insaisissable, cette auteure le capte et nous le fait ressentir merveilleusement. Elle entremêle les destins, lie toutes choses entre elles, recrée le monde tel qu’il est réellement, elle efface la frontière entre les mots et la réalité.

Une lecture qui laisse un sentiment doux-amer de beauté et de fatalité, qui traduit si bien qu’on puisse être à la fois, au même instant, intensément heureux et profondément triste. Un texte quasi prophétique pour l’auteure au destin malheureux qui renforce chez le lecteur ce sentiment étrange que tout est lié.  Un magnifique moment de littérature.

Ce livre a fait des allers-retours dans ma PAL depuis plus de cinq ans, je compte donc cette lecture pour le Challenge Objectif du mois: juillet!

objectifdumois

Marion