Le cœur entre les pages, Shelly King

Par Serial Bookineuse @minabookineuse

Résumé :

Maggie, 34 ans, vient d’être licenciée de la start-up branchée de la Silicon Valley où elle travaillait. Que faire sinon traîner au Dragonfly, la pittoresque librairie de livres d’occasion ? Lassé de la voir végéter, Dizzy, son meilleur ami, lui propose de participer à un club de lecture. Au programme : L’Amant de Lady Chatterley. Dans l’édition ancienne qu’elle déniche, Maggie découvre une mystérieuse correspondance amoureuse… Cette découverte va bouleverser la vie de la jeune femme et celle de la petite librairie menacée de fermeture par la concurrence. Le tout sous les yeux espiègles de Grendel, le chat qui a élu domicile parmi les rayonnages.

Mon avis

La première chose qui m’a attirée et donnée envie de lire ce roman, c’est sa couverture ! Avec le chat qui apparaît derrière une rangée de livres, comment ne pas craquer ? Dur dur me direz-vous, surtout pour l’adoratrice de félins et de livres que je suis. Je remercie les éditions Préludes qui m’ont accordé leur confiance en m’envoyant ce roman et m’ont ainsi permis de le découvrir.

C’est donc au côtés de Maggie que nous entraine Shelly King. Cette jeune trentenaire qui a été licenciée d’une start-up qu’elle a contribué à lancer, traîne désormais au Dragon Fly, une librairie d’occasions de la Silicon Valley, tenue par le non moins original, Hugo. Maggie passe ainsi toute la journée à lire des romans à l’eau de rose peuplés d’héroïnes aux formes plantureuses et de pirates sanguinaires.
Un jour, son meilleur ami Dizzy lui propose de participant à un club de lecture dans l’espoir qu’elle pourra briller aux yeux des membres du club et ainsi, avoir une chance de retrouver un travail semblable à celui qu’elle a perdu. Il a d’ailleurs été décidé que pour la prochaine réunion du club, tous les participants devaient se munir de la dernière édition de L’Amant de Lady Chatterley de D. H. Lawrence mais c’est sans compter sur Hugo, qui offre à Maggie un exemplaire tout défraîchi qu’il a déniché dans sa librairie.
En le feuilletant, la jeune femme y découvre une correspondance datant des années 60 entre un certain Henry et une femme du nom de Catherine. Leurs échanges, plutôt centrés sur le roman au début, deviennent au fil des pages, de plus en plus intimes et passionnés. Maggie, intriguée par cette découverte va, suite à la survenue de certains éléments, utiliser ces messages pour faire remettre sur pied le Dragon Fly. Cette initiative va alors changer sa vie par bien des aspects !

Tout d’abord, j’ai particulièrement aimer l’environnement dans lequel se déroule l’intrigue. Je n’ai eu aucun mal à m’imaginer lovée dans un des fauteuils du Dragon Fly, entourée par des amas de livres ça et là et où l’atmosphère est imprégnée de l’odeur qui caractérise les vieux bouquins d’occasion. Dans un monde où la technologie et le numérique sont de plus en plus imposants, l’auteur a su mettre en avant l’importance des livres papiers, et en particulier ceux qui ont un passé, une histoire à raconter et dont l’aspect atteste de leurs nombreux passages de main en main. Il est, bien sur, plaisant d’acheter des livres tout beaux tout neufs mais j’aurai toujours une affection toute particulière pour les vieux livres dont les pages ont jauni avec le temps et qui semblent porteurs de souvenirs et de nostalgie.

Au delà du mystère qui entoure Henry et Catherine, Shelly King, traite de sujets qui peuvent toucher chacun de nous et elle le fait avec justesse et réalisme. L’auteur a su me convaincre avec une plume fluide et un style tout en simplicité. Ici, il est question d’amitié, d’amour, de quête identitaire, de reconversion professionnelle mais surtout de livres et du pouvoir qu’ont ces derniers de nous faire voyager entre leurs pages et nous permettre, le temps d’une lecture, d’oublier nos soucis.

De manière générale, les personnages sont attachants et j’ai passé un bon moment en leur compagnie. J’ai principalement apprécié Maggie, à laquelle il est facile de s’identifier. c’est une jeune femme qui ne manque pas d’humour et d’autodérision mais possède un côté pragmatique et ne perd pas de vue le sens des réalités. Toutefois, son évolution tout au long du récit lui fera comprendre que les choix qui nous semblent les plus judicieux ne sont pas forcément ceux qui nous conviennent le mieux.

Deux autres personnages ont également retenu mon attention, à savoir : Hugo, le propriétaire du Dragon Fly et Jason, son employé. A plus de 50 ans, le premier demeure un vrai Don Juan et ne manque pas d’anecdotes, toutes liées à ses innombrables conquêtes. Sa relation avec Maggie est touchante et je me suis amusée des réactions de la jeune femme face aux histoires de cœur d’Hugo. Le second est, quant à lui, l’archétype du geek mordu de science fiction. D’un caractère taciturne et ronchon, Jason ne rate pas une occasion de critiquer les moindres faits et gestes de Maggie dont il ne supporte pas la présence au Dragonfly. Bien qu’il semble, de prime abord, tout à fait détestable, il possède des bons côtés qui se révèlent petit à petit et j’ai fini par l’apprécier.

Par contre, j’ai eu un peu de mal à ressentir de la sympathie pour Dizzy, qui incarne le meilleur ami gay de façon très caricaturée. Dans une atmosphère cosy et qui fait penser à un cocon, Dizzy fait tache avec ses manières extravagantes et ses propos à la limite du vulgaire. D’autres personnages gravitent autour de Maggie mais je ne vous gâche pas la surprise de les découvrir par vous-mêmes.

En bref, Le cœur entre les pages a été une agréable lecture. Ce roman, à la fois drôle et touchant, se lit sans prétention et nous fait nous interroger sur nos propres choix de vie. Tous les amoureux des livres y trouveront leur compte, avec les nombreuses références littéraires dont il fait mention. De plus, si vous voulez connaitre le fin mot de l’histoire d’Henry et Catherine, je vous invite à le lire !