Initié par Ma Lecturothèque, le principe de ce rendez-vous est de citer les premières lignes d'un livre. En quelque sorte, il s'agit de retranscrire l'incipit du livre. C'est une bonne façon de se faire une première impression sur le livre en question.
Je vous cite aujourd'hui les premières lignes de L'homme qui court de Michael Gerard Bauer qui m'intrigue beaucoup autant par sa couverture que par sa quatrième de couverture.
Avez-vous lu ce livre ? Vous fait-il envie ? Que pensez-vous de ces premières lignes ? Votre dévouée Livranthrope.Le regard rivé sur le cercueil, Joseph pensait à des vers à soie. Devant lui, la boîte en bois couleur miel était aussi inerte et silencieuse qu'un cocon, et l'espace d'un instant, il se retrouva ailleurs, en un autre temps, en un autre lieu. Il s'efforçait de garder cette image à l'esprit, mais le moindre écho sonore -un murmure, un raclement de gorge, ou le bruit sec d'une chaussure heurtant maladroitement le bois d'un prie-Dieu- le ramenait à l'endroit où il était, et une vague de douleur, mélange de deuil et de regret, l'envahissait à nouveau. " C'est ma faute ", se disait-il. Et ces mots lui crevaient le cœur comme autant de coups de poignard. Derrière lui, la plainte d'un orgue emplissait tout l'espace de l'église Saint-Jude. Ce n'était pas la première fois qu'il assistait à un enterrement. Mais là, c'était différent : il était assis au premier rang. Avant, il n'était qu'un gamin parmi une foule d'écoliers dissipés regardant passer dans la rue quelqu'un dont il aurait le plus grand mal par la suit à se rappeler les traits. Aujourd'hui, il était au centre de l'attention général, et cela l'oppressait comme une étreinte envahissante, implacable.