Charles Draper – Xavier de Moulins

Charles Draper - Xavier de MoulinsCharles Draper, paru en février 2016 aux éditions J.-C. Lattès, est le quatrième roman de Xavier de Moulins. Pour tout vous avouer, je connaissais l’auteur en tant que présentateur et journaliste, mais pas du tout comme écrivain. Intriguée, j’ai profité de la disponibilité du roman à la bibliothèque où je travaille pour m’en saisir et le lire. Une phrase, une seule, en quatrième de couverture, comme un appel à la curiosité :

« Autrefois, après l’amour, on fumait une cigarette ; aujourd’hui on allume son portable. On dirait que Mathilde a un nouveau message ».

Charles Draper quitte Paris pour s’installer à la campagne avec Mathilde et leurs deux filles. Mais Charles continue les allers-retours vers la capitale pour gérer son entreprise de déménagements. La distance s’installe dans le couple, Charles s’interroge ; il est prêt à tout pour lutter contre les effets du temps et de l’âge qui déprécient les corps. Les pensées les plus insensées frôlent son esprit, jusqu’à la paranoïa. Il en est sûr, Mathilde le trompe… Mais que se cache-t-il réellement derrière les apparences et les faux-semblants ?

Quand on ouvre ce livre, on pense y trouver l’histoire d’un couple, de sa déchéance, de la lutte presque acharnée d’un homme en proie au temps qui passe et face à un corps qui vieillit. On croit parcourir la description d’un homme absolument prêt à tout pour re-séduire sa femme qui semble s’éloigner. Certes, c’est à peu près ça…

A ceci près que ce roman prend au fil des pages des allures de thriller psychologique. La tension est palpable, elle s’intensifie peu à peu jusqu’à offrir au lecteur un rebondissement auquel il ne s’attendait pas en ayant ce roman entre les mains… Une banale histoire de couple ? Pas si sûr…

Le rythme de l’intrigue suit celui des pensées de Charles, il accélère dès lors que la fin approche. Et là, révélation, surprise. Une fin qui déstabilise, qui laisse une porte ouverte à l’interprétation de chacun. Comme une nécessité de relire cette fin deux ou trois fois, non qu’elle ne soit pas claire… Mais comme Charles Draper, le lecteur ne parvient pas à savoir si il a en face de lui la vérité, ou si l’interprétation qu’il se fait de tout ça n’est que le fruit de son imagination. A l’instar du personnage principal et des pensées qui l’assaillent, le doute subsiste, même une fois le livre refermé.

C’est donc un joli coup de maître que réalise Xavier de Moulins avec Charles Draper. Sans discontinuer, jusqu’au bout, l’auteur maintient son lecteur dans l’enchaînement infernal des choses, tout en créant un climat d’incertitudes, d’ambiguïté, qui nous donne envie d’aller jusqu’à la fin, en quête d’une vérité, celle de cette histoire…