C’est assez rigolo, la manière dont ce petit livre est arrivé chez moi: une amie anglaise l’avait acheté pour travailler son français (parce que justement, le livre est très court), et lorsqu’elle a déménagé, elle m’a demandé si je le voulais. Donc je l’ai pris
Résumé et avis: Un inconnu vient mourir chez Bertrand. Bertrand vole l’identité du mort, qui a l’air d’avoir une vie bien plus trépidante que la sienne.
Un roman très court qui survole beaucoup de choses, mais que j’ai été incapable d’apprécier. Peut-être parce que justement, de par sa brièveté, les sujets abordés ne sont pas creusés.
L’histoire: Bertand Bordave assiste à un dîner, pendant lequel l’un des convive lui donne la marche à suivre si un étranger venait à décéder chez lui: ne pas appeler les secours, mais un taxi, et emmener le mort à l’hôpital, afin que jamais l’on ne puisse dire qu’un tel était décédé chez lui, mais bien « en route pour l’hôpital ».
Coïncidence? Le lendemain, on frappe à sa porte. Un étranger demande d’utiliser son téléphone car sa voiture est en panne, et la cabine téléphonique ne marche pas. L’étranger décroche le téléphone, et meurt.
Que faire? Il a la même corpulence que Bertrand. Celui-ci décide donc de voler l’identité du mort, Olaf Sildur, et de se faire passer pour mort. Sa vie d’avant, inintéressante à souhait, ne lui manquera pas.
Mais voilà: la voiture (une jaguar) marche très bien, et juste pour vérifier, le nouvel Olaf se rend compte que la cabine téléphonique aussi. Trop tard, il a pris sa décision, et laisse derrière lui le cadavre de « Bertrand » pour rouler à fond les ballons vers sa nouvelle vie à Versailles.
Il découvre qu’il habite une villa, qu’il partage avec un gros chat et sa femme, une ex-junkie sans nom. Il la baptise Sigrid. Sigrid n’a pas l’air d’être surprise de voir un inconnu débarquer chez elle, ni que son vrai mari ne soit là. Apparemment beaucoup d’inconnus viennent chez eux passer quelques jours avant de repartir en mission.
Elle occupe ses journées avec du champagne et des sorties. Principalement des sorties culturelles ou des virées shopping, sur la carte bleue d’Olaf.
Tout va pour le mieux, jusqu’à ce que le nouvel Olaf ne surprenne des hommes le surveillant. Et jusqu’à ce qu’ils disent à Sigrid que son mari est mort. Olaf explique tout à Sigrid, qui, après s’être fâchée, convient que la meilleure chose à faire est de s’échapper.
Olaf (l’original) avait creusé un tunnel vers la banque, et puis vers la sortie. Nos deux tourtereaux vont donc s’en mettre plein les poches et mettent le cap vers la Suède, où ils se font passer pour des collectionneurs d’art. Ils ouvrent un compte avec tout l’argent dérobé d’Olaf et achètent des oeuvres à tour de bras.
Tant et si bien qu’après quelques années, la banque leur indique qu’ils sont dans le rouge. Mais Olaf et Sigrid s’en balancent et continuent de dépenser à tour de bras pour coller aux personnages qu’ils se sont créés.
Mon avis: Amélie Nothomb est complètement barrée, ça on le savait depuis longtemps. Et c’est pour ça qu’on l’aime. C’est pour ça que mon moi de 16 ans a complètement adoré ses premiers romans.
Par contre mon moi de 32 ans a un peu plus de mal à tout saisir. Je pense que j’ai plus accroché avec ses romans autobiographiques (Métaphysique Des Tubes, Sabotage Amoureux, Stupeur et Tremblements) qu’avec ses romans de fiction en général. D’ailleurs, ado, ce sont ses romans autobiographiques que j’ai lus…
Bref, Le Fait Du Prince: lorsque j’ai fini le bouquin, lu en moins de deux heures, je me suis dis que j’avais loupé un truc et que je n’avais rien compris. L’histoire est telle que décrite au dessus, et se finit avec « le fait du prince ».
Comme je ne connaissais pas l’expression, j’ai vérifié, mais ça ne m’a pas plus éclairée que ça (je me suis dit qu’Amélie Nothomb avait du se lancer un défi à la con, du style écrire un roman à partir d’une expression): Le fait du Prince, qui dans le langage courant désigne un acte arbitraire du gouvernement, désigne en droit administratif français, une mesure prise par l’administration qui a un impact sur un contrat auquel elle est partie. Lathéorie du fait du Prince prévoit que le cocontractant de l’administration a alors droit à une indemnisation intégrale des frais causés par cette mesure, si cette mesure a perturbé la réalisation des travaux prévus par le contrat. (Wikipedia). Ca ne m’avance pas plus.
Donc s’il y a une « morale » quelconque, je suis passée à côté.
Par contre, il y a beaucoup de choses que j’ai apprécié dans ce court roman: comme d’habitude, Amélie Nothomb nous emmène dans un univers loufoque et décalé, et je me demandais bien où cela allait nous emmener (apparemment ça a raté avec moi, je n’ai pas compris où l’on allait ni où l’on atterrissait).
Son style d’écriture est simplement succulent. On ne peut pas résister. Elle joue avec les mots, les situations, nous emberlificotte magistralement…
Et une critique de la société assez acerbe: j’ai adoré sa description de la villa, qui est plus un accessoire m’as-tu-vu, avec ses baies vitrées et son petit nom « mon rêve », très bourgeois arriviste et sans goût.
Sigrid, la femme sans nom, est la potiche par excellence: belle, magnifique même, elle est désoeuvrée et se force à sortir, à aller au musée ou à claquer l’argent de son mec en fringues de luxe, pour ne pas sombrer dans le champagne.
Le champagne, parlons-en: c’est l’invité d’honneur de ce roman loufoque et sans queue ni tête. Il figure d’ailleurs dans le résumé de la quatrième de couverture: Il y a un instant , entre la 15ème et la 16eme gorgée de champagne où tout homme est un aristocrate.
La cave à Champagne est tout simplement dingue: une piscine glacée dans laquelle les bouteilles flottent. Un tableau reprenant les noms des différents crus permet d’illuminer les bouteilles concernées, un peu comme les cartes interactives des musées. Fancy!
J’ai eu l’impression qu’il y avait beaucoup de choses à creuser, et que je suis passée à côté car j’ai lu le roman trop vite. Je ne comprends toujours pas le titre (éclairez ma lanterne si vous pouvez!), je me sens un peu bête du coup.
C’est un genre de conte moderne, mais une fois encore, la morale ou le but m’échappent.
L’illustration: je dois dire que je n’y comprends rien du tout. Cela m’évoque le conte du roi Grenouille – est-ce que Bertrand, métamorphosé en Olaf, est une grenouille métamorphosée en prince?
Ou est-ce que Madame Nothomb est belge jusqu’au bout des doigts, et flirte avec le surréalisme, nous emmenant au delà de ce qui parait, au delà des mots et des apparences?
Et cette pose de madone sanglante éplorée, je pige pas non plus. Un petit air de Helena Bonham Carter dans Sweeny Todd, si vous voulez mon avis – son côté provocateur qui ressort? Bref, je nage complètement.
Peut-être que c’était ça, son but. Qui sait?
L’auteure: Amélie Nothomb est née Fabienne Claire Nothomb, (mais où… Japon ou Belgique?) en 1966 ou 1967. Les informations que l’on a sont contradictoires… ce qui nous donne un aperçu de l’auteure!
Elle a passé son enfance au Japon et en Chine avant de revenir en Belgique, la terre de ses ancêtres, pour y étudier la philologie romane.
Après une tentative infructueuse de carrière au Japon, pays cher à son coeur, elle envoie ses manuscrits aux maisons d’édition. La suite, on la connait!
Voici quelques liens sur cette truculente auteure, pour approfondir son univers:
http://www.lexpress.fr/culture/livre/les-silences-d-amelie_811533.html
http://www.linternaute.com/sortir/auteurs/nothomb.shtml
https://fr.wikipedia.org/wiki/Am%C3%A9lie_Nothomb
Et son site web: http://www.amelie-nothomb.com/