Trembler te va si bien
Par Risa WATAYA
Genre : Contemporain
Pour un public adulte
Chez les Éditions Philippe Picquier
16€ – 144 pages
Résumé : Yoshika a la tête dans les étoiles et deux amoureux. C’est une jeune ingénue qui cherche sa place dans l’univers et se demande parfois si elle n’est pas elle-même une espèce en voie d’extinction. Elle raconte avec une telle drôlerie ses incertitudes amoureuses que ça crépite à chaque ligne comme une étoile lointaine, ou comme un tube au néon sur le point d’imploser. Un roman faussement léger, férocement lucide et d’un humour réjouissant.
Au collège et au lycée, j’avais leur des filles à forte personnalité. Elles repéraient tout de suite cette fille que rien ne distinguait er qui poussait en secret dans un coin de la classe. Si k essayais de montrer les dents, d’instinct elle voyaient que c’était de la frime, et pour me dominer encore plus, elles me traitaient comme une fille trop drôle.
Le titre, il est beau. Trembler te va si bien. Le visage également, il est beau. Cette femme aux yeux tristes, mais déterminée, qui ne sourit pas. Cette couverture est a l’image du roman, parlant d’une femme triste qui ne sourit pas. Mais elle est déterminée, un peu. Peut-être ?
Risa Wataya, elle écrit beau. Je n’avais jamais lu de romans japonais avant, et ce premier ci me confirme cette idée peut-être toute faite, peut-être (sûrement) idiote où les œuvres sont toutes en douce poésie, en âmes meurties qui, comme dirait Diogène le Cynique, s’abstiennent et supportent le fardeau de la vie. J’ai vu que cette jeune auteur c’est faire récompensée pour son écriture, pour son roman précédent. Je comprends. Le prix Akutagawa, s’il vous plaît ! Il est considéré comme le Goncourt japonais. Oh oui, je comprends. Parce que Risa Wataya écrit beau. Ses phrases coulent comme au printemps, doux et tendres, et derrière, il se cache toujours quelques sous-titres mélancoliques, tristes et même dépressifs. J’ai eu pourtant un peu plus de difficultés avec la narration. C’est le point de vue de Yoshika, la femme triste (mais déterminée) qui ne sourit pas de la couverture. C’est un long monologue dans son crâne, prenant mentalement à partir les personnes évoquées, les tutoyant sans vergogne. Comme toute personne qui pense, Yoshika passe du coq à l’âne lorsqu’elle pense. Les situations s’emmêlent, parfois même. Mais rien de très dérangeant, parce que Risa Wataya écrit beau.
Elle écrit si beau que l’action décrite n’a pas forcément d’importance. Yoshika est là, grande femme triste qui ne sourit pas, déternimée à ne rien montrer, a ne rien regarder, à ne rien voir. Yoshika aime une garçon qui ne se souvient même pas comment elle s’appelle et est aimée par un autre avec une bouche comparée à une ventouse. Elle en aime un, elle l’idéalise, et elle est dégoûtée par l’autre sui lui propose une vie dans les clous, l’une de ces vies acceptables par la société japonaise, rendant la condition de la femme en une jolie blague de bout de comptoir. On en parle, justement, dans Trembler te va si bien, de ces conditions féminines difficiles. Au Japon plus que dans nos pays européens, la femme doit être dans sa cuisine à élever les enfants et à préparer un joli bentō à son mari pour le lendemain. Là bas, une femme qui travaille est seulement une femme pas encore mariée, même si c’est bon, la société ancestrale commence enfin à changer. Yoshika n’a rien à faire dans ce monde de requins fonctionnant qu’au travail. Elle rêve. Yoshika, elle rêve de son Ichi tandis que Ni la courtise avec la maladresse gênante de l’homme qui pense avoir déjà tout gagner.
Ce roman est merveilleux, parce qi’il est doux et tendre, subtile et poétique. Risa Wataya m’a comblée avec ce roman, elle m’a fait trembler, elle m’a fait aimer Yoshika. Il est tout court, mais tellement bien mener qu’il en devient merveilleux !