L'Emprise du passé, de Charlotte Link

L'emprise du passé

En apprenant la mort de son père, policier à la retraite, retrouvé assassiné chez lui, sa fille Kate débarque avec ses gros sabots d'agent de Scotland Yard, pensant faire avancer l'enquête confiée à Caleb Hale, qui tente d'effacer son passé d'alcoolique notoire. Ce meurtre va néanmoins soulever d'autres secrets enfouis relatifs à la vie intime de son père, qui aurait entretenu une liaison amoureuse avec Melissa Cooper, alors que son épouse se battait contre un cancer. 

Le mythe du père adulé s'effondre. Kate écluse son chagrin à grosses lampées de whisky, sous le nez de Caleb, en plein sevrage, et se pend à son cou pour le débaucher, alors que le type ne rêve que de se tailler en douce... Réveil matinal douloureux et humiliant. L'enquête, cependant, poursuit sa route, entre les vieux dossiers traités par l'inspecteur Richard Linville, son histoire avec sa maîtresse et les autres fantômes dans le placard.

En marge de cette histoire, l'auteur nous présente le couple Crane et leur fils adoptif Sammy, sa mère Terry et son nouveau petit copain Neil. En vacances dans les landes, un coin paumé dans le Yorkshire, où Stella et Jonas pensaient s'y ressourcer en toute quiétude, ils ont la désagréable surprise de croiser Terry et ses éternels atermoiements sentimentaux.

Sans surprise, tous les ingrédients sont réunis pour annoncer le huis clos grinçant, venu exprès détourner notre attention et alimenter de folles spéculations. C'est que l'ambiance générale dans ce roman est lourde et pesante, entre secrets de famille, vendetta personnelle et drame du passé comme élément déclencheur de l'enchaînement de violence. Une intrigue assez formelle, construite avec des cubes de Lego pour ménager le suspense et donner l'illusion d'une tension psychologique édifiante. Pas mal ! 

Traduit de l'allemand (Die Betrogene) par Marion Roman pour les éditions Presses de la Cité, mars 2016