[Chronique] Tu vivras toujours - Arnaud Genon

Par Kerry Legres @KerryLegres

J'ai depuis longtemps ce livre en moi. Il relate la disparition de ma mère, alors que j'étais encore un enfant. C'est un court roman, plus précisément une autofiction, c'est-à-dire une autobiographie consciente de son impossibilité : je ne suis jamais que la fiction de mes souvenirs, de ma mémoire. C'est un livre sur l'enfance et l'innocence, sur l'aveuglement et la perte. Sur l'écriture, aussi. Un livre du " je " que j'aimerais croire universel : un enfant, sa maman, la mort.

Autofiction ou roman-thérapie

Je vous retrouve pour une chronique qui sera un peu différente de d'habitude, puisqu'une nouvelle fois, je vais vous parler d'une autobiographie ou plutôt d' une autofiction comme l'appelle si bien l'auteur. De plus, c'est un ouvrage d'à peine 80 pages donc il ne servirait à rien que je m'étale à n'en plus finir donc mon avis sera assez bref.

Ce qu'Arnaud Genon nomme autofiction est donc un récit autobiographique basé à partir de souvenirs, souvenirs qui peuvent être altérés par le temps, le recul, et la maturité notamment. Dans ce récit, l'auteur va nous dévoiler le drame de sa vie d'enfant : la perte de sa mère. Il va revenir sur la période difficile de la maladie (cancer) de sa mère vue de ses yeux d'enfant, mais analysée par ses yeux d'adulte.

Je ne compte pas vous donner un avis sur l'histoire en elle-même, comme vous vous en doutez, que peut-on en dire d'ailleurs ? Que c'est un terrible drame qui s'est joué pour cet enfant ? Pour cette famille ? Oui, évidemment.

Mais je vais vous parler de sa plume que j'ai trouvé très agréable à lire et apaisante malgré le sujet qu'il traite, en soi une plume pleine de sensibilité. Ce n'est pas un livre dont on ressort larmoyant, mais plutôt ému par ce souvenir d'enfance. Ce recul, dont l'auteur fait preuve, donne un aspect plus nostalgique qu'affligé à ce récit, contrairement aux autres ouvrages que j'ai pu lire. Pourtant, l'émotion y est palpable, mais elle est douce, pas en souffrance.

C'est un texte universel : la peur, la maladie, la mère, l'amour. Quand la mort s'attaque à la mère, l'enfant adulte redevient enfant. Juste enfant. C'est inévitable.

Par ailleurs, l'auteur aborde beaucoup plus la période de la maladie que celle de la mort ailleurs, il souhaitant sans doute pointer du doigt le déni dont a été victime l'enfant qu'il était. Pour moi, ce livre est un hymne à l'amour. Il n'y a pas de plus bel amour que celui qu'un enfant porte à sa mère.

Un livre qui ne tombe jamais dans le pathos, mais très émouvant que je vous invite à découvrir.