Quatre filles et un jean, Tomes 2-3-4, de Ann Brashares, parus chez Gallimard jeunesse entre 2003 et 2007
Après le plaisir que j’ai eu à relire le tome 1 (à zieuter par ici), je n’allais pas me priver de lire les tomes suivants. Mais il faut bien avouer qu’ils sont un peu tous sur le même plan et donc j’ai décidé de les réunir dans un seul article. Enfin, ceux qui concernent la vie adolescente de nos quatre filles, car un cinquième tome est sorti quelques années plus tard où on les retrouve jeunes femmes et là ça fera l’objet d’un article à part.
On commence par un résumé succinct par tome et on enchaîne sur un avis général. Je considère que le premier tome a été lu par ceux qui voudraient lire cet article donc, attention au possible mini spoil.
Le deuxième été
Ancienne édition
Les quatre amies ont fini leur année de première et vont bientôt fêter leurs 17 ans. C’est Lena qui prend la parole pour le prologue et l’épilogue.
Carmen reste à Bethesda et s’est trouvée un petit boulot de baby-sitter. Après avoir subi une crise avec son père l’année dernière parce qu’il se remariait, c’est avec sa mère que Carmen va connaître la même chose. Christina va vivre une histoire d’amour comme une ado et sa fille ne va pas le supporter. Plutôt que d’avoir tiré des enseignements de ses erreurs de l’année précédente, Carmen ne va en faire qu’à sa tête et rendra sa mère malheureuse.
Tibby part faire un stage de cinéma en Virginie. L’ombre de la mort de Bailey lui pèse encore. Mais cela l’aidera aussi à faire les bons choix, quand elle repensera à son amie de 12 ans, et à ce qu’elle pensait des gens. Tibby ne prendra pas toujours le bon chemin mais se rattrapera comme elle peut. Elle se rapproche aussi de plus en plus de Brian, rencontré l’année précédente grâce à Bailey.
Nouvelle édition
Bridget ne se l’avoue pas vraiment, pourtant sa rupture avec Eric l’a bouleversée tout au long de l’année et elle a encore du mal à s’en remettre. Elle a pris quelques kilos (rentrera-t-elle encore dans le jean ?), s’est teint les cheveux en noir et a arrêté le foot. Elle comptait rester à Bethesda cet été, mais elle trouve des lettres que sa grand-mère tente de lui faire parvenir depuis 5 ans, que son père lui cache. Furieuse, elle quitte sur le champ la maison et part à la rencontre de sa grand-mère. Un lien qui lui permettra de se reconstruire.
Enfin, Lena, qui reste à Bethesda mais travail dans un magasin de vêtements qu’elle déteste. Elle a fini par rompre avec Kostos en mars, car la distance lui faisait mal. Mais l’absence de réponse à ses lettres envoyées en Grèce, et l’absence de Kostos tout court, lui font finalement plus de mal. Elle ne sait plus où son cœur en est et ce qu’elle doit faire. Deux évènements vont bouleverser son été : une révélation de la part de sa mère sur son passé amoureux et une tragédie familiale.
Le troisième été
Ancienne édition
L’année de terminale est close. C’est le dernier été que les quatre amies passeront quelque peu à Bethesda. Après avoir fêté leurs 18 ans, chacune ira dans une fac différente et cela leur fait peur. Peur d’être séparées les unes des autres trop longtemps, mais aussi de partir du nid. Cette peur va influencer leurs décisions cet été. C’est Tibby qui dirige le prologue et l’épilogue.
Bridget est la seule à partir pour les vacances. Elle est monitrice sportive dans un camp de foot. Mais elle va devoir s’y battre avec ses vieux démons : Eric est présent lui aussi…
Carmen a peur de partir à la fac l’an prochain car sa mère va lui manquer, malgré leurs mésententes fréquentes. Mais elle est aussi rassurée quand elle se dit qu’après tout elle manquera à sa mère également. Jusqu’à ce qu’elle apprenne qu’à presque 40 ans, elle est à nouveau enceinte… Carmen aussi va devoir se battre contre ses vieux démons, cette colère qui revient sans cesse et gâche parfois la vie des autres. Mais elle va également faire une belle rencontre, qui lui montrera que Carmen est aussi une jeune fille douce et aimante.
Nouvelle édition
Tibby va se torturer tout l’été. Sa petite sœur Katherine a frôlé la mort et elle se sent responsable car c’est de sa fenêtre qu’elle est tombée. Entre ça et son stress de partir à la fac, elle ne se laisse pas le temps d’être heureuse. Brian tente de se rapprocher d’elle, mais Tibby ne l’entend pas de cette oreille.
Enfin, Léna, qui s’interroge sur son avenir. En plus de son travail dans un restaurant, elle prend des cours de dessin cet été pour être au top à la rentrée, dans son école d’art. Mais son père, très traditionaliste, met des bâtons dans les roues de certains de ses projets. En plus de ça, sa grand-mère vit depuis peu de temps à la maison et y met une ambiance exécrable.
Le dernier été
Ancienne édition
Les quatre amies ont passé leur première année de fac séparées l’une de l’autre et vont sur leurs 19 ans. Pour une fois, le jean a fait partie de leur vie tout au long de l’année, elles se le sont passées à tour de rôle. Quand l’été arrive, elles continuent un peu comme si de rien n’était. Mais elles sont tristes de ne pouvoir être réunies au bout d’un an sans se voir. Pour ce dernier volet, c’est évidemment la seule fille qui n’a pas encore pris la parole qui dirige le début et la fin du livre : Bridget.
Carmen, qui a passé un an à la fac de Williams, participe à un festival de théâtre cet été. L’éloignement avec ses amies lui pèse et elle est devenue plus introvertie. Elle n’ose donc pas se présenter en tant qu’actrice amatrice pour le festival et ne souhaite que s’occuper des décors. Mais les recruteurs ne l’entendent pas ainsi. Elle passe les auditions et obtient un très beau rôle. Malheureusement, sa nouvelle amie, Julia, n’apprécie pas que Carmen ne vive plus dans son ombre. Carmen va donc se battre pour faire valoir son don pour le théâtre, mais aussi pour réfléchir sur ce qu’est une vraie amitié.
Nouvelle édition
Bridget, vient de passer un an dans une très bonne fac grâce à la bourse qu’elle a eue pour ses exploits sportifs. Mais elle est loin de son petit ami et ils se voient peu. Du coup, quand elle apprend qu’il part au Mexique pour tout l’été, pour se venger elle décide de partir dans son coin aussi : en Turquie, sur un chantier de fouilles archéologiques. Mais, fidèle à elle-même, elle tombe sous le charme d’un nouveau garçon : 30 ans, marié, 2 enfants… Les ennuis s’annoncent.
Pour l’été, Lena reste sur le campus de son école d’art et y suit un atelier de dessin de nus. Elle y rencontre un nouvel élève très doué, Léo, qui serait bien capable de lui faire enfin oublier Kostos.
Enfin, Tibby, qui reste également sur le campus de sa fac de cinéma à New-York pour suivre un séminaire d’écriture de scénario. Elle file le parfait amour avec Brian, jusqu’à ce qu’un « incident » se produise.
Malgré certains évènements que je viens de décrire, ne vous en faite pas pour ceux qui ne seraient pas plus loin que le tome 1, ce ne sont pas de vrais spoils que je viens de faire, ils vous restent beaucoup de choses à découvrir.
Ces trois tomes, je les ai dévorés, tout comme le premier. Et j’ai pris énormément de plaisir à me souvenir au fur et à mesure de ce qui se passait ou me laisser surprendre par des détails que j’avais oubliés. Je dois avouer que finalement il y avait un peu plus de clichés et de côtés « fleur bleue » que ce dont je me souvenais, mais cela ne m’a absolument pas gênée dans ma lecture. Le tout est tellement bien écrit, que cela passe comme une lettre à la poste. On n’a pas de scènes larmoyantes, coulantes, pleines de bons sentiments que l’on sait faux ou impossibles. Le tout est très bien mené. Pour me faire aimer des scènes d’amour, je peux vous dire qu’il faut le faire. Mais là, même si j’y reconnais un fond un peu trop exagéré sur certaines scènes, je me suis laissée transporter.
Ce qui est intéressant dans ce cycle c’est ça justement. Que l’on s’identifie ou pas aux jeunes filles, il y a matière à se laisser complètement transporter par leurs vies. Dès le début on peut deviner qu’il va se tramer quelque chose entre tel et tel personnage. Mais on attend qu’une chose, c’est de voir comment cela va tourner. Et même si on n’est pas attaché à tous les personnages de la même façon, ce n’est pas grave. Les quatre filles ont un lien tellement fort entre elles, que l’on aime vivre tout de même toutes les aventures de chacune.
On se rend compte, rien qu’avec les résumés, que le jean n’est vraiment qu’un prétexte à tout cela. Il n’apparaît jamais dans les résumés en réalité. Et pourtant c’est aussi le ciment de toutes leurs aventures. Mais un ciment très discret. Et autant il aura été un prétexte à leurs aventures tout au long des livres, autant il sera un vrai lien qui les réunira une dernière fois à la fin du dernier tome. Tout au long des quatre tomes on se dit qu’il n’est qu’un fil ténu, non nécessaire, puis on se rend compte à la toute fin qu’il avait une vraie valeur et a permis à nos quatre amies de se retrouver (à quatre, comme chacune avec elle-même).
Ce que j’ai également aimé dans ce cycle, en plus du suivi des histoires de vie des quatre filles, c’est la constance dans leur caractère. Ça m’est déjà arrivé dans un livre en plusieurs tomes de ne pas comprendre la décision de tel personnage parce que ça n’avait pas l’air d’être dans son caractère. Ici, c’est impressionnant le suivi régulier qu’a réussi à établir Ann Brashares sur ses personnages. On peut parfois prédire quelles vont être les réactions de chacune tellement on les connaît bien. Et chaque réaction correspond effectivement au caractère qui lui est imputé dans le livre. On pourrait ne jamais citer les noms des personnages et pourtant reconnaître qui a réagi comme ça, par exemple. Même si on n’est pas d’accord avec la réaction de l’une d’entre elle, on n’est donc pas fâché ou déboussolé, puisque cela correspond à son caractère, son entièreté.
C’est ça la force de ce cycle, l’unité dans le tout qu’il forme, l’unité dans ses personnages, l’unité dans l’amitié que chacune porte à l’autre et dans leur amitié.
Le dernier tome est particulièrement prenant car pour une fois les quatre filles ne se sont pas vues de l’année. Au delà de la difficulté de ne pas se voir de l’été, il y a donc aussi une tension qui persiste car elles n’ont eu quasiment aucun rapport en face à face de l’année scolaire. Chacune a évolué différemment. Pour le coup, il y a quelques changements de caractère, mais tout à fait logique et qui entrent dans l’ordre des choses.
Dans les trois premiers tomes, l’amitié entre les filles est un fil conducteur, mais qui reste en arrière plan. Ce sont les aventures que chacune va vivre de son côté qui sont intéressantes et prenantes. Mais dans le dernier, même si la vie de chacune a son importance, on est aussi en suspend quant au tournant que va prendre leur amitié.
Et quand on arrive à la fin, on se dit que ça ne pouvait pas se terminer autrement.
Honnêtement, j’ai beaucoup de mal à trouver un défaut à ce cycle. Il n’est pas commun à tous les livres « girly » qu’on trouve actuellement sur le marché. Il n’est pas complètement gnangnan et c’est ce qui permet de dire qu’il plaira à un très large lectorat.
J’ai eu peur d’avoir un hic à un moment, mais cela est finalement passé. Au fil des quatre tomes, trois des filles auront des relations sexuelles. Cependant, pour deux d’entre elles, qui sont les premières à avoir cette expérience, cela ne se passe pas vraiment dans de bonnes conditions on va dire. Elles en ressortent malheureuses ou il y a eu un problème. J’avais donc un peu peur que la première expérience sexuelle soit un peu mal décrite dans ce cycle et fasse peur aux jeunes filles qui pourraient le lire. Un peu comme si on voulait diaboliser cet acte. Bon, en même temps Ann Brashares n’en est pas non plus à dire qu’on doit rester vierge jusqu’au mariage par exemple, ou que cela ne sert que pour la reproduction. Et puis c’est sûr qu’elle n’allait pas non plus banaliser cet acte. Mais j’ai de toute façon été soulagée quand ce fut à la troisième fille de vivre sa première expérience sexuelle. Cette fois cela se passe beaucoup mieux que pour ses deux amies et elle n’en ressort pas détruite. Ouf, on a évité le cliché de l’amour qui est mal.
Dernière petite anecdote que je voulais partager avec vous : j’ai bien ri, dans le tome 3, quand il a été question que Carmen téléphone à Tibby mais qu’en plein milieu d’une conversation cela coupe car quelqu’un d’autre dans la maison utilisait la ligne Internet… Ah oui c’était comme ça avant… Si une ado de 15 ans d’aujourd’hui lit ce livre, elle ne comprendra peut-être même pas cette scène !
Bref, Quatre filles et un jean est un cycle qui a quelques années désormais, mais qui tient toujours la route et qui restera un grand classique dans mon cœur pour longtemps.
Le récap’ :
Points positifs :
- Un cycle très prenant du début à la fin, pas d’essoufflement.
- Un attachement à tous les personnages qui reste constant.
- Une fin dont on n’est pas déçu, ce qui peut être rare dans un cycle de ce genre.
Point négatif :
- Quelques clichés qui persistent par-ci par-là, mais qui paraissent en même temps inévitables.
Bonne lecture estivale les loulous !