"Il est la clé, Lothar, la clé vers la seule chose qui compte : l'immortalité. L'élixir que tu cherches est un homme".

ATTENTION, CE BILLET CONCERNE LE SIXIEME TOME D'UN CYCLE.DES BILLETS PRESENTS SUR CE BLOG CONCERNENT LES DEUX PREMIERS VOLETS.
Le billet consacré au tome 1.
Le billet consacré au tome 2.
Le billet consacré au tome 3.
Le billet consacré au tome 4.
Le billet consacré au tome 5.
Mais qui est donc cet homme, bon sang de bois ? Dans la série on avance dans les cycles, voici un billet qui n'en conclut pas un, comme c'était le cas pour les trois précédents, mais on n'en a jamais été aussi proche, puisque ce Livre Six du "Sang des 7 Rois" (aux éditions de l'Atalante) est l'avant-dernier volume de la saga-fleuve de Régis Goddyn. L'action et la narration, qui avaient éclaté au coeur du cycle, est en train de se recomposer tranquillement pour nous donner un paysage totalement différent de ce qu'on pouvait attendre à l'origine. Les questions commencent à trouver des réponses, mais pas toutes encore, loin de là, et le destin des personnages commence à vraiment se profiler. Encore des surprises, encore des interrogations, moins de baston, mais un univers qui vit, qui pulse, encore et toujours en pleine expansion...
Orville a rejoint Rosa et Delwynn, formant une étrange famille recomposée. Trois mages ainsi rassemblée et la puissance du jeune enfant enfin contenue pour l'empêcher de tout détruire autour de lui. Trois destins liés, faute d'autres perspectives, faute de véritablement comprendre pourquoi le hasard les a choisi pour leur confier ces pouvoirs...
Si l'enfant n'est plus apte à user de sa curiosité destructrice, le voilà qui manifeste de plus en plus un étrange comportement : il se met à parler avec la voix d'un vieux loup de mer, un pirate que Orville connaît bien, pour avoir mis un terme définitif à sa redoutable carrière, Lulius Never. Par quel sortilège cela se produit-il ? Ils n'en ont aucune idée...
Mais, les deux adultes ont fait le choix de ne plus se quitter. Rosa, qui avait choisi de se mettre à l'écart, à la fois parce qu'elle vit mal son statut de mage, mais aussi pour s'occuper de Delwynn sans qu'il nuise à qui que ce soit, n'ayant pas vraiment d'autre possibilité. Et surtout, parce que les discussions avec Orville permettent à chacun d'eux d'enrichir leurs connaissances sur leurs dons.
Direction Gradlyn, où Orville tient à se rendre, mais le chemin, comme depuis le début, sera loin d'être facile, la violence semblant sévir partout dans les 7 Royaumes... En chemin, ils retrouveront la trace d'une autre mage, Sébélia, disparue depuis longtemps. Une découverte qui, comme le voyage vers la ville, pourrait leur apporter de nouvelles réponses décisives.
Dans le même temps, Odalryk, le vieux mage auprès duquel Orville s'est formé, ou du moins, a appris à maîtriser la clairvoyance et d'autres de ses pouvoirs, a quitté son antre, perdue au milieu de nulle part. Comme s'il devait sortir de cette réserve pour aller se frotter à la réalité et aux événements de plus en plus bizarres qui se produisent dans les 7 Royaumes.
Il est allé rejoindre un certain Gavryël et les deux hommes semblent en savoir long sur ces étranges phénomènes qui se multiplient sur l'atoll, sur son sol, mais aussi dans son ciel... Les voilà lancés dans un périple dont le but final reste encore bien flou. Tout comme le rôle qu'ils entendent y jouer... Attendons le dernier tome, cela devrait s'éclaircir...
Quant à Sylvan, il accompagne toujours Edda, l'héritière du Sixième Royaume, avec à ses côtés, Aymery et Lise, les deux enfants dont la disparition fut le point de départ du cycle... Leur parcours n'a rien d'évident, ils sont ceux qui seront au feu dans cet avant-dernier volume et vont devoir combattre. Et l'adversaire, le terrain et les forteresses rencontrées ne vont en rien faciliter leur tâche.
Enfin, il y a toujours le mystérieux Jahrod qui poursuit inlassablement ses recherches. Des recherches qui n'ont pas grand-chose à voir avec ce que je viens de vous raconter, en tout cas dans la forme. Dans le fond, on sent bien qu'il en sait énormément lui aussi, mais ce qui se passe dans les 7 Royaumes ne l'intrigue pas comme les autres personnages.
Il est en quête de tout autre chose, à l'aide de technologies beaucoup plus modernes et impressionnantes que celles en vigueur dans les différents royaumes. Avec lui, on n'est plus du tout dans un univers médiéval. Mais, reste à savoir quelle place il occupe exactement dans tout cela. Et à lui de maîtriser une situation qui pourrait rapidement lui échapper...
Comme elle échappe de plus en plus à Lothar. Les ambitions du monarque auto-proclamé peinent à devenir réalité et lui comprend difficilement ce qui se passe, alors qu'il croyait avoir tout mis en oeuvre pour asseoir la domination des Résurgents... A ses côtés, Rufus est un habile conseiller mais la patience n'est pas la qualité première de Lothar...
Encore une fois, j'esquisse les principaux fils narratifs de ce tome, sans trop en dévoiler. Il est pourtant évident que Orville, en retrait dans les derniers tomes, retrouvent ici la place centrale qu'il ne devrait plus quitter, dit le lecteur, en s'avançant peut-être un peu sur ce qui se passera dans le final de ce cycle...
Oui, Orville reprend les rênes, en tout cas de la partie fantasy du cycle. Car l'autre partie, apparue au fil des tomes, d'abord de manière fugace (je me souviens d'avoir évoqué ces deux pages initiales, même pas 60 lignes !), continue à s'étendre, comme une tache d'huile. Et cette partie, elle est, n'ayons pas peur des mots, science-fictive...
Si vous lisez ce billet, soit vous êtes un vilain curieux, malgré les avertissements, soit vous êtes grosso modo au même niveau d'avancement dans le cycle. Alors, sans en dire trop sur une partie SF, dont je ne maîtrise de toute manière toujours pas les tenants et les aboutissants, pas encore, il faut évoquer cette confrontation qui s'est imposée entre deux genres qu'on oppose volontiers, sans doute à tort.
La première moitié du "Sang des 7 Rois" était sans conteste placée sous le signe d'une fantasy ultra-classique. Et puis, sont apparus des éléments science-fictifs qui, au fil des pages, des chapitres, des livres, prennent une dimension de plus en plus forte : et si la partie fantasy n'était qu'une conséquence de la partie science-fictive ?
La réponse précise et donc la confirmation de ce sentiment, là encore, devraient être au coeur de l'ultime tome (que je n'ai pas encore lu). Mais la bataille fait rage entre la fantasy et la science-fiction. Entre la magie et la technologie... Ce thème affleure simplement dans le tome 6, juste quelques mots, prononcés au détour d'une conversation et qui m'ont cependant frappé.
Car, dans cet univers imaginaire comme dans notre monde, la magie, comme le fantastique ou le surnaturel, appelez ça comme vous voulez, n'est-elle pas l'expression de ce qu'on ne comprend pas, de ce qu'on n'est pas capable d'expliquer ? Or, les questions que se pose Orville, en particulier, sur son statut de mage, ont manifestement des réponses, et des réponses qui dépassent certainement le cadre de la fantasy.
N'en disons pas plus, je pourrais trop en dévoiler, même si, pour être franc, je ne suis pas sûr de tout bien comprendre, encore. Mais ça va venir, je reste confiant. Et si, à l'issue du septième tome, je n'entrave toujours que dalle, j'irai à la source, poser les questions à Régis Goddyn en personne, ça sera plus simple !
Plus sérieusement, la richesse de ce cycle ne se dément pas. Cet avant-dernier volume est encore composé d'un faisceau de trames narratives, dont certaines apparaissent encore quand d'autres se prolongent, se recoupent, se rassemblent. Certains personnages apparaissent très brièvement, je pense à Braseline ou à Rouault, par exemple.
D'autres poursuivent leurs quêtes, accomplissent leur destin ou, au contraire, connaissent de sévères revers de fortune. Mais chacun est à sa place et l'on sent bien que Régis Goddyn sait parfaitement où il va. Ce qui m'impressionnait au départ continue à m'épater, parce qu'on se croirait en train de lire un seul et unique livre.
Et, malgré cette ligne directrice qui ne varie pas, malgré cette sensation que tout a été prévu dès le départ, on se dit aussi que Régis Goddyn n'hésite pas à glisser dans le cours de son histoire quelques éléments forts qui font écho avec une actualité bien moins imaginaire. La question du sang et les politiques menées par Lothar dans les 7 Royaumes en étaient un exemple.
Ici, mais je suis peut-être abusé par ma propre imagination, c'est la question des réfugiés qui est posée. L'archipel du Goulet devient une espèce de Lampedusa au large des côtes de ces 7 Royaumes et doit revoir toute son organisation en vue d'accueillir cet afflux de population imprévu... Cette île du Goulet, décidément, aura bien mérité d'être élevée au rang de 8e Royaume tant il s'y passe de choses, après des siècles de sommeil !
Un dernier mot, parce que je ne suis pas toujours très vif, comme garçon... Cette conclusion concerne les magnifiques couvertures que signe Yann Tisseron. Je sais, je ne parle pas assez des illustrateurs, ni des traducteurs, promis, je vais essayer de faire des efforts ! Mais, ici, comment ne pas saluer ce travail à l'unisson du cycle ?
Si vous n'avez pas en main ces 7 livres, sachez une première chose : leurs tranches forment un dessin complet, qui apparaît quand on range les livres debout, dans l'ordre, dans sa bibliothèque. Mais, ce n'est pas là que je voulais venir. Non, le nigaud que je suis viens de réaliser un truc en refermant cet avant-dernier volet...
Sur la couverture de chaque tome, toutes sublimes, on a un mage... Eh oui... Ils sont sept, comme les tomes qui composent le cycle, et chacun a donc sa couverture. Voilà, voilà... Ah, vous l'aviez remarqué depuis longtemps... Hum... Bon, allez, je vais me cacher, en attendant de me lancer, ce sera certainement avant la fin de cette année, si le temps le permet, dans la lecture du Livre Sept...
Et enfin trouver les réponses qui me manquent encore. Ce sera bien utile, à la fois pour mon estime de soi, mise à mal par la précision et l'imagination de Régis Goddyn, mais aussi pour briller en société lorsque je pourrai, fier comme Artaban, dire aux lecteurs qui seront encore en pleine lecture d'un des tomes du "Sang des 7 Rois" : "moi, je sais !"