Éditeur : Belfond
Parution : 18/08/2016
Traduction : Sarah Tardy
Nombre de pages : 420
Genre : littérature camerounaise
L'auteure :
Née en 1982, Imbolo Mbue a quitté Limbé, la capitale du Cameroun, en 1998 pour faire ses études aux États-Unis. "Voici venir les rêveurs" est son premier roman.
Quatrième de couverture :
Aux États-Unis et au Cameroun, en 2007.Nous sommes à l’automne 2007 à New York et Jende Jonga, un immigrant illégal d’origine camerounaise, est en passe de réaliser son rêve : après avoir été plongeur et chauffeur de taxis, il vient de décrocher un emploi de chauffeur pour Clark Edwards, riche banquier à la Lehman Brothers. Pour Jende, tout est désormais possible : il va enfin pouvoir offrir à Neni, son amoureuse, les études de pharmacienne dont elle rêve. Et surtout, pour les Jonga, le Graal est en vue : obtenir leur carte verte et devenir enfin des Américains.
Mais rien n’est simple au pays de l’American Dream. Entre Jende, loyal, discret, compétent, et son patron Clark, noyé dans le travail et les difficultés de la banque se noue une vraie complicité. Les deux familles se rapprochent, mais si les Jonga sont soudés malgré l’épée de Damoclès de l’expulsion, les Edwards sont en proie à de nombreux problèmes. Pour tous, l’interminable demande d’asile des Jonga et la menace d’éclatement de la bulle des subprimes vont remettre en question leurs certitudes…
Mon avis :
"Le mieux pour avoir des papiers et rester, c’est l’asile. Ça, ou épouser une vieille Blanche édentée du Mississippi. »C’est ce que Winston avait dit à Jende qui, tout juste remis du décalage horaire, venait de passer une demi-journée à arpenter Times Square, émerveillé."Que Dieu nous préserve des malheurs, lui avait répondu Jende. Je préférerais avaler une bouteille de kérosène et mourir sur-le-champ."Jende Jonga, fraîchement débarqué à New York, grâce à l'aide de son cousin Winston, découvre "The Big Apple" avec les yeux exorbités du loup de Tex Avery. Toujours grâce à l'aide du cousin prodigue, ce dernier décroche un travail de chauffeur pour un richissime trader. Grassement rémunéré, Jende peut payer les billets d'avion qui vont permettre à sa femme et son fils, restés au pays, de le rejoindre. Vêtu de son costume de chez " Bergdorf Goodman" qui lui a "coûté un bras" et muni de sa superbe mallette en simili-cuir qui renferme son sac déjeuner et ses trésors personnels, Jende exécute le cœur joyeux son travail. Le job est plaisant, sans stress et sans fatigue, et le boss est agréable... mais nous sommes en 2007, l'année où la crise des subprimes va toucher de plein fouet les États-Unis et par extension la famille Jonga...
Sans misérabilisme et avec beaucoup d'humour, Imbolo Mbue, nous brosse les difficultés d'une famille de sans-papiers qui espère décrocher la "Green card" et "faire son trou" à New York. Entre utopies, espoirs et désillusions, l'auteure nous brosse le "parcours du combattant" de ces demandeurs d'asile à la recherche de l'Eldorado. Après le rêve... la réalité : un appartement grouillant de cafards dans le Bronx, la confrontation au racisme latent, un travail intensif de plus de douze heures par jour avec l'obligation de courber l'échine en s'humiliant en "Merci M'dame et merci Mr" si l'on veut conserver son gagne-pain... La carte verte mérite-t-elle autant de sacrifices ? Pourquoi vous allez le dévorer ?
- Pour les dialogues croustillants qui valent leur pesant d'or !
- Pour le dépaysement, le style d'écriture et les expressions camerounaises savoureuses qui émaillent le texte !
- Pour le parallèle intéressant entre la culture africaine et la culture américaine, qui ne peut que nous interpeller et nous faire réfléchir !
- Pour les personnages : Neni, Jende et Liomi sont vraiment irrésistibles, aussi émouvants qu'attachants !
- Pour le plaisir de lire un page-turner divertissant, intelligent et sans prise de tête !
Bonne rentrée littéraire à tous !
Merci aux Editions Belfond et à Marie-Delphine de Babelio