Et oui, voilà déjà un an que le blog existe!Un peu plus de 250 chroniques, des hauts et des bas, et une PAL qui semble suivre une évolution exponentielle... En bref, une bien belle aventure!
Je profite de l'occasion pour vous parler d'un sujet qui m'a préoccupée ces derniers jours, suite à l'article d'une auteur invitant les blogueurs à ne chroniquer que les livres qu'ils ont aimés.
Comme vous vous le figurez sans mal, la blogosphère a réagi au quart de tour, et certains blogueurs ont mobilisé des arguments très pertinents face à la posture de Roznarho : Lili lit, et Sybelline notamment.
Je n'ai pas vraiment envie de rentrer dans cette guerre larvée en vilipendant l'une ou l'autre, et peux entendre les positions qui s'affrontent.Cependant, j'ai bien envie de partager avec vous les raisons qui me poussent à parler y compris des livres qui ne m'ont pas plu.
De même que certains blogs revendiquent comme marque de fabrique de ne parler que des romans appréciés, ma ligne de conduite est au contraire de vous parler des livres que je lis, qu'ils me plaisent ou non.
Mon but n'est en rien de pourrir un auteur pour le plaisir (sauf peut-être Michel, mais soyons honnêtes, la probabilité est infime que Michel prenne un jour connaissance de ma hargne à l'égard desa misogynie son oeuvre, et plus encore, qu'il y accorde une once d'intérêt ou s'en offense).Le blogueur n'est pas critique littéraire, il se contente donc de donner son avis, d'exprimer son ressenti. Evidemment, cela va avec une certaine responsabilité (qui, à mon sens se décline dans l'importance d'étayer sa position, au lieu de ne livrer que deux lignes abruptes), en particulier lorsque l'on lit des auteurs qui sont peu chroniqués sur le web, car il n'y aura alors pas pléthore d'autres chroniques pour contrebalancer le jugement d'un seul.
Cependant, il ne faut pas non plus donner plus de crédit aux blogs qu'ils n'en ont réellement : l'influence est, à mon sens, toute relative, et une critique, même négative, peut donner envie de découvrir un livre. Les articles de blogs ont à mes yeux un rôle de motivation, mais pas nécessairement de découragement (contrairement à la rémunération, soit dit en passant) : une critique dithyrambique me donnera envie d'ajouter un roman à ma PAL, en revanche, une critique négative n'aura pas pour effet de rayer définitivement un roman de mes projets de lecture, en ce que je ne possède pas de blacklist de livres! Si je croise une autre critique cette fois positive, il est possible alors que le livre rejoigne ma PAL, non sans une certaine méfiance bien entendu, mais la critique négative n'aura pas joué le rôle de veto (cela est très personnel bien sûr, l'impact d'une critique négative est peut-être plus significatif pour d'autres lecteurs).
Partager ses déceptions et coups de gueule fait selon moi partie du jeu, et c'est aussi l'occasion d'affirmer son goût : un lecteur qui aime tout ce qui lit, je dois en convenir, me semble suspect, tant la variété des romans est grande. Pour ma part, je me trouve des affinités avec d'autres lecteurs tant par les livres que j'ai aimés que par ceux que je n'ai pas aimés.
D'ailleurs, si l'on va par là, un blogueur qui ne s'exprime que sur ce qu'il a aimé me fait toujours une drôle d'impression : on finit par se demander quelle authenticité il y a dans son jugement, est-ce par égard pour les maisons d'édition qui lui confient des livres? Lorsque certains livres qui me déçoivent sont plébiscités par des blogueurs avec lesquels je partage d'habitude des opinions, il m'est difficile de ne pas présumer d'une "faiblesse", et la frontière entre pub et partage est alors interrogée.
Je passe sur la dimension condescendante de Roznarho qui suggère de ne pas chroniquer les livres que l'on n'a pas "compris" : est-ce à dire que les blogueurs sont de regrettables grosses nouilles, et les auteurs de pauvres incompris ? De vous à moi, soyons sérieux : n'est pas John Kennedy Toole qui veut.
Car si les blogs littéraires fleurissent sur le net, avec leur lot d'avis positifs et négatifs, force est de constater qu'il en va de même côté auteurs : la quantité de romans édités lors des rentrées littéraires est assommante, et l'auto-édition permet par ailleurs à nombre d'auteurs en herbe de faire lire leurs écrits, et d'accéder à un certain lectorat.
Tous ces romans ont-ils pour autant un intérêt?Au risque de heurter, ma réponse est la suivante : je n'en suis pas persuadée (tout comme certains blogs, me direz-vous, mais être écrivain réclame plus d'exigence que d'être blogueur). Il m'est arrivé à quelques reprises de tomber sur des ouvrages raisonnablement bien écrits, avec une histoire qui tenait la route, pour autant, ma conviction était qu'il ne s'agissait tout au plus que d'un livre destiné à l'entourage de l'auteur.
On en arrive donc au rôle que l'on considère être celui de la littérature, et sa vocation.Si la littérature n'a d'autre but que de distraire, alors, en effet, dès lors qu'un roman distrait un lecteur, son rôle est rempli, et sa raison d'être attestée. J'ai pour ma part à cœur d'encourager la littérature qui va au-delà de la simple distraction, et suis toujours inquiète de voir un jour cette littérature-là disparaître au profit de celle, plus commerciale, qui fleurit dans les rayons des librairies, et qui, en fin de compte, raconte toujours la même histoire (qui, en plus, est une insulte à la réalité) : fille + garçon = sexe/bébés/bonheur. Fin de l'histoire avant que n'arrivent les emmerdes, et surtout les vrais sujets. Cette littérature-là, je pense, véhicule une image d’Épinal en rupture avec la société actuelle (et de tout temps, à vrai dire...), et entretient les lecteurs dans de tristes illusions : de là à dire qu'elle est nocive, il n'y a qu'un pas.
En outre, un auteur, de tout temps, a dû se confronter à des opinions négatives concernant son oeuvre, y compris certaines grosses pointures de la littérature française. Un auteur qui n'est pas prêt à entendre des retours qui ne vont pas lui faire plaisir ne peut pas blâmer le lectorat insatisfait ou déçu: ce n'est pas sa valeur intrinsèque dont il est alors question, mais simplement les réactions provoquées par sa création, qui est, somme toute, limitée, et n'englobe pas sa personnalité ou la richesse de son imagination. Un auteur doit accepter que certains lecteurs détesteront ses livres pour des tas de motifs, qui n'ont parfois qu'un lien éloigné avec son ambition initiale.
Pour cela, il est aberrant, à mon sens, de suggérer à des blogueurs de n'écrire que des louanges. Certaines critiques positives ne sont pas plus élaborées que celles, négatives, que Roznarho déplore, et, en tant que lectrice, tomber sur un livre qui me déçoit alors que j'en avais lu une critique positive (de deux lignes) est tout aussi frustrant, je pense, que lorsqu'un auteur tombe sur une critique négative (de deux lignes) de son oeuvre.
Ma maman m'a toujours dit : ma liberté s'arrête où celle d'autrui commence.Nous avons donc sur les bras une joute de blogueurs, tous revendiquant leur liberté d'expression.Cependant, à bien y regarder de plus près, leur position n'est pas semblable : un blogueur qui donne un avis négatif sur un livre ne fait rien de plus : il ne dit pas quoi faire aux lecteurs, car ces derniers, s'ils décident de lire le livre en question, ne s'opposeront pas en cela au blogueur (dire qu'un livre ne nous a pas plu ne revient pas à dire qu'il ne faut pas le lire!).En revanche, un blogueur/auteur qui dit aux autres blogueurs de n'écrire que des critiques positives leur dit clairement quoi faire, et dépasse en cela ses prérogatives en allant au-delà de ce que sa liberté lui permet, dans la mesure où un blogueur qui persisterait à écrire des avis négatifs s'opposerait à la posture de l'auteur. Quoique nous en pensions, le monde hyper-connecté qui est le nôtre est aussi celui où chacun est libre de donner son avis, ce qui est différent de revendiquer le droit de dire aux autres ce qu'ils doivent faire. C'est ennuyeux, certes, car cela implique que l'on risque en permanence de se retrouver confronté à des opinions exprimées par toutes sortes de gens, ayant toutes sortes de goûts. De la même façon, tout le monde peut s'improviser auteur et abreuver le net de sa production.
Vous pouvez donc vous laisser aigrir par ce constat, et décider de vous retrancher chez vous en vous cantonnant aux chroniques de Gérard Collard et de François Busnel (cœur cœur love), mais en toute logique, vous vous restreindrez donc aussi aux romans d'écrivains approuvés (Orsenna et Ormesson, donc).
Ou alors, vous en prenez votre parti, en y voyant l'opportunité d'exercer votre esprit critique et de goûter à un foisonnement stimulant, tant du côté des romans de nouveaux auteurs que des chroniques de blogueurs.
Quoi qu'il en soit, je souffle ma bougie, et vous fais des bisous.
Je profite de l'occasion pour vous parler d'un sujet qui m'a préoccupée ces derniers jours, suite à l'article d'une auteur invitant les blogueurs à ne chroniquer que les livres qu'ils ont aimés.
Comme vous vous le figurez sans mal, la blogosphère a réagi au quart de tour, et certains blogueurs ont mobilisé des arguments très pertinents face à la posture de Roznarho : Lili lit, et Sybelline notamment.
Je n'ai pas vraiment envie de rentrer dans cette guerre larvée en vilipendant l'une ou l'autre, et peux entendre les positions qui s'affrontent.Cependant, j'ai bien envie de partager avec vous les raisons qui me poussent à parler y compris des livres qui ne m'ont pas plu.
De même que certains blogs revendiquent comme marque de fabrique de ne parler que des romans appréciés, ma ligne de conduite est au contraire de vous parler des livres que je lis, qu'ils me plaisent ou non.
Mon but n'est en rien de pourrir un auteur pour le plaisir (sauf peut-être Michel, mais soyons honnêtes, la probabilité est infime que Michel prenne un jour connaissance de ma hargne à l'égard de
Cependant, il ne faut pas non plus donner plus de crédit aux blogs qu'ils n'en ont réellement : l'influence est, à mon sens, toute relative, et une critique, même négative, peut donner envie de découvrir un livre. Les articles de blogs ont à mes yeux un rôle de motivation, mais pas nécessairement de découragement (contrairement à la rémunération, soit dit en passant) : une critique dithyrambique me donnera envie d'ajouter un roman à ma PAL, en revanche, une critique négative n'aura pas pour effet de rayer définitivement un roman de mes projets de lecture, en ce que je ne possède pas de blacklist de livres! Si je croise une autre critique cette fois positive, il est possible alors que le livre rejoigne ma PAL, non sans une certaine méfiance bien entendu, mais la critique négative n'aura pas joué le rôle de veto (cela est très personnel bien sûr, l'impact d'une critique négative est peut-être plus significatif pour d'autres lecteurs).
Partager ses déceptions et coups de gueule fait selon moi partie du jeu, et c'est aussi l'occasion d'affirmer son goût : un lecteur qui aime tout ce qui lit, je dois en convenir, me semble suspect, tant la variété des romans est grande. Pour ma part, je me trouve des affinités avec d'autres lecteurs tant par les livres que j'ai aimés que par ceux que je n'ai pas aimés.
D'ailleurs, si l'on va par là, un blogueur qui ne s'exprime que sur ce qu'il a aimé me fait toujours une drôle d'impression : on finit par se demander quelle authenticité il y a dans son jugement, est-ce par égard pour les maisons d'édition qui lui confient des livres? Lorsque certains livres qui me déçoivent sont plébiscités par des blogueurs avec lesquels je partage d'habitude des opinions, il m'est difficile de ne pas présumer d'une "faiblesse", et la frontière entre pub et partage est alors interrogée.
Je passe sur la dimension condescendante de Roznarho qui suggère de ne pas chroniquer les livres que l'on n'a pas "compris" : est-ce à dire que les blogueurs sont de regrettables grosses nouilles, et les auteurs de pauvres incompris ? De vous à moi, soyons sérieux : n'est pas John Kennedy Toole qui veut.
Car si les blogs littéraires fleurissent sur le net, avec leur lot d'avis positifs et négatifs, force est de constater qu'il en va de même côté auteurs : la quantité de romans édités lors des rentrées littéraires est assommante, et l'auto-édition permet par ailleurs à nombre d'auteurs en herbe de faire lire leurs écrits, et d'accéder à un certain lectorat.
Tous ces romans ont-ils pour autant un intérêt?Au risque de heurter, ma réponse est la suivante : je n'en suis pas persuadée (tout comme certains blogs, me direz-vous, mais être écrivain réclame plus d'exigence que d'être blogueur). Il m'est arrivé à quelques reprises de tomber sur des ouvrages raisonnablement bien écrits, avec une histoire qui tenait la route, pour autant, ma conviction était qu'il ne s'agissait tout au plus que d'un livre destiné à l'entourage de l'auteur.
On en arrive donc au rôle que l'on considère être celui de la littérature, et sa vocation.Si la littérature n'a d'autre but que de distraire, alors, en effet, dès lors qu'un roman distrait un lecteur, son rôle est rempli, et sa raison d'être attestée. J'ai pour ma part à cœur d'encourager la littérature qui va au-delà de la simple distraction, et suis toujours inquiète de voir un jour cette littérature-là disparaître au profit de celle, plus commerciale, qui fleurit dans les rayons des librairies, et qui, en fin de compte, raconte toujours la même histoire (qui, en plus, est une insulte à la réalité) : fille + garçon = sexe/bébés/bonheur. Fin de l'histoire avant que n'arrivent les emmerdes, et surtout les vrais sujets. Cette littérature-là, je pense, véhicule une image d’Épinal en rupture avec la société actuelle (et de tout temps, à vrai dire...), et entretient les lecteurs dans de tristes illusions : de là à dire qu'elle est nocive, il n'y a qu'un pas.
En outre, un auteur, de tout temps, a dû se confronter à des opinions négatives concernant son oeuvre, y compris certaines grosses pointures de la littérature française. Un auteur qui n'est pas prêt à entendre des retours qui ne vont pas lui faire plaisir ne peut pas blâmer le lectorat insatisfait ou déçu: ce n'est pas sa valeur intrinsèque dont il est alors question, mais simplement les réactions provoquées par sa création, qui est, somme toute, limitée, et n'englobe pas sa personnalité ou la richesse de son imagination. Un auteur doit accepter que certains lecteurs détesteront ses livres pour des tas de motifs, qui n'ont parfois qu'un lien éloigné avec son ambition initiale.
Pour cela, il est aberrant, à mon sens, de suggérer à des blogueurs de n'écrire que des louanges. Certaines critiques positives ne sont pas plus élaborées que celles, négatives, que Roznarho déplore, et, en tant que lectrice, tomber sur un livre qui me déçoit alors que j'en avais lu une critique positive (de deux lignes) est tout aussi frustrant, je pense, que lorsqu'un auteur tombe sur une critique négative (de deux lignes) de son oeuvre.
Ma maman m'a toujours dit : ma liberté s'arrête où celle d'autrui commence.Nous avons donc sur les bras une joute de blogueurs, tous revendiquant leur liberté d'expression.Cependant, à bien y regarder de plus près, leur position n'est pas semblable : un blogueur qui donne un avis négatif sur un livre ne fait rien de plus : il ne dit pas quoi faire aux lecteurs, car ces derniers, s'ils décident de lire le livre en question, ne s'opposeront pas en cela au blogueur (dire qu'un livre ne nous a pas plu ne revient pas à dire qu'il ne faut pas le lire!).En revanche, un blogueur/auteur qui dit aux autres blogueurs de n'écrire que des critiques positives leur dit clairement quoi faire, et dépasse en cela ses prérogatives en allant au-delà de ce que sa liberté lui permet, dans la mesure où un blogueur qui persisterait à écrire des avis négatifs s'opposerait à la posture de l'auteur. Quoique nous en pensions, le monde hyper-connecté qui est le nôtre est aussi celui où chacun est libre de donner son avis, ce qui est différent de revendiquer le droit de dire aux autres ce qu'ils doivent faire. C'est ennuyeux, certes, car cela implique que l'on risque en permanence de se retrouver confronté à des opinions exprimées par toutes sortes de gens, ayant toutes sortes de goûts. De la même façon, tout le monde peut s'improviser auteur et abreuver le net de sa production.
Vous pouvez donc vous laisser aigrir par ce constat, et décider de vous retrancher chez vous en vous cantonnant aux chroniques de Gérard Collard et de François Busnel (cœur cœur love), mais en toute logique, vous vous restreindrez donc aussi aux romans d'écrivains approuvés (Orsenna et Ormesson, donc).
Ou alors, vous en prenez votre parti, en y voyant l'opportunité d'exercer votre esprit critique et de goûter à un foisonnement stimulant, tant du côté des romans de nouveaux auteurs que des chroniques de blogueurs.
Quoi qu'il en soit, je souffle ma bougie, et vous fais des bisous.