Harry Potter and the Cursed Child de J.K. Rowling, John Tiffany et Jack Thorne, Scholastic, 2016, 327 pages.
Cette chronique est sans spoilers, en dehors des derniers paragraphes qui sont marqués comme tels pour que chacun puisse lire ce qu’il veut😉
L’histoire
Être Harry Potter a toujours été difficile et ce n’est pas plus simple maintenant qu’il est un employé surmené du Ministère de la Magie, en plus d’être marié et père de trois enfants scolarisés.
Pendant qu’Harry se débat avec son passé, son plus jeune fils, Albus, lutte contre le poids de l’héritage familial qu’il n’a jamais désiré. Alors que le passé et le présent se mêlent, père et fils apprennent la dérangeante vérité : parfois, les ténèbres viennent d’endroits inattendus.
Note : 2/5
Mon humble avis
Je ne pense pas déjà avoir parlé de mon amour pour la saga Harry Potter sur ce blog, mais comme beaucoup, j’étais impatiente à l’idée de pouvoir retourner dans le monde magique et fascinant de J.K. Rowling. Et c’est dommage, mais ça n’a pas fonctionné, j’ai simplement été déçue. Pas parce qu’il s’agit du script de la pièce de théâtre, j’étais au courant et j’ai du mal à comprendre comment certains ont pu rester dans l’ignorance à ce sujet (d’ailleurs, je suis bien heureuse de ne pas m’être ruinée pour aller voir la pièce en live… je vous dis pas la déception). Je n’ai pas apprécié Harry Potter and the Cursed Child parce qu’il y a tellement d’incohérences avec l’univers, mais aussi avec la propre histoire de ce huitième volet, que j’ai eu l’impression de lire une très mauvaise fanfiction, et pas une suite officielle.
Alors non, tout n’est pas absolument horrible ou à jeter. Par exemple j’ai appris un nouveau mot, discombobulated, qui signifie décontenancé et qui apparaît au moins six fois (pourtant, il n’y a pas beaucoup de didascalies…). Plus sérieusement, l’intrigue reste intéressante malgré les incohérences et je peux comprendre que certaines personnes en apprécient la lecture. Tous les personnages ne sont pas non plus OOC (voilà que je reprends la terminologie des fanfictions !) complètement différents de leurs apparitions dans la série… même s’il m’a semblé que les personnages en lesquels on pouvait croire étaient principalement de la nouvelle génération. Donc seulement présents dans l’épilogue. Bon, okay, j’ai adoré Albus (le fils de Harry et Ginny, pas Dumbledore, je détesterai toujours Dumbledore) et Scorpius, le fils de Draco et de sa femme Astora. Ils sont adorables et leur relation est très intéressante.
Le rythme de l’intrigue me semble bien réussi : avec des ellipses pour que l’on assiste aux moments opportuns et qu’on puisse suivre une certaine évolution, un peu comme dans les romans. Ce qui est également intéressant, par rapport au roman, est l’absence de narrateur : comme il s’agit d’une pièce de théâtre, nulle narration est nécessaire et tout est montré, plutôt que raconté. Une position nouvelle donc, puisque Harry était le narrateur (pas toujours fiable) des sept tomes.
Bref. On assiste donc à une troisième temporalité du monde des sorciers (l’avènement de Voldemort au temps de l’Ordre du Phénix étant la première et la scolarité de Harry la seconde) et force est de constater que les sorciers n’apprennent pas de leurs erreurs et continuent encore et encore les mêmes bêtises… Je ne peux guère en dire plus sans spoilers, donc je vais m’arrêter là pour l’instant ! Je ne recommande pas particulièrement cette lecture, mais si vous êtes comme moi, vous le lirez probablement pour savoir de quoi il en retourne et vous faire votre propre idée (et vous auriez bien raison). Ah et, je finirai cette partie en précisant que non, je ne pense pas que voir la pièce en live aurait sauvé les meubles. Je ne doute absolument pas du talent des acteurs choisis pour la jouer, mais étant donné que leur boulot, c’est tout de même de reproduire le script… non, je n’aurai définitivement pas apprécié.
Attention, la suite contient des spoilers. Oui, j’ai trop de sentiments (principalement de la colère, on va pas se mentir) sur ce livre, il faut extérioriser tout ça !
Je parlais d’incohérence, il me semble important d’expliciter quelque peu, en commençant par le plus gros tiens : Cédric Diggory. Une partie de l’intrigue repose sur le fait qu’il faille utiliser un retourneur de temps pour le sauver de sa mort inutile lors du Tournois des Trois Sorciers. Jusque là tout va bien, même si personne semble se demander pourquoi, pourquoi la question se soulève plus de vingt ans après. D’ailleurs, personne semble insister sur le fait qu’utiliser un retourneur de temps pour changer le passé est illégal, interdit par toutes les lois du bon sens et très dangereux. Et puis, quitte à changer le passé, pourquoi pas tuer Voldemort dans l’œuf ? Tout ça résoudrait bien plus que la mort – certes tragique – de Cédric. Pour revenir à ce dernier, à la suite d’une humiliation infligée par Albus et Scorpius lors d’une épreuve du Tournois, il devient Mangemort. Oui. On parle bien du même personnage qui a insisté pour que Poufsouffle, son équipe, ne soit pas déclarée vainqueur du match de Quidditch, puisque Harry est tombé de son balais à cause des Détraqueurs. Et parce qu’il aurait perdu une épreuve du Tournois, il aurait décidé que non, finalement sa destinée était de suivre Voldemort et tuer des gens innocents. Hm.
Pour en venir aux personnages, j’ai adoré Hermione et je trouve que la position de Ministre de la Magie est parfaite pour elle. Quant à Ron… j’aurai aimé apprécier son personnage mais il est sacrément inutile dans The Cursed Child, c’en est navrant. C’est le tonton rigolo, tout bon à bégayer (c’est nouveau ça) et faire des blagues (du style, offrir une potion d’amour à son neveu de 14 ans, parce que le consentement on s’en balance). Harry. Ah, Harry ! Je ne l’appréciais pas vraiment dans les romans, mais il avait l’excuse d’être un enfant, puis un adolescent. Il n’a plus ça pour lui et je suis complètement hallucinée des comportements qu’il peut avoir. La pièce tourne autour de sa relation avec son fils Albus, donc c’est principalement dans ce cas qu’on assiste à sa bêtise et son incompétence (en tant que père, mais finalement aussi en tant qu’être humain, parce que ça va bien trop loin !). Bref, que Harry soit arrogant et imbus de lui-même, ça reste cohérent et dans la limite du raisonnable. Qu’il dise à Albus « Parfois, je préférais que tu ne sois pas mon fils ». Je. Quoi ? Mais il n’a assassiné personne, ce pauvre enfant ! Il est triste, se sent seul et tout ce que tu trouves à lui dire, c’est qu’il est pas désiré ? Parenting A++. Sans parler du moment où il décide que ce serait bien d’amputer Albus de son seul ami, Scorpius, et de menacer McGonagall pour qu’elle change toutes les classes d’Albus pour qu’ils ne soient pas ensemble, puis espionne son fils avec la carte de Maraudeurs et qu’elle sévisse s’ils sont en contact – c’est bien connu que les directeurs de Poudlard ont trop de temps libre. Sans commentaire.
Dès le début, j’ai senti que ça allait filer un mauvais coton. L’histoire reprend à l’épilogue du septième tome, quand Albus exprime ses inquiétudes : et s’il finissait à Serpentard ? Au lieu de corriger le tir de l’épilogue, ici on enfonce bien le clou : « mais non Albus, le Choixpeau t’écoutera, comme il l’a fait avec moi, parce que j’aime bien tout ramener à moi ». Surprise : Albus est réparti avec les Serpentards. À aucun moment on ne dit à cet ado que c’est pas grave, les serpents c’est cool, ils ont pleins de qualité et non, tous ne finissent pas comme Voldemort, et il y a pas de raison qu’on t’aime moins si t’es chez eux. Et puis, histoire de continuer ce début en beauté, Draco débarque et demande à Harry de démentir publiquement les rumeurs qui entourent son fils (il serait le fils de Voldemort, sympa) et Harry… refuse. Alors qu’il sait ce que ça fait, d’être la cible de rumeurs, de passer des années d’enfer à Poudlard à cause de ça, et ça lui coûterait quoi exactement, de faire ce que Draco lui demande – pas pour lui, mais pour son fils ?!
Parce que oui, Draco est un infiniment meilleur père que Harry. Il a ses défauts, mais il pense au bien être de Scorpius. Même quand, dans une réalité parallèle, un monde dystopique où Voldemort et les forces du mal règnent en maîtres, il est Head of Magical Law Enforcement (la place de Harry) : il écoute son fils et le protège. Ah et, visiblement, Hermione est une toute autre personne si elle n’est pas mariée à Ron (c’est le cas dans les réalités parallèles que Scorpius et Albus visitent). Elle devient même infecte, mauvaise et horrible, à la Severus Rogue. Bravo, le personnage féminin auquel il faisait bon de s’identifier devient l’archétype de la femme mal baisée. Oui, parce que c’est pas Ginny qui va sauver la mise : son personnage est guère plus utile que celui de Ron (ça doit être un truc de Weasley) et cette fois-ci c’est l’archétype de la femme soumise (tout à fait incohérent avec l’écriture de son personnage dans les romans). Alors que son mari dit des trucs atroces à leur fils, elle ne bouge pas d’un pouce et ne fait que réprimander vaguement Harry par la suite. On assiste beaucoup à des moments entre Harry et Albus, mais aucun entre Albus et Ginny. Ah et, elle n’est pas d’accord quand Harry décide de séparer Albus et Scorpius, mais elle ne fait rien pour autant, alors qu’elle sait le mal que cela va faire à son fils.
Voilà. Je crois que j’ai dit le principal de ce que j’avais sur le cœur. Sinon, je suis complètement d’accord avec les billets suivants, tous deux en anglais et tous deux avec des spoilers : The 9 ¾ most WTF moments in Harry Potter and The Cursed Child et 8 Questions We Have After Reading Harry Potter and the Cursed Child.
Si vous avez envie de replonger dans le monde de Harry Potter (le vrai, pas cette imposture), je vous conseille plutôt de relire les livres. Ou d’aller en lire des fanfictions réussies (et il y en a tellement, pour tous les goûts !). Ou d’écouter le merveilleux, le fabuleux podcast Witch Please, dont je parlerai plus longuement dans un billet futur. En attendant, que vous soyez d’accord ou pas avec cette chronique les Potterheads, n’hésitez pas à venir discuter du livre dans les commentaires ou par mails😉
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