Le temps des Marguerite de Vincent Cuvellier (auteur) et Robin (illustrateur), sorti chez Gallimard jeunesse (collection Giboulées) en 2009
Non, non, il n’y a pas d’erreur dans le titre, il y a bien une majuscule et il ne manque pas de « s » à « Marguerite ». Car il s’agit bien du prénom et non de la fleur. Notre histoire parle de deux jeunes filles se prénommant Marguerite. Très joli jeu de mots dans ce titre, que l’on peut déjà souligner, puisque l’histoire se déroule en mai, au tout début de la floraison des marguerites (les fleurs pour le coup).
Revenons à nos deux jeunes filles. Les deux s’appellent Marguerite, mais l’une vit en 1910, tandis que l’autre vit en 2010. Elles habitent dans la même maison, mais à un siècle d’écart. Au-delà des années qui les séparent, on va s’apercevoir au fil de l’histoire qu’absolument tout les différencie.
Par un bel après-midi du mois de mai, chacune dans leur époque, nos deux jeunes filles s’ennuient. Pour s’occuper l’esprit, chacune va chercher une distraction. Elles vont se retrouver dans le grenier à fouiller dans une vieille malle. Une malle si grande que quand elles s’y penchent, elles tombent toutes deux à l’intérieur et le couvercle se referme. Quand elles arrivent enfin à en sortir, elles s’aperçoivent progressivement que quelque chose ne va pas. Elles ne semblent plus être dans le bon endroit, dans la bonne époque. En effet, la Marguerite de 1910 se retrouve en 2010, et celle de 2010 a pris la place de celle de 1910. Chacune part tout d’abord en exploration dans la maison et s’émerveille ou s’épouvante des éléments qu’elle y trouve. Puis, elles se retrouvent dehors à devoir affronter les mouvements d’une ville et d’une époque qui ne leur correspondent pas. Elles y rencontrent des gens, avec lesquels elles ont parfois du mal à communiquer. Enfin, elles doivent également se confronter à leur famille et leurs amis. Les choses se corsent pour les deux jeunes filles. Bien entendu tout rentrera dans l’ordre et chacune retrouvera son époque.
A souligner : les deux histoires des fillettes ne sont pas réellement mêlées et ne sont pas contées l’une après l’autre, mais elles sont menées parallèlement. En haut de chaque page on voit ce qui se passe en 1910, en bas ce qui se passe en 2010.
L’histoire est touchante, attendrissante et très réaliste. Ce récit est bien mieux qu’un livre d’histoire pour montrer aux jeunes les différences qu’il peut y avoir entre les deux époques. Cela va même plus loin car, alors qu’en cours d’histoire, par exemple, on pourrait étudier comment vivaient les gens en 1910, cet album nous montre la vraie différence que cela fait de vivre dans notre époque actuelle. On ne voit pas seulement comment vivaient les enfants il y a un siècle, mais on perçoit bien qu’un tel retour en arrière ne serait plus possible, du fait du changement des mentalités.
Outre les différences dans les vêtements, les objets, l’architecture, la technologie… on découvre aussi les variations dans les modes d’éducation, de pensé ou de politique. C’est donc un tour d’horizon très complet d’une époque révolue. On pense souvent qu’il serait impossible de retourner en arrière, que les jeunes actuels ne pourraient vivre avec les coutumes d’il y a un siècle. Mais on s’aperçoit ici qu’amener une enfant du début du XXe siècle, dans notre XXIe siècle, ce ne serait pas forcément mieux. Certaines habitudes, notamment de mœurs et de technologies, seraient trop durs à encaisser.
Il est vrai que dans cet album on voit bien que la Marguerite de 1910 s’adapte mieux à 2010, que n’arrive à le faire la Marguerite de 2010 dans l’époque de 1910. Cependant, les difficultés d’adaptation de la seconde Marguerite, ressortent comme une grande gêne pour la Marguerite de 1910.
En plus d’une exposition des différences entre les deux époques, les jeunes lecteurs découvrent qu’ils ont de la chance de vivre en 2010. Des enfants qui pourraient penser que leurs parents sont trop sévères par exemple, risquent bien de les trouver très cools après avoir lu cet album. Même sans compter les différences, c’est de toute façon une bonne manière de découvrir une autre époque. La ségrégation, le racisme, les mariages très jeune… Des éléments qui sont inconnus aux jeunes d’aujourd’hui.
Le récap’ :
Points positifs :
- Une façon ludique d’apprendre à connaître l’époque du début du XXe siècle.
- Cela change de l’éternel « mamie va te raconter comment c’était quand elle était petite ».
- Une prise de conscience pour le jeune lecteur de la chance qu’il a aujourd’hui de vivre avec des parents aussi cools :p
Point négatif :
- Des dessins trop brouillons pour ma part et qui ne mettent parfois pas assez en valeur les scènes.
Bonne lecture les loulous !