Le titre de ce billet a le mérite de planter le décor en évoquant certains de ses éléments-clés. Bienvenue dans le chaos, donc ! Mais reste encore à savoir pourquoi et comment se déchaîne ce chaos... Et là, on a pas mal de surprises et une sacrée imagination. Une imagination nourrie d'événements que nous connaissons tous, au moins de nom, mais aussi de littérature fantastique et horrifique pour un résultat qui laisse le lecteur épuisé, au final. "Retour à Salem", de Jacques Fuentealba, est paru dans son intégralité en début d'année aux éditions Mythologica. Si vous aimez l'eau de rose, le calme, le romantisme, la douceur, les histoires sans accroc et la paix, alors, passez votre chemin, ce roman n'est pas fait pour vous ! Mais si vous aimez le fracas, la fureur, la folie destructrice, les puissances sans limite et, parce que, tout de même, il y en a, un brin, une lichette, vous ne crachez pas sur une lueur d'espoir, alors, tentez votre chance ! A vos risques et périls, évidemment...
Kathleen est prêtresse vaudou. Elle descend d'ailleurs de l'une des plus célèbres d'entre elles, Marie Laveau. La jeune femme est en colère : sa mère vient d'être lynchée, comme aux pires temps de la ségrégation. Elle n'aspire donc plus qu'à une seule chose, la vengeance, et pour cela, elle est prête à faire appel à ses pouvoirs et à des créatures qu'elle maîtrise. Enfin, normalement...
Damian est un homme chanceux. D'abord, parce qu'il gagne sa vie comme joueur professionnel et qu'il se débrouille bien. Les cartes, c'est son truc, pas seulement celle qu'on distribue aux cartes de poker, mais aussi celle du tarot. Damian est cartomancien, les cartes lui parlent, au propre comme au figuré. Mais, c'est aussi un homme chanceux parce qu'on essaye de le tuer (pourquoi ? Il n'en a pas la moindre idée !) et qu'il en réchappe...
Samantha est une ado déboussolée. Pléonasme ? Oui, sans doute, mais elle en a marre de fuir ses responsabilités. Ce soir-là, à sa propre surprise, elle met KO son beau-père, ne le laissant pas, pour une fois, lever la main sur sa mère et sur elle. Mais, ce qui va se passer ensuite, dans l'église où elle a cherché refuge auprès d'un prêtre ami de son père est encore bien plus surprenant. Irréel, même...
Elisabeth est une brillante universitaire. Sa spécialité, ce sont les histoires de sorcellerie, les liens et les conflits entre cette activité et la religion, les grands procès qui en ont découlé, le satanisme et tout un tas d'autres joyeusetés du même genre. Plongée du soir au matin dans les textes anciens des bibliothèques du monde entier, elle cherche quelque chose. Mais, sait-elle elle-même de quoi il s'agit exactement ?
Garlick est un jeune homme qui accomplit de délicates missions au nom de sa famille. Mais, depuis peu, les ordres de la Doyenne lui pèsent de plus en plus... Il en a assez de ces basses oeuvres et aimerait bien pouvoir vivre, simplement. Ou du moins, agir enfin par lui-même, sans qu'on téléguide chacun de ses gestes, ou presque. Même, et surtout, les pires...
Ces cinq personnes vont bientôt se retrouver rassemblés, et pas n'importe où : à Salem, Massachussetts. Une réunion de familles les attend, euh, pas vraiment le genre cousinade, c'est un peu plus... un peu moins... Enfin, ce ne sera pas pour un barbecue avec ballons de baudruche, confettis et feu d'artifices. Quoi que, pour ce dernier point, on pourrait y avoir droit, mais pas en version loisirs...
Oui, ils ont tous rendez-vous, et d'autres avec eux, appartenant aux Redd et aux Hoar, même si ceux-là, ils ne sont pas du genre qu'on invite aux fêtes de famille, ils ont bien trop mauvaise réputation et fricotent avec des gens pas du tout fréquentables. Ils sont tout juste bon à finir en enfer, mais, avant d'y finir, ils sont bien capable d'entraîner du monde avec eux...
Quant aux objectifs de ces retrouvailles, si on peut appeler ça ainsi, puisque la plupart des invités ne se connaissent ni d'Eve, ni d'Adam, là, je vais vous laisser dans le noir... Eh oui, il faut rester à votre place de lecteur et donc découvrir par vous-même le principal. Mais, attendez-vous à quelque chose d'hénaurme (ou, si vous préférez, d'énoooooooooorme !!).
Bon, vous me connaissez, je suis une vraie pipelette dès qu'on parle de livres, et, par conséquent, il n'est pas certain que je tienne ma langue d'ici la fin de ce billet. Autrement dit, on va entrer dans le coeur du roman, de ce diptyque, plus précisément, et il va donc apparaître des éléments importants que certains d'entre vous ne souhaitent pas forcément connaître. Soyez prévenus !
D'un autre côté, un des éléments coule de source, puisqu'il est présent dans le titre du livre, alors, ne tirez pas que sur le messager (moqueur ou non), il n'est pas le seul responsable. Retour, oui, mais surtout, Salem. Aaaah, Salem... Non, pas le Salem de Stephen King, celui-là est dans le Maine, voyons ! Le Salem dans le Massachussetts, je vous ai dit, suivez, un peu !
Sans passer par Arthur Miller, puisqu'on est dans les références littéraires, c'est le Salem des sorcières, dont il sera question. Cette ville, où se déroula le procès mais pas l'affaire elle-même, qui eut lieu dans un village voisin, Danvers (ouiiii, comme l'exécrable domestique de "Rebecca", étonnant, non ?).
Ah, les sorcières de Salem... Un sujet qui, encore aujourd'hui, parle à notre imaginaire collectif, sans, parfois, qu'on soit vraiment capable de raconter précisément ce qui s'est passé en 1692. Des recherches se poursuivent, d'ailleurs, pour essayer de comprendre la folie collective qui s'est emparée de certains habitants, qui ont ensuite dénoncer leurs voisins pour sorcellerie.
Là n'est pas le sujet. Et "Retour à Salem" n'est pas une relecture de ces événements. Enfin, pas tout à fait... Ce qui ne vous empêchera pas de garder un oeil sur le net en marge de votre lecture, car il est intéressant de mettre en parallèle les faits (et les mythes) qui entourent l'affaire des sorcières de Salem pour découvrir comment Jacques Fuentealba s'en est servi dans son intrigue.
Disons que ce qui s'est passé en 1692 dans le Massachussetts, avec une portée incroyable qui traverse même les siècles, n'est pas un point de départ, comme on pourrait s'y attendre, mais une étape dans un processus bien plus long. Je choisis mes mots, dans "Retour à Salem", il est question d'une guerre sans merci, dont le point d'orgue pourrait, devrait être la rencontré évoquée ci-dessus...
A condition que tout se passe de manière idéale...
Ah, ce n'est pas simple de parler de ce roman, je m'en rends compte maintenant... Alors, prenons les choses dans l'ordre. "Retour à Salem" se compose de deux parties distinctes. La première, "l'Ordalie", avait été publiée aux éditions Midgard, en 2012. Malheureusement, la maison d'édition avait dû mettre la clé sous la porte avant de pouvoir publier "Orphelins", le deuxième volet...
Il a fallu plusieurs années avant qu'il soit possible de rendre sa partie tronquée au diptyque, mettant fin à un très désagréable syndrome du membre fantôme pour le lecteur. Enfin, grâce aux éditions Mythologica, on peut connaître le dénouement de cette affaire. Il faut préciser que "l'Ordalie" ne se termine pas du tout en queue-de-poisson, mais lire sa suite apporte forcément un sacré plus.
On est dans le fantastique, on flirte avec l'horreur, par moments, car c'est une histoire marquée par une violence extrême, que l'on vit au coeur, presque caméra à l'épaule, si vous m'autorisez ce parallèle audiovisuel. Le fantastique, il apparaît d'emblée, à travers les personnages que je vous ai brièvement, et même succinctement, présentés au début du billet.
Mais, rapidement, on comprend que cet aspect-là va nous emmener dans une dimension tout autre, qui ne va apparaître qu'au fur et à mesure. "L'Ordalie" met en place tout cela, présentant les acteurs (bien plus nombreux que le club des 5 qui ouvre ce billet), mais aussi les rivalités, les oppositions et, surtout, plus que tout, les objectifs de ce retour collectif à Salem.
Derrière, ne le cachons pas, il y a une bataille de titans où les sorciers ne sont pas seulement entre eux. Au contraire, ils doivent faire face à des puissances extrêmes. Je freine, je freine, je ne dis rien d'autre, promis. Enfin si, un court complément : dans ce roman, la sorcellerie est un fait établi, presque une sorte de philosophie, elle n'est en rien à prendre sous un aspect moral, bien/mal.
Cela ne veut pas dire qu'il n'y a pas dans ce roman ce sempiternel thème de la bataille du bien et du mal, au contraire, elle est au coeur de l'histoire, aux allures d'Armageddon (oui, encore cette idée, pour la seconde fois en quelques jours, décidément...) et les sorciers s'y retrouvent embarqués sans l'avoir voulu.
Sur ce roman, plane l'ombre de Lovecraft qui, il me semble, est la véritable influence de Jacques Fuentealba. Je ne suis pas un grand spécialiste, mais j'ai repéré quelques clins d'oeil appuyés ainsi qu'une ambiance bien sombre et effroyablement violente qui paraissent bien coller avec l'image que j'ai du créateur de l'emblématique Cthulhu (dont on ne voit pas les tentacules à Salem).
Je suis sorti éprouvé de cette lecture. Le mot est fort, mais je l'emploie à dessein et dans un sens positif. Je me suis laissé embarquer sans m'y attendre, sans m'en rendre compte. Bien sûr, la première partie du diptyque intrigue, tient en haleine, mais, à partir du moment où se met en place le noyau (presque au sens nucléaire du terme) de l'histoire, je n'ai plus touché terre, tant ça bouge de partout !
La fin du premier volet est déjà particulièrement musclée, mais alors, le second... Accrochez-vous, attachez vos ceintures, et solidement, parce que les turbulences seront sévères. Tellement sévères, d'ailleurs, qu'on finit par perdre tout repère à la suite des personnages, bringuebalés, maltraités, déracinés par une tornade de force maximale, bousculés par des forces telluriques inouïes.
L'affrontement auquel on assiste se déroule dans d'autres sphères que les nôtres, plus que jamais on se sent simple grains de poussière posés sur un grain à peine plus gros, notre bonne vieille terre. Le reste, c'est l'évolution des personnages dont nous avons parlé et de ceux qui les entourent, les aident ou, au contraire, s'opposent à eux, au milieu de cette cataclysmique aventure...
Redoutablement efficace, ce roman ne plaira peut-être pas, sans doute pas, à tous les lecteurs. Mais, j'ai apprécié ces personnages étonnants, extraordinaires et pourtant, au moins, à l'origine, sans que ça se voie trop et cette situation qui va enfler, enfler, enfler, avant l'inévitable explosion, et le backdraft qui va avec.
On est dans de la littérature de genre à l'extrême, de mauvais genres, aux yeux de certains, on connaît la formule. Le final, en forme de bouquet, part peut-être un peu dans tous les sens, mais c'est vraiment pour chipoter que je dis ça. Et, surtout, je me suis follement amusé à voir Jacques Fuentealba transformer un paisible jeu des 7 familles en gigantesque jeu de massacre...
Kathleen est prêtresse vaudou. Elle descend d'ailleurs de l'une des plus célèbres d'entre elles, Marie Laveau. La jeune femme est en colère : sa mère vient d'être lynchée, comme aux pires temps de la ségrégation. Elle n'aspire donc plus qu'à une seule chose, la vengeance, et pour cela, elle est prête à faire appel à ses pouvoirs et à des créatures qu'elle maîtrise. Enfin, normalement...
Damian est un homme chanceux. D'abord, parce qu'il gagne sa vie comme joueur professionnel et qu'il se débrouille bien. Les cartes, c'est son truc, pas seulement celle qu'on distribue aux cartes de poker, mais aussi celle du tarot. Damian est cartomancien, les cartes lui parlent, au propre comme au figuré. Mais, c'est aussi un homme chanceux parce qu'on essaye de le tuer (pourquoi ? Il n'en a pas la moindre idée !) et qu'il en réchappe...
Samantha est une ado déboussolée. Pléonasme ? Oui, sans doute, mais elle en a marre de fuir ses responsabilités. Ce soir-là, à sa propre surprise, elle met KO son beau-père, ne le laissant pas, pour une fois, lever la main sur sa mère et sur elle. Mais, ce qui va se passer ensuite, dans l'église où elle a cherché refuge auprès d'un prêtre ami de son père est encore bien plus surprenant. Irréel, même...
Elisabeth est une brillante universitaire. Sa spécialité, ce sont les histoires de sorcellerie, les liens et les conflits entre cette activité et la religion, les grands procès qui en ont découlé, le satanisme et tout un tas d'autres joyeusetés du même genre. Plongée du soir au matin dans les textes anciens des bibliothèques du monde entier, elle cherche quelque chose. Mais, sait-elle elle-même de quoi il s'agit exactement ?
Garlick est un jeune homme qui accomplit de délicates missions au nom de sa famille. Mais, depuis peu, les ordres de la Doyenne lui pèsent de plus en plus... Il en a assez de ces basses oeuvres et aimerait bien pouvoir vivre, simplement. Ou du moins, agir enfin par lui-même, sans qu'on téléguide chacun de ses gestes, ou presque. Même, et surtout, les pires...
Ces cinq personnes vont bientôt se retrouver rassemblés, et pas n'importe où : à Salem, Massachussetts. Une réunion de familles les attend, euh, pas vraiment le genre cousinade, c'est un peu plus... un peu moins... Enfin, ce ne sera pas pour un barbecue avec ballons de baudruche, confettis et feu d'artifices. Quoi que, pour ce dernier point, on pourrait y avoir droit, mais pas en version loisirs...
Oui, ils ont tous rendez-vous, et d'autres avec eux, appartenant aux Redd et aux Hoar, même si ceux-là, ils ne sont pas du genre qu'on invite aux fêtes de famille, ils ont bien trop mauvaise réputation et fricotent avec des gens pas du tout fréquentables. Ils sont tout juste bon à finir en enfer, mais, avant d'y finir, ils sont bien capable d'entraîner du monde avec eux...
Quant aux objectifs de ces retrouvailles, si on peut appeler ça ainsi, puisque la plupart des invités ne se connaissent ni d'Eve, ni d'Adam, là, je vais vous laisser dans le noir... Eh oui, il faut rester à votre place de lecteur et donc découvrir par vous-même le principal. Mais, attendez-vous à quelque chose d'hénaurme (ou, si vous préférez, d'énoooooooooorme !!).
Bon, vous me connaissez, je suis une vraie pipelette dès qu'on parle de livres, et, par conséquent, il n'est pas certain que je tienne ma langue d'ici la fin de ce billet. Autrement dit, on va entrer dans le coeur du roman, de ce diptyque, plus précisément, et il va donc apparaître des éléments importants que certains d'entre vous ne souhaitent pas forcément connaître. Soyez prévenus !
D'un autre côté, un des éléments coule de source, puisqu'il est présent dans le titre du livre, alors, ne tirez pas que sur le messager (moqueur ou non), il n'est pas le seul responsable. Retour, oui, mais surtout, Salem. Aaaah, Salem... Non, pas le Salem de Stephen King, celui-là est dans le Maine, voyons ! Le Salem dans le Massachussetts, je vous ai dit, suivez, un peu !
Sans passer par Arthur Miller, puisqu'on est dans les références littéraires, c'est le Salem des sorcières, dont il sera question. Cette ville, où se déroula le procès mais pas l'affaire elle-même, qui eut lieu dans un village voisin, Danvers (ouiiii, comme l'exécrable domestique de "Rebecca", étonnant, non ?).
Ah, les sorcières de Salem... Un sujet qui, encore aujourd'hui, parle à notre imaginaire collectif, sans, parfois, qu'on soit vraiment capable de raconter précisément ce qui s'est passé en 1692. Des recherches se poursuivent, d'ailleurs, pour essayer de comprendre la folie collective qui s'est emparée de certains habitants, qui ont ensuite dénoncer leurs voisins pour sorcellerie.
Là n'est pas le sujet. Et "Retour à Salem" n'est pas une relecture de ces événements. Enfin, pas tout à fait... Ce qui ne vous empêchera pas de garder un oeil sur le net en marge de votre lecture, car il est intéressant de mettre en parallèle les faits (et les mythes) qui entourent l'affaire des sorcières de Salem pour découvrir comment Jacques Fuentealba s'en est servi dans son intrigue.
Disons que ce qui s'est passé en 1692 dans le Massachussetts, avec une portée incroyable qui traverse même les siècles, n'est pas un point de départ, comme on pourrait s'y attendre, mais une étape dans un processus bien plus long. Je choisis mes mots, dans "Retour à Salem", il est question d'une guerre sans merci, dont le point d'orgue pourrait, devrait être la rencontré évoquée ci-dessus...
A condition que tout se passe de manière idéale...
Ah, ce n'est pas simple de parler de ce roman, je m'en rends compte maintenant... Alors, prenons les choses dans l'ordre. "Retour à Salem" se compose de deux parties distinctes. La première, "l'Ordalie", avait été publiée aux éditions Midgard, en 2012. Malheureusement, la maison d'édition avait dû mettre la clé sous la porte avant de pouvoir publier "Orphelins", le deuxième volet...
Il a fallu plusieurs années avant qu'il soit possible de rendre sa partie tronquée au diptyque, mettant fin à un très désagréable syndrome du membre fantôme pour le lecteur. Enfin, grâce aux éditions Mythologica, on peut connaître le dénouement de cette affaire. Il faut préciser que "l'Ordalie" ne se termine pas du tout en queue-de-poisson, mais lire sa suite apporte forcément un sacré plus.
On est dans le fantastique, on flirte avec l'horreur, par moments, car c'est une histoire marquée par une violence extrême, que l'on vit au coeur, presque caméra à l'épaule, si vous m'autorisez ce parallèle audiovisuel. Le fantastique, il apparaît d'emblée, à travers les personnages que je vous ai brièvement, et même succinctement, présentés au début du billet.
Mais, rapidement, on comprend que cet aspect-là va nous emmener dans une dimension tout autre, qui ne va apparaître qu'au fur et à mesure. "L'Ordalie" met en place tout cela, présentant les acteurs (bien plus nombreux que le club des 5 qui ouvre ce billet), mais aussi les rivalités, les oppositions et, surtout, plus que tout, les objectifs de ce retour collectif à Salem.
Derrière, ne le cachons pas, il y a une bataille de titans où les sorciers ne sont pas seulement entre eux. Au contraire, ils doivent faire face à des puissances extrêmes. Je freine, je freine, je ne dis rien d'autre, promis. Enfin si, un court complément : dans ce roman, la sorcellerie est un fait établi, presque une sorte de philosophie, elle n'est en rien à prendre sous un aspect moral, bien/mal.
Cela ne veut pas dire qu'il n'y a pas dans ce roman ce sempiternel thème de la bataille du bien et du mal, au contraire, elle est au coeur de l'histoire, aux allures d'Armageddon (oui, encore cette idée, pour la seconde fois en quelques jours, décidément...) et les sorciers s'y retrouvent embarqués sans l'avoir voulu.
Sur ce roman, plane l'ombre de Lovecraft qui, il me semble, est la véritable influence de Jacques Fuentealba. Je ne suis pas un grand spécialiste, mais j'ai repéré quelques clins d'oeil appuyés ainsi qu'une ambiance bien sombre et effroyablement violente qui paraissent bien coller avec l'image que j'ai du créateur de l'emblématique Cthulhu (dont on ne voit pas les tentacules à Salem).
Je suis sorti éprouvé de cette lecture. Le mot est fort, mais je l'emploie à dessein et dans un sens positif. Je me suis laissé embarquer sans m'y attendre, sans m'en rendre compte. Bien sûr, la première partie du diptyque intrigue, tient en haleine, mais, à partir du moment où se met en place le noyau (presque au sens nucléaire du terme) de l'histoire, je n'ai plus touché terre, tant ça bouge de partout !
La fin du premier volet est déjà particulièrement musclée, mais alors, le second... Accrochez-vous, attachez vos ceintures, et solidement, parce que les turbulences seront sévères. Tellement sévères, d'ailleurs, qu'on finit par perdre tout repère à la suite des personnages, bringuebalés, maltraités, déracinés par une tornade de force maximale, bousculés par des forces telluriques inouïes.
L'affrontement auquel on assiste se déroule dans d'autres sphères que les nôtres, plus que jamais on se sent simple grains de poussière posés sur un grain à peine plus gros, notre bonne vieille terre. Le reste, c'est l'évolution des personnages dont nous avons parlé et de ceux qui les entourent, les aident ou, au contraire, s'opposent à eux, au milieu de cette cataclysmique aventure...
Redoutablement efficace, ce roman ne plaira peut-être pas, sans doute pas, à tous les lecteurs. Mais, j'ai apprécié ces personnages étonnants, extraordinaires et pourtant, au moins, à l'origine, sans que ça se voie trop et cette situation qui va enfler, enfler, enfler, avant l'inévitable explosion, et le backdraft qui va avec.
On est dans de la littérature de genre à l'extrême, de mauvais genres, aux yeux de certains, on connaît la formule. Le final, en forme de bouquet, part peut-être un peu dans tous les sens, mais c'est vraiment pour chipoter que je dis ça. Et, surtout, je me suis follement amusé à voir Jacques Fuentealba transformer un paisible jeu des 7 familles en gigantesque jeu de massacre...