Normalement, pour qu'une série Rebirth fasse son effet, il faut qu'elle puisse à la fois redéfinir le personnage, et laisser une porte d'entrée grande ouverte pour les nouveaux lecteurs souhaitant investir sur l'avenir. C'est globalement le cas ici avec Deathstroke, la raison pour laquelle je considère que l'objectif est atteint. On ne peut pas dire que les deux séries précédentes ont eu un succès phénoménal, mais DC Comics continue d'insister avec ce personnage qui colle finalement assez bien à l'air du temps : un anti-héros assez impitoyable et antipathique, doté d'un costume ressemblant à celui de Deadpool. Ici on nous rappelle d'emblée que Slade Wilson n'est pas un père idéal. Il a 2 enfants, Grant et Joseph (ce dernier deviendra Jéricho) qu'il élève à la dure... on est à la limite du sévice corporel. Ce sont des flash-backs de la jeunesse du paternel. L'histoire passe ensuite au présent : Deathstroke est en Afrique, pour une nouvelle mission. Si vous ne le savez pas, c'est un mercenaire qui n'hésite pas à retourner sa veste en fonction de là où se trouvent ses intérêts, ou bien les gros chèques. Le scénario est de Christopher Priest, qui avait prévenu qu'il n'aurait pas accepté la série si le protagoniste avais été afro-américain, fatigué de voir que les auteurs sont cantonnés sur des titres correspondant à leurs origines ethniques. Il est de retour chez Dc après une absence d'une décennie. Cependant il ne peut s'empêcher de tisser une histoire se déroulant en Afrique, avec un contexte géopolitique manipulé par les puissances occidentales. On trouve même une remarque sarcastique sur l'islamophobie du moment, assez juste. C'est encore assez confus et mis à part le cliffhanger à la fin de l'épisode, on ne parvient pas vraiment à se passionner pour un numéro qui parle beaucoup, et qui privilégie la piste politique à celle de l'action pure et dure. Le rythme est entrecoupé de retour en arrière, ce qui permet de saisir la différence entre le Slade Wilson d'autrefois, et le Deathstroke d'aujourd'hui. Le dessin est de très bonne qualité car Carlo Pagulayan a retrouvé une forme éclatante. Ses pages sont splendides et mise en couleur avec brio, le cadrage et l'atmosphère donnent une vraie impression de job bien fait. A l'instar du titre Black Panther chez Marvel, nous nous apprêtons à suivre un récit qui nous plonge dans les méandres de la géopolitique africaine, plutôt que dans celle du super-héroïsme classique et testostéroné. Reste que le personnage de Deathstroke n'a jamais eu une horde de lecteurs, et il me semble bien difficile d'imaginer qu'il puisse survivre très longtemps sans une équipe artistique forte et une présence continue au cinéma. Vous me direz que la série tv Arrow a tenté de le remettre au goût du jour, mais sincèrement, la différence entre cette version là et celle de l'univers Rebirth est telle que c'est comme s'il ne s'était absolument rien passé. Bref bonne chance pour ce titre qui aura comme mission absolue de passer le cap de la première année d'existence.