Moon Knight termine son premier arc, et met une magnifique claque à ses lecteurs. Jeff Lemire, Greg Smallwood, et des invités surprenants, terminent la quête de Marc Spector, qui se retrouve face à lui-même...
Marc Spector a été enfermé dans un asile, et après de nombreuses péripéties, a réussi à en sortir. Il va finalement découvrir qui se dresse derrière cette machination, si c'en est bien une, et comment il peut s'en sortir...
J'avais très peur de cette fin d'arc, parce que j'ai peur de Jeff Lemire. Il fait des merveilles sur les titres qu'il aime, mais semble forcé de raconter des choses qui l'ennuient pour les Extraordinary X-Men. Il y avait en plus une énorme solution de facilité pour cet arc, qui était de faire en sorte que "tout n'était qu'un rêve", mais non, il m'a bluffé, et je ne m'attendais vraiment pas à ça.
Là où on devait avoir des révélations et une résolution, on a plus de mystères, plus d'incompréhension, et une fin d'arc qui laisse rêveur. On sent qu'il a un plan bien défini et assez long, et le montre bien ici. La conclusion, qui n'en est pas une, laisse le personnage et le lecteur sur le carreau. Sans trop spoiler, Lemire évite la facilité, et renverse complètement la série avec ses deux pages finales. C'est d'autant plus intéressant que si la série s'était arrêtée là, on aurait eu une vraie conclusion. Sauf que vu la fin proposée, on sait que ça va exploser, et ça relance l'intérêt.
En plus, le numéro est composé de deux face à face avec l'ennemi mystérieux, entrecoupés d'une course-poursuite dans trois univers, mise en scène par trois dessinateurs invités. Ces passages sont bluffants, proposant chacun une atmosphère absurde et sans aucun rapport avec la série. Le personnage est perdu, le lecteur aussi, et on se fait ainsi balader jusqu'à la rencontre finale, qui met elle-même en valeur la fin. Le sens du rythme est bluffant, le numéro tient en haleine, et pour la première fois j'ai trouvé un peu du talent de Rick Remender chez Marvel : une fuite vers l'avant effrénée, une fin d'arc qui bouleverse la série, et plus de mystères qu'autre chose. C'est le plus beau des compliments.
En prime, les dessins sont somptueux. Greg Smallwood fait toujours de très jolies choses, bien aidé par les couleurs de la toujours talentueuse Jordie Bellaire, et crée une atmosphère mystique qui fonctionne bien. Le dialogue final alterne les découpages, il y a plein d'idées de mise en scène vu qu'il a la partie plus calme du numéro, et s'en sort avec les honneurs. Quant aux invités, ils sont eux aussi bluffants. Je ne suis pas fan de Francesco Francavilla et de ses couleurs, mais Wilfredo Torres réussit bien sa partie, avec un style sobre qui lui convient parfaitement, et James Stokoe met une grosse baffe comme à chaque fois. Le dessinateur signe deux pages, mais il rappelle qui est le patron dans la mise en scène et les scènes qui débordent de détails.
Moon Knight #5
Marvel Comics * Par Jeff Lemire, Greg Smallwood, James Stokoe, Francesco Francavilla, Wilfredo Torres * $3.99
La conclusion avait une énorme responsabilité, mais a décidé de s'en foutre, et de tout démolir. Du coup, c'est non seulement une excellente lecture, mais c'est aussi surprenant, et haletant. La série est définitivement une des meilleures actuellement chez Marvel.