Reçu dans le cadre d'une Masse critique privilégiée de Babelio, ce deuxième roman de Leila Slimani paraît ce 18 août, et c'est une réussite !
Myriam, mère de deux enfants, désire reprendre son métier d'avocate. Après quelques entretiens, elle et son mari, Paul, engagent une nounou : ce sera Louise. Louise a des airs de Mary Poppins : parfaite avec les enfants, elle cuisine comme une fée, est toujours disponible et fait même le ménage sans qu'on le lui demande. N'en ferait-elle pas trop ?
Peu à peu, une relation de dépendance s'installe des deux côtés : Myriam compte de plus en plus sur Louise qui, elle, se met à passer beaucoup de temps chez ses patrons, part en vacances avec eux, et n'a finalement rien qui l'attend en-dehors de cette vie de servitude qu'un appartement sordide et une solitude écrasante. Cette relation va lentement se dégrader jusqu'au drame, horrible ...
Dès la première page, plus de doutes quant au drame annoncé. Glacée d'effroi, j'ai ensuite remonté le temps, avec Myriam, jeune maman débordée puis avec Louise, qui semble si parfaite, et qui aime tant ces deux enfants dont elle a la garde.
Louise est un personnage fascinant, et on a à la fois peur d'elle et pitié de sa pauvre vie. Myriam est une jeune mère d'aujourd'hui, à qui je me suis facilement identifiée, avec son sentiment ambivalent à propos de la maternité : bonheur et étouffement à la fois.
Le style de Leila Slimani est implacable, sec, tranchant comme un scalpel. Elle ne nous épargne rien et l'angoisse monte au fur et à mesure de la dégringolade mentale de Louise. On a envie de crier à Myriam de se méfier, mais on connaît la fin, on sait vers quelle horreur on court ...
Cela donne un roman terrible, très dur, et en tant que jeune maman, je l'ai trouvé trash, je ne trouve pas d'autres mots. Malgré ses qualités d'écriture et son histoire aussi haletante qu'un thriller, j'ai parfois dû le poser un peu, reprendre mes esprits, pour ne pas avoir Louise en tête au moment de m'occuper de mes enfants (mais je suis du genre hypersensible ....). Le titre, au regard de l'histoire, se révèle glaçant ...
Je l'ai terminé avec un mélange de sentiments : de l'horreur, de la frayeur, par rapport à l'histoire, mais aussi avec la sensation d'avoir lu un très bon roman, au style maîtrisé, d'un véritable écrivain.
J'avais déjà beaucoup apprécié le premier roman de Leila Slimani, "Dans le jardin de l'ogre" (disponible en Folio).
Merci à Babelio et aux éditions Gallimard de m'avoir permis de découvrir ce petit bout de la rentrée littéraire en avant-première.
"Chanson douce", Leila Slimani, Gallimard, 2016