En cette rentrée littéraire, les parutions sont nombreuses, nul besoin de vous le rappeler ! Parmi ces multiples possibilités, mon attention s’est portée sur un roman d’Anne Percin, Sous la vague (éditions du Rouergue, collection La Brune, août 2016). Pour une fois, je ne savais rien d’autre sur ce livre que ce que la quatrième de couverture indiquait… C’est donc uniquement sur cette base que je me suis laissée tentée:
Mars 2011. Alors que le Japon s’enfonce dans le chaos nucléaire, l’héritier d’une prestigieuse propriété de cognac vit son propre tsunami. Dégringolade financière, fille enceinte d’un ouvrier syndicaliste, grève, etc. Il résiste à sa façon, molle et naïve, ne trouvant du réconfort qu’auprès de son chauffeur, un fumeur de joints, ainsi que d’un chevreuil, comme si, face à la sauvagerie globalisée, seule la chaleur d’un animal, ou les fragrances d’un vieil alcool, lui apportaient réconfort.
Comme l’indique le résumé ci-dessus, Bertrand Berger-Laffite (le personnage principal) évolue dans un contexte bien particulier. En mars 2011, alors que le Japon fait face à une terrible catastrophe naturelle, provoquant des dizaines de milliers de morts et d’autres dégâts majeurs, Bertrand voit sa vie prendre un virage des plus désagréables. Sa femme fréquente un investisseur majeur de l’entreprise, les deux tentent de le déchoir de son rang de président. Sa fille tombe enceinte de l’un de ses ouvriers, syndicaliste, et la grève gagne également les rangs de l’usine de production. A mille lieues de toute cette agitation, Bertrand voit les choses différemment, avec un calme assez déroutant. Son attention se porte sur un chevrillard, que son chauffeur Eddy a renversé une nuit. Sur des estampes japonaises dont il est amateur. Sur des effluves de cognac qui lui évoquent d’autres pensées…
Deux mondes complètement opposés s’écroulent au même moment… Mais dans quelle mesure ?
Après quelques moments hésitants, je suis allée au bout de cette lecture. On se demande néanmoins où toute cette histoire va bien pouvoir nous mener, tant la situation initiale nous paraît saugrenue pour un début de roman. En plus, il faut avouer que plus ma lecture progressait, moins je trouvais ce à quoi je m’attendais en premier. Deux options semblaient alors s’offrir à moi : un roman plein de drôlerie et d’inattendu, ou bien des éléments et des personnages qui invitent à la réflexion sur notre monde contemporain, sur la nécessité de relativiser les « petits » événements qui viennent polluer notre quotidien, à l’image de Bertrand. Et c’est cette deuxième éventualité qui semble l’avoir emportée, avec tout autant de plaisir en ce qui me concerne.
Ce livre ne manque cependant pas du tout d’humour, mais ce n’en est pas seulement l’enjeu principal, selon moi. Les personnages sont esquissés de manière précise, une vraie galerie de portraits s’offre au lecteur. De l’ex-épouse mi-empathique et mi-manipulatrice à l’égard de son ex-mari, à la fille aux tendances bo-bo, en passant par le chauffeur à la personnalité particulière, c’est une véritable « comédie sociale » qui se joue dans ce roman, comme l’indique l’éditeur lui-même.
La lecture est fluide. Certaines situations prêtent à (sou)rire, le style employé par Anne Percin ne manque pas de mordant. Malgré la succession d’événements « importants » qui traversent la vie de Bertrand, il règne dans ce roman une sensation de détachement assez déconcertante et omniprésente… Je n’ai jamais lu d’autres romans d’Anne Percin, mais je sais qu’elle est aussi auteure pour la jeunesse. L’impression originale que m’a laissé ce livre après l’avoir terminé devrait, dans un futur plus ou moins proche, me pousser à découvrir quelques autres de ses œuvres…