L’épouvantable encyclopédie des fantômes de Pierre Dubois

Par Folfaerie

Croyez-vous aux fantômes ? Moi, pas du tout. Il y a longtemps, j’ai bien cru que j’avais rencontré un fantôme en Ecosse (c’est quand même un peu leur patrie) mais je n’ai jamais pu en être certaine, le doute a donc demeuré.

En lisant le magnifique ouvrage de Pierre Dubois, je suis cependant tentée de revoir mon opinion et de sonder mes certitudes. Mon elficologue préféré a récolté des anecdotes, retranscrit des témoignages et étudié les sources folkloriques de ces habitants des limbes, avec une plume pleine de grâce un rien désuète, de richesse et d’élégance, servie par les magnifiques illustrations de Carine M. et Elian Black’Mor qui m’ont rappelée plus d’une fois l’univers de Tim Burton.

Au détour de ces pages, vous croiserez des revenants plutôt classiques, de ceux qui hantent les manoirs et les cimetières, les dames blanches, mal-morts, lupeux, banshies et autres créatures, le choix est vaste, ma foi. On les entend avant de les voir et ils surgissent dans votre vie à n’importe quelle époque de l’année, même à Noël !

Si l’atmosphère est parfois mélancolique ou fantaisiste, le ton est résolument macabre, les fantômes sont loin d’être bienveillants, ils terrifient, tuent, tourmentent, bref, rendent la vie impossible. De quoi donner des cauchemars…

Cette lecture suit de peu finalement celle de Gaiman, L’étrange vie de Nobody Owens, et on sent bien la filiation entre les deux oeuvres, pas seulement à cause de la présence des fantômes, plutôt en raison de leur perception du monde des morts. Les fantômes aussi ont besoin d’un monde encore un peu champêtre, un peu sauvage, une part d’ombre et de mystère que l’on dissipe hélas, à coups de parkings et d’allées gravillonnées dans des banlieues bien trop urbanisées. Ne plus croire au fantôme, ne plus lui prêter attention, n’est-ce pas mépriser un peu ou dédaigner les contes d’autrefois, le folklore de nos campagnes et la part de merveilleux qu’il n’y a pas si longtemps encore, on cultivait sans s’en rendre compte ?

Alors, pouvait-il y avoir mauvaise surprise ou déception avec Pierre Dubois ? Non, bien sûr. « La suite, peut-être… en revenant ? ».