« LA CHAMBRE DES MORTS » de Franck Thilliez

« Joue avec moi… »


Moi (en compagnie de l’antiquaire, Mr Engel. Un peu mal à l’aise): Hum… Je comprends la réaction des autres clients. Elles sont belles certes mais… Un peu angoissantes.
Mr Engel (se tapotant le menton du bout des doigts): Je pense qu’avoir consacré une salle pour 150 poupées où tous leurs regards se fixent sur la porte d’entrée peut mettre mal à l’aise
Moi (se tournant vers lui, amusée) Entre les poupées et le tableau « Gladys », j’espère que ce sont les seules choses bizarres que vous avez dans votre boutique.
Mr Engel (haussant les épaules en souriant): Peut-être que oui… Peut-être que non.

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AUTEUR: Franck Thilliez
TITRE: LA CHAMBRE DES MORTS
ÉDITEUR, ANNÉE: Pocket, 2011
NOMBRE DE PAGES: 352 pages

La poupée, en tant qu’objet ou symbole, a de multiples facettes. Dans le livre que je vais chroniquer, elle est l’aboutissement d’un désir d’immortaliser. Mais d’autres thèmes se heurtent ici dans ce roman (amitié, trahison, argent, crimes…) nous révélant une histoire sombre dans le nord de la France. J’ai voulu découvrir la plume de Franck Thilliez et pour cela, je commence avec « La chambre des morts »

RÉSUMÉ: 
« Vous roulez en pleine nuit avec votre meilleur ami, tous feux éteints.
Devant vous, un champ d’éoliennes désert.
Soudain le choc, d’une violence inouïe. Un corps gît près de votre véhicule. A ses côtés, un sac de sport. Dedans, deux millions d’euros, à portée de la main.
Que feriez-vous ?
Vigo et Sylvain, eux, ont choisi.
L’amitié a parfois le goût du sang… »

Maintes fois, j’ai vu le nom de Franck Thilliez sur plusieurs blogs et même dans les transports. J’attendais la bonne occasion (et l’été !) pour me lancer dans un de ces romans. J’ai choisi « La chambre des morts » qui fait partie de ses premiers romans et où apparaît pour la première fois Lucie Henebelle. Et c’est avec une grande curiosité que je me suis lancée.

Nous sommes à la veille de noël, Vigo et Sylvain essayent  d’oublier leurs problèmes. Balade nocturne, grisés par l’alcool, ils s’amusent à rouler les feux éteints sur une route déserte… Enfin presque. Choc…Frayeur…Découverte d’un corps avec un sac rempli de deux millions d’euros. Un choix se fait, pleines de promesses pour l’un – pleines d’angoisses pour l’autre, sous le regard d’une personne dissimulée.

Je ne pensais pas tomber sur une ambiance aussi sombre et pleine de folie qui aura pour mérite de marquer ma lecture. Dès les premières lignes, on sent l’angoisse qui monte, car le lecteur est enfermé dans une petite pièce sordide. On a vite le souffle coupé ! Et c’est avec soulagement que l’on se retrouve à l’extérieur avec Vigo et Sylvain… Pour un bref instant. La tension reprend avec la mort de cet homme au bord de la route et son sac rempli d’argent. Et tout le reste du roman va garder ce rythme. On aura quelques instants d’apaisements certes, mais elles chavirent vite dans le malaise voir la folie. D’ailleurs, la narration, se divisant entre les différents points de vue des personnages, participe beaucoup à ce sentiment tendu.

Les personnages… Bon sang ! Je vais commencer par Lucie Henebelle. C’est la première enquête que nous suivons de la jeune femme. Maman de jumelles,  elle est épuisée par ses nombreuses nuits blanches et espère prouver qu’elle est capable de résoudre des affaires criminelles. Derrière cet aspect assez basique, se révèle un personnage bien mystérieux: Lucie semble avoir une véritable attraction pour les histoires criminelles, se posant des questions sur leurs méthodes et la psychologie des meurtriers. Pour vous dire, cette affaire est une aubaine pour elle, bien plus intéressante que les mains-courantes. Mais l’essentiel de votre curiosité pour cette femme, après avoir pris connaissance de ses diverses lectures, se portera sur son armoire, fermée à clé, qui conserve sa « part sombre ». Que cache-t-elle ?

Pour Vigo et Sylvain, on est témoin de l’influence néfaste de cette somme d’argent sur leur amitié: L’un est aveuglé et l’autre dans la crainte. Ce « cadeau de noël » va pousser ses hommes jusqu’aux frontières de l’enfer.

Et enfin le « monstre »: cette personne qui commet tous ses crimes, au fil des pages, peut être définie que par un seul mot: folie. Oui, la folie pure qui pulse dans chacune de ses pensées et de ses gestes. On est surpris quand son identité se dévoile, car ce n’est pas la figure type du criminel, mais ce n’est pas pour autant impossible. Mais ce que j’ai vraiment apprécié dans le traitement de ce personnage par l’auteur, c’est l’aura de mystère qui l’entoure. Pourquoi ce personnage se conduit-il comme cela ? Qu’est-ce qu’il l’a poussé à être ainsi ? Ici pas de passé, pas de raison: Juste de la folie. « Le monstre » en est plus que terrifiant. Parfois, des personnes sont justes mauvaises. Pas besoin d’explications ou d’excuses.

« Mais Kloliane ! Les poupées ? » (Oui, parfois j’imagine que vous me posez des questions). Ah, les poupées ! Elles ont une part essentielle au sein de cette affaire criminelle. Cet objet, comme je vous l’ai dit, représente une forme d’immortalisation. Un peu comme une certaine méthode utilisée depuis la préhistoire… 

CONCLUSION:

La plume de Franck Thilliez est vive et efficace et vous plonge sans aucune retenue dans une histoire poisseuse et haletante. Pas de temps mort, pleine de tension, vous ne soufflerez qu’à la dernière ligne. Le choix de cadre de l’histoire, dans le nord de la France, lieu si proche de nous, donne une part réaliste et bien plus effrayante que si elle se passait à des millions de kilomètres. D’ailleurs, attention aux plus sensibles !

Quelques questions resteront sans réponses. Mais n’est-ce pas là, la beauté du mystère et une source pour votre imagination ?

Le seul, tout petit reproche que je puisse faire, c’est parfois la sensation « d’envolée lyrique » de certaines phrases qui m’a fait un peu sourire.

J’ai voulu juste découvrir la plume de Franck Thilliez, je ne pensais pas chavirer, pour elle, au fil des mots et de bouillonner de curiosité pour le personnage de Lucie Henebelle… Hum… Qu’est-ce qu’il y’a dans son armoire…

(Image de Szklanooka)