Chroniqueur littéraire: cet obscur métier…

Chroniqueur littéraire: cet obscur métier…

Parmi les métiers du livre, celui d'éditeur, de libraire ou de bibliothécaire nous sont plutôt familiers. Mais il y a des métiers plus «obscurs», dont celui de chroniqueur littéraire. Martine Desjardins, auteure et chroniqueure littéraire pour le magazine L’actualité, a très aimablement accepté de répondre à mes questions, histoire d'y voir un peu plus clair sur cette mystérieuse profession.
Comment devient-on chroniqueur littéraire?Comme dans toute profession, il faut d’abord acquérir une solide culture générale et ensuite se spécialiser. Pour ma part, j’ai passé mon adolescence plongée dans les grands classiques avant de m’intéresser aux auteurs contemporains. J’ai fait des études universitaires en russe et en italien, puis une maîtrise en littérature comparée. Je suis entrée par la petite porte des salles de rédaction de divers magazines, où j’ai fait 36 métiers.Mais j’ai toujours continué de suivre de près le monde littéraire et en 2007, L’actualitém’a proposé de tenir la chronique Livres.Parmi tous les ouvrages qui te passent sous le nez, comment arrives-tu à choisir les livres sur lesquels tu feras une recension?Les lecteurs de L’actualitésont des gens foncièrement curieux et avides d’information. Ils cherchent des livres qui les aideront à comprendre l’environnement dans lequel ils vivent et ce qui se passe dans le reste du monde. Ils veulent aussi savoir quelles sont les nouvelles tendances en littérature, qui sont les figures de proue de ces mouvements, quels jeunes auteurs sortent du lot. Ce sont leurs intérêts qui guident mes choix.Quelle est la part de subjectivité dans une critique?Préférablement limitée, dans mon cas. Si j’avais le malheur de suivre mes penchants naturels, je n’encenserais que les curiosités littéraires étranges, gothiques ou fantastiques...Quels sont les aspects du métier que tu préfères?Être forcée de me taper des livres que je ne lirais jamais autrement. Je finis ainsi par m’intéresser à des sujets qui ne m’attirent pas, par découvrir des qualités chez les auteurs avec lesquels j’ai peu d’affinités, par m’acclimater à des styles qui me sont rébarbatifs.
Et ceux que tu aimes le moins?Être forcée, par manque de temps, de lire très très vite, et, par manque d’espace, de passer sous silence des livres qui méritent pourtant toute notre attention et nos louanges. Il n’y a rien de plus déchirant que de laisser de côté une œuvre qui a parfois nécessité des années de travail.Les critiques littéraires, au Québec, sont-ils trop gentils-polis?Je ne comprends pas toujours leur enthousiasme pour certains auteurs. Cela dit, l’espace médiatique réservé aux livres est si restreint qu’il serait absurde de l’encombrer avec les mauvais bouquins qui, eux, ne manquent pas. 

En tant qu’auteure, que penses-tu des critiques qui portent sur tes romans? Je suis bien trop poule mouillée pour les lire!Je me contente de mesurer leur longueur à la règle, comme Joseph Conrad.
Selon toi, quel rôle jouent les blogues littéraires dans la diffusion de la littérature?Un rôle crucial, en ces temps où la littérature est la parente pauvre des médias traditionnels. C’est un lieu de découvertes, d’analyses en profondeur, de discussions, qui a de plus l’avantage de présenter ses sujets sous une forme très libre.
Quels sont tes derniers coups de cœur littéraires?Le temps du paysage, d’Hélène Dorion. La chambre Neptune, de Bertrand Laverdure. Brève histoire de sept meurtres, de Marlon James.
Que lis-tu en ce moment?Mektoub, de Serge Lamothe.
Ce métier, qui met la lecture au premier plan, me fait très très envie. Pas vous?