Tout écrit de Pierre Pevel étant impatiemment attendu, j’ai acheté les trois livres d’un coup, petit cadeau fait à moi-même pour l’occasion. Il faut aimer Pevel pour faire ce sacrifice, je vous le dis tout de suite. A presque 18 € le tome, je vous laisse faire le calcul, d’autant que chaque livre ne dépasse pas les 250 pages. Il eût été plus sympa de vendre les 7 cités en un seul volume, et je préviens d’ores et déjà les gars de Bragelonne : si la cote de Pierre Pevel s’envole à ce point là (je pense notamment à la prochaine sortie de la nouvelle basée sur les Lames du cardinal, je crains le pire au niveau prix !), ce sera sans moi ! Après tout, les bibliothèques municipales sont bien utiles pour les petits budgets, profitons-en que diable ! Mais je referme cette parenthèse sur de basses considérations matérielles pour évoquer plutôt la trilogie.
Les fans de Pierre Pevel y trouveront leur compte, rien ne manque, ni le panache et les aventures, ni les coups bas, les trahisons et les complots, les retournements de situation, et on se prend vite d’affection pour la petite bande de cambrioleurs, Iryän et Svern en tête. Le premier est mi-homme, mi-drac, le second est un Skande pour lequel on se sent une sympathie immédiate. La ville de Samarande est presque un personnage à elle seule et Pierre Pevel excelle à rendre les ambiances d’une ville peu recommandable du Haut-Royaume où la pègre et les voleurs de seconde zone se partagent les rues.
Au fil des trois romans, et à partir d’une banale affaire de vol de diamant, Iryän et ses complices vont se retrouvés confrontés à des créatures bien plus redoutables qu’un préfet de nuit. Le ton léger du premier volume n’est plus qu’un souvenir à la fin de troisième volet, au terme d’aventures sanglantes ponctuées de morts violentes et de scènes de tortures, heureusement peu nombreuses.
Si je ne m’abuse, cette trilogie est une oeuvre de jeunesse, remaniée pour intégrer le cycle du Haut-Royaume. Et si on y regarde bien, on trouvera en germe certains éléments, réutilisés et améliorés notamment dans les Lames du Cardinal et la trilogie Wielstatd.
Comme à son habitude, l’auteur a su donner vie à un personnage diablement attachant, même s’il est également entouré de comparses dignes d’intérêt. Ce sang-mêlé, loyal et fidèle à ses amis, capable de tout sacrifier pour une vengeance, inspire à la fois une franche sympathie et un brin de méfiance tant il se laisse emporter facilement par sa nature drac.
Bien que je place cette trilogie un cran en-dessous des autres oeuvres de Pevel, j’ai pris davantage de plaisir à cette lecture que pour certains « mastodontes » de la littérature fantasy anglo-saxonne. Pevel reste une valeur sûre de ce genre littéraire, pas de doute là-dessus !