En retard, en retard, j’ai rendez-vous quelque part. Je n’ai pas le temps de dire au revoir, je suis en retard, en retard !

Par Loulou Coco

Pour les fans de Disney et les fans d’Alice au pays des merveilles, vous aurez reconnu dans le titre la fameuse phrase du lapin blanc. Juste un petit clin d’œil, pour aborder notre sujet du jour : voici un opus sur les lapins dans les albums jeunesse ! Tout doux, fripons, mignons, gambadant dans les champs ou prêts de finir à la casserole, tout le monde aime les lapins. Alors voici une sélection de lapins littéraires plus ou moins connus, pour ravir les amoureux des Léporidés (lapins + lièvres, vous vous coucherez moins bêtes ce soir…).

Pierre Lapin de Beatrix Potter, publié en 1902

Pierre Lapin est un bien intrépide petit lapereau. Sa maman n’a de cesse de le mettre en garde pour qu’il ne sorte pas du périmètre réglementaire. Mais Pierre n‘en fait qu’à sa tête. Les carottes du jardin d’à côté ont l’air bien trop appétissantes pour qu’il ne se laisse pas tenter… Pierre franchit la barrière croque dans une carotte. Hum, que c’est bon ! Mais le propriétaire du jardin, un humain, ne l’entend pas de cette oreille ! S’ensuit alors une chasse au lapin mémorable où Pierre Lapin en perd son beau gilet !

On ne pouvait pas ne pas commencer par le premier lapin anthropomorphisé le plus célèbre de la littérature de jeunesse ! Beatrix Potter a créé un grand nombre d’histoires avec de petits animaux dans leur quotidien humanisé, dont plusieurs avec des lapins. Pierre Lapin est le premier d’une longue lignée. En plus d’un texte simple, court et rythmé, les illustrations sont magnifiques. Pierre Lapin et les autres récits de Beatrix Potter ont un goût d’antan, mais sont toujours d’actualité.

Les histoires de Miss Potter existent en version séparée, mais la couverture que je vous présente est celle du Grand Livre de Beatrix Potter (paru chez Gallimard jeunesse en 2007), rassemblant l’intégrale des 23 contes classiques et 4 histoires inédites, pour le plus grand plaisir des collectionneurs !

Je veux des pâtes ! de Stephanie Blake, paru en 2008 à L’Ecole des loisirs

Simon est un petit lapin un peu capricieux. Dans cet opus, il ne veut manger que des pâtes. Son papa et sa maman ont beau lui proposer plein d’autres bons repas, Simon refuse tout et crie partout qu’il ne veut que des pâtes. Jusqu’au soir où, réfugié dans sa chambre, il entend son papa dire à sa maman que son gâteau au chocolat est vraiment très bon. Simon a un petit peu envie d’y goûter lui aussi… Mais pour y avoir accès, il y a l’étape de la soupe avant tout.

En seconde position, je vous présente donc un lapin beaucoup plus récent, mais qui est devenu aujourd’hui un incontournable de la littérature de jeunesse actuelle. J’ai pris Je veux des pâtes ! en exemple pour une bonne raison : c’est le seul que je possède dans ma bibliothèque. Mais il existe une longue série sur ce petit lapin dont le premier est sorti en 2002 et le dernier cette année. Les thèmes de ces albums sont très variés, mais abordent tous une problématique liée à l’enfance. Que ce soit un problème de vocabulaire, d’actions du quotidien, de bouleversement que peut vivre un enfant, de caprice… tous les thèmes collent à la peau de ce pauvre Simon, parfois accompagné de son petit frère. La différence entre ces albums et la multitude d’autres qui existent pour parler d’un thème précis à un enfant, c’est que les petites histoires de Stephanie Blake sont très simples, sans fioritures, notamment au niveau des illustrations.

N’hésitez plus, c’est un plaisir pour tous les petits !

Petit Lapin Rouge de Rascal (texte) et Claude K. Dubois (illustrations), paru à L’école des loisirs en 1994

Petit Lapin Rouge doit traverser la forêt pour amener à sa Grand-Mère un panier rempli de pain d’épice, de carottes et de sirop pour la toux. Mais quelle stupeur quand, en chemin, il rencontre le Petit Chaperon Rouge, le vrai ! Petit Lapin Rouge lui explique qu’il adore son histoire, même si elle se finit mal. Double stupeur quand le petit lapin apprend que lui aussi fait l’objet d’une histoire qui ne se finit pas très bien. Les deux acolytes décident alors de jouer un tour aux écrivains, de réécrire à leur guise leurs histoires et de les faire finir plutôt bien. Enfin, tout dépend du point de vue…

Pour mon troisième récit de lapin, un mix entre l’ancien et le contemporain. Comme vous l’avez compris, on a affaire à une réécriture du Petit Chaperon Rouge de Charles Perrault (repris ensuite par les frères Grimm) à la sauce Rascal, écrivain belge à l’humour mordant, ayant toujours le crayon qui fait réfléchir les enfants sans en avoir l’air. Un récit drôle et mis en avant par l’intermédiaire des superbes illustrations de Claude K. Dubois.

Madame Le Lapin Blanc de Gilles Bachelet, paru au Seuil jeunesse en 2012

On connait bien le Lapin Blanc d’Alice au pays des merveilles. Mais on connait moins l’envers du décor. Eh oui, ce n’est pas juste un lapin pressé. Monsieur a une famille, avec une femme et plein de lapinous ! A travers Madame Le Lapin Blanc, découvrez le point de vue de la femme du lapin blanc. Avec son mari continuellement en retard, celle-ci doit s’occuper seule de sa petite famille et est débordée. Avec une ado rebelle, des jumeaux cascadeurs, deux autres petits touchent à tout et un bébé hurleur, la vie n’est pas simple. Et allez donc trouver mille et une façons de cuisiner les carottes pour satisfaire tout ce petit monde !

Bon, bon, j’entends d’ici les fans d’Alice au pays des merveilles râler parce que je ne parle pas du lapin blanc. Alors je fais plaisir au lecteur et je leur sers l’histoire de celui-ci, la face cachée d’Alice au pays des merveilles, des révélations exclusives sur sa vie privée ! On se retrouve ici face au journal intime, et donc aux pensées secrètes, d’une maman débordée par les évènements. Un album drôle au possible, truffé de détails que seuls les adultes comprendront et qui rendent donc cette lecture intergénérationnelle.

Le dîner de Michel Van Zeveren, paru en 2011 à L’école des loisirs

Lorsque Grand Lapin sort faire les courses pour le dîner, Petit Lapin en profite pour filer jouer dans les bois. Malheureusement, il va se faire attraper par Grand Loup et c’est lui qui risque de servir de dîner ! Petit Lapin est rangé dans le frigo en attendant d’être cuisiné. Mais Petit Loup est impatient. Quand il ouvre le frigo pour tenter de croquer un bout de son repas, Petit Lapin se sauve et rentre chez lui ! Heureusement, Grand Lapin n’est pas encore rentré et ne saura rien de son escapade.

Un album simple, drôle, plein de malice, qui fera rire petits et grands. Je vous le présente principalement parce que j’adore l’auteur, Michel Van Zeveren, que j’ai découvert avec des histoires de cochons (je n’en dis pas plus, peut-être que je ferai un opus sur les cochons un de ces jours !). Toujours des textes courts mais percutants, et des illustrations douces qui correspondent plus que bien à la collection Pastel de L’école des loisirs.

Mords-le ! de Michel Backès, sorti en 2007 à L’école des loisirs

Simon, le chasseur, et Fidèle, son chien, partent à la chasse aux lapins. Mais ils ne tombent que sur un riquiqui lapin de rien du tout. Pour échapper aux griffes de Simon et Fidèle, le petit lapin leur propose de les emmener dans un endroit où il y a de plus gros lapins que lui. Tout heureux, et pas méfiants pour deux sous, les chasseurs suivent Lapinou. C’était un piège ! La famille de Lapinou est en fait une famille de lapins géants, surpassant largement Simon et Fidèle. Les deux humains sont capturés et engraissés (aux carottes et aux navets), pour servir de repas d’anniversaire à Lapinou.

Celui-ci ne fait pas partie de ma bibliothèque, mais mon œil a ripé dessus dans les rayonnages de la médiathèque car les illustrations me faisaient énormément penser au style de Philippe Corentin. Ce n’est finalement pas le cas, mais cela m’a permis de découvrir un autre auteur/illustrateur de L’école des loisirs que je ne connaissais pas du tout. En plus, il s’avère que l’histoire se rapproche finalement assez fortement de l’humour de Philippe Corentin. Un peu tiré par les cheveux, mais d’un naturel déconcertant. J’adore et les petits en raffolent !

Devine combien je t’aime ? de Sam McBratney (texte) et Anita Jeram (illustrations), à l’Ecole des Loisirs en 1994

Pour Petit Lièvre il est temps d’aller se coucher. Mais pas avant de dire à Grand Lièvre combien il l’aime. « Aussi fort que ça » dit-il en ouvrant les bras le plus possible. Grand Lièvre ouvre ses bras et lui dit que lui aussi l’aime aussi grand que ça. Hum, c’est plus grand que ce que Petit Lièvre peut faire. Ça ne lui va pas, il veut montrer à son papa qu’il l’aime plus encore. S’engage alors une bataille de « je t’aime aussi grand que ça », que Petit Lièvre perd à chaque coup car Grand Lièvre peut ouvrir plus grand les bras ou sauter bien plus haut. Jusqu’à ce que Petit Lièvre, en tombant de fatigue, lui murmure qu’il l’aime aussi loin que la Lune.

J’avais prévenu au début de l’article que l’on parlerait de Léporidés ! J’ai donc le droit de caser un album avec un lièvre et non un lapin. Et puis il est tellement adorable que l’on ne peut résister, non ? Ce petit bout de chou qui veut à tout prix montrer à son papa qu’il l’aime plus que lui, quel enfant n’y a pas joué avec ses parents ? Un tout petit album, pour un grand moment de tendresse. Petite anecdote : je possède l’original en version allemande et les suites de cet album en anglais, mais pas du tout en français pour l’instant !

L’autre Guili Lapin, histoire d’une erreur sur la personne de Mo Willems, paru en 2008 chez Kaléidoscope

Trixie adore son Guili-Lapin en peluche. C’est son doudou-sans-pareil. Mais en allant à l’école, elle s’aperçoit qu’une autre petite fille a la même peluche… En plus, la maîtresse ne veut pas de doudou dans sa classe, elle les prend donc jusqu’à la fin de la journée. Heureusement, quand l’heure de la fin de la journée sonne, Trixie récupère son Guili-Lapin avec lequel elle va vivre tous les évènements de sa fin de journée, jusqu’au couché. Mais en plein milieu de la nuit, Trixie se réveille et remarque que quelque chose cloche : ce n’est pas son Guili-Lapin qu’elle tient dans ses bras, mais celui de l’autre petite fille ! Catastrophe ! Elle court chercher ses parents, qui sont obligés d’appeler les parents de Sonia pour faire l’échange, à 2h30 du matin… Au moins, dans toute cette histoire, Trixie se sera faite une nouvelle amie.

Pour finir la sélection, un album dont le lapin n’est pas humanisé, mais qui pourtant est le héros de l’histoire pour moi ! Pensez-vous, le traumatisme qu’ont dû subir les deux Guili-Lapin d’être ainsi échangés, alors qu’ils n’avaient rien demandé et qu’en plus leurs maîtresses respectives ne s’en aperçoivent pas immédiatement ! Enfants indignes ! On leur donne tout, de l’amour, des câlins, ils se mouchent dans nos grandes oreilles et voilà ce qu’on reçoit en retour !

Outre mon moment de folie, ce que j’ai aimé dans cet album c’est la conception graphique. Les illustrations sont en fait de vraies photos pour les décors, tandis que les personnages sont dessinés directement à la plume sur les photographies. Un rendu très réussi.

Avec tout ça vous n’êtes pas rassasiés en léporidés ? Pas de panique, voici quelques titres supplémentaires :

  • Toute la série sur le lapin Simon de Stephanie Blake, composée de pas moins de 18 albums !
  • Au bonheur des lapins de Marie Mimier et Béatrice Rodriguez dont j’ai déjà parlé ici.
  • La suite des Devine combien je t’aime ? de Sam McBratney et Anita Jeram.

Bonne lecture de léporidés les loulous !