Golden Boys, de Sonya Hartnett

Golden Boys, de Sonya Hartnett Golden Boys, de Sonya Hartnett

Golden Boys de Sonya Hartnett, lu par David Vatousios, Penguin Australia, 2014, 224 pages.

L’histoire

Colt Jenson et son petit frère Bastian vivent entourés de choses flambant neuves : skateboard, circuit de voiture, train électrique et même le dernier BMX. Leur père, Rex, a fait en sorte d’utiliser sa richesse pour qu’ils fassent des envieux dans la nouvelle banlieue ouvrière où ils ont déménagé.
Mais sous cette apparence de famille parfaite, n’y a-t-il pas quelque chose de déconcertant chez les Jensons ? Auprès des enfants du quartier, Rex devient une sorte de héro, mais Colt sent bien qu’il y a quelque chose chez son père qui pourrait détruire la tranquillité de leur nouvelle vie.

Note : 4/5

Mon humble avis

C’est finalement assez rare que je lise ou écoute des livres dont je n’ai pas déjà entendu parler, dans des chroniques, ou que j’ai tout simplement vu à répétition dans des photos de blogueurs – ce qui signifie généralement que le livre est apprécié. Mais je n’avais pas de titres particuliers en tête et la lecture de la quatrième de couverture m’a suffisamment intriguée pour que je choisisse Golden Boys. David Vatousios est un très bon conteur, il s’empreint parfaitement des deux narrateurs du livre : Colt et Freya, respectivement âgés de 10 et 12 ans.

Dès le début du roman, situé dans les années 70’ – 80’ en Australie, on sent que quelque cloche chez Rex, le père de Colt. Alors qu’il vient d’acheter le dernier BMX à ses fils, ces derniers ne sont que moyennement emballés. En effet, on comprend vite que les nouveaux jouets, la belle piscine et les circuits de train et de voiture ne sont pas offerts à Colt et Bastian pour faire plaisir à ses fils mais pour des raisons beaucoup plus pernicieuses.

On suit également une autre famille, les Kiley où la mère est débordée par ses six enfants, dont Freya, et le père est bien trop occupé à vider des bouteilles d’alcool. On assiste alors à tous les questionnements de Freya, l’aînée, sur la relation visiblement sans amour qu’entretiennent ses parents. Alors que sa mère est peut-être enceinte d’un septième enfant, du haut de ses douze ans, Freya se demande pourquoi ? Alors qu’ils n’ont plus d’argent, qu’ils seraient obligés de déménager, que sa mère est déjà débordée et qu’il n’y a plus aucune tendresse entre ses parents ? Toutes ces questions sont remarquablement bien amenées dans le roman et on ressent facilement de la peine pour Freya, déjà bien mature pour son âge, qui reste dans l’incompréhension. Chez les Kiley, quand le père rentre saoul, tout le monde marche sur des œufs, ce qui donne des scènes terrifiantes et rageantes à la fois.

Golden Boys traite donc des différents sentiments par lesquels passent ces enfants : culpabilité pour des choses qui les dépassent, pour les actions de leurs parents, la peur qui les entoure, le besoin de protéger les autres membres de la famille. La fin est percutante et vous serre la gorge. Parce que pas toutes les histoires ne sont des contes de fées, mais qu’aucun meurtre ou autres crimes macabres est nécessaire pour que la vie des personnages tourne au cauchemar. Tout ça ne tient à pas grand-chose, finalement.

La plume de Sonya Hartnett est un réel plaisir, parce qu’elle parvient à donner ce sentiment de pesanteur, de lourdeur aux situations sans qu’on ne se sente complètement écrasés par l’histoire. Les scènes de tension, où on ne sait pas si la violence va éclater, sont merveilleusement bien faites, à rendre le lecteur mal à l’aise et inquiet. Si j’ai énormément apprécié ma lecture, et qu’en définitive je conseille ce livre, je le ferai de façon toute relative : si ça ne va pas fort, ce n’est pas le roman qui va vous réconforter…

Enfin, ce roman n’est pas à mettre entre toutes les mains. Quelques avertissements à la suite, qui peuvent éventuellement gâcher certains éléments de l’intrigue donc vous voilà prévenus [spoilers] : Golden Boys traite de violence domestique venant d’un personnage alcoolique et un autre personnage a des tendances pédophiles. Rien de « graphique » ou sexuel mais ça reste assez pour vous retourner l’estomac.

Pour en savoir plus :

  • le site de l’auteure, avec des entretiens, une bibliographie et des ressources pour étudier les livres en classe [en anglais] : Sony Hartnett.
  • le roman a obtenu le prix du « Indie Award » dans la catégorie Fiction, et a été nominé pour d’autres prix.

Classé dans:Challenge Voix d'auteures 2016, Chroniques, Littérature étrangère, Romans Tagged: 4/5, Contemporain, Littérature australienne, Sonya Hartnett