"De Profundis" d'Emmanuelle Pirotte

Par Valentine Pumpkins @valpumpkins
Cherche-Midi - A Paraître le 25 août 20169782749151045

Voilà trop longtemps que Sadness et Groot n'avaient pas fait une apparition par ici !

Voilà un livre qui, dès le premier regard sur sa quatrième de couverture, m'avait fortement intriguée, la promesse "entre dystopie et conte fantastique" étant pour le moins originale ! Et c'est donc sans connaître l'auteure (qui en est a priori à son deuxième roman) que je me suis lancée dans cette étrange lecture, entre deux tomes du Fléau, comme je vous le disais dans mon dernier C'est Lundi. Je dois être dans une période post-apocalyptique, que voulez-vous.
Je remercie le Cherche-Midi pour l'envoi de ce roman !
De quoi ça parle
Bruxelles, dans un avenir proche. Ebola III a plongé l'Europe dans le chaos : hôpitaux débordés, électricité rationnée, fanatismes exacerbés. Roxanne survit grâce au trafic de médicaments et pense à suivre le mouvement général : s'ôter joyeusement la vie. Mais son ex-mari succombe au virus, lui laissant Stella, une fillette étrange dont elle ne s'est jamais occupée. Quand une bande de pillards assassine sa voisine, Roxanne part pour un hameau oublié, où l'attend une ancienne maison de famille. La mère et la fille pourront-elles s'adapter à ce mode de vie ancestral et à cette existence de recluses ? Entre dystopie et conte fantastique, De profundis est un roman hors normes. Une plongée en enfer, doublée d'une fabuleuse histoire d'amour.
Et ça donne quoi
N'y allons pas par quatre chemins, De Profundis n'a malheureusement pas su me convaincre. Pourtant, nous étions plutôt bien partis tous les deux ! Le début est plutôt agréable et original, nous nous retrouvons à Bruxelles, à une époque qui ressemble de très près à la nôtre, l'évolution d'une maladie bien connue a décimé une bonne partie de la population, nous suivons alors Roxanne, jeune femme brisée, plutôt esseulée et loin de ressembler à nos héroïnes de dystopie habituelle. Peu attachante, Roxanne reste très étonnante et j'ai eu envie de la suivre dans cette Belgique transformée. Mais c'est par la suite que ça se corse.
Roxanne récupère la garde de sa propre fille Stella, enfant lunaire (comme son nom l'indique), et décide, pour leur sécurité de partir dans un bled paumé, loin de l'agitation de la grande ville et hors de portée des gangs qui s'y sont développés. Et c'est là que Titine (c'est toujours moi, Titine), elle a été larguée. L'ambiance change tellement radicalement que vous avez la nette impression que quelqu'un a subrepticement échangé votre livre avec une romance fantastique. Du genre "Elle couche avec un loup-garou", voyez. Un être évanescent, une sorte de fantôme fait alors son apparition et, à partir de là, je suis bien en peine de vous en dire plus parce que, vraiment, j'ai rien compris. Nous basculons entre les souvenirs de ce gentleman, essayant tant bien que mal de se remémorer sa propre histoire, les pensées de Stella, cherchant l'affection d'une mère absente, et la fameuse mère absente, Roxanne donc, tombant petit à petit sous le charme du bonhomme. Au milieu de tout cela, vient s'incruster un récit un peu policier, à base de meurtre et de tueurs en série pas très sympathiques.
Si la partie Stella/Roxanne m'a plutôt intéressé (je pensais que l'histoire d'amour en question, citée par la quatrième de couverture, aurait été filiale plus que romantique, grosse surprise donc) et attendri, je suis totalement passée à côté de la beauté du fantastique tel qu'il nous est proposé par l'auteure, tout cela manquait clairement d'émotion et, oserais-je dire, de "réalisme" pour moi. Pourtant, je suis plutôt du genre à accepter tout et n'importe quoi sous couvert de la fiction et suis très friande de fantastique et de paranormal, mais là, ça ne l'a pas fait. Je suis donc restée sur ma faim, espérant sans cesse que l'auteure allait recentrer son récit autour de la fragile et naissante relation entre la mère et la fille.
Le contexte m'a aussi paru survolé, si la première partie nous développe assez bien le côté post-apo, il n'en est quasi plus question par la suite, après le déménagement à la campagne (campagne très étrangement traitée, d'ailleurs, presque "trop rurale" pour être réaliste) et je me suis alors posée la question de sa nécessité. Il m'a clairement semblé, au fil de ma lecture, qu'Emmanuelle Pirotte n'avait pas su se positionner dans le genre qu'elle avait voulu donner à son ouvrage, fantastique, dystopie, post-apo, romance, etc. ? Tout cela n'est pas assez clair et tout reste donc trop à la surface pour moi.

2/5


En Bref
Malgré quelques qualités au début, des personnages originaux dans leurs imperfections, une belle écriture et un univers réaliste et meurtri, je suis malheureusement restée totalement en dehors de De Profundis. Comme je l'ai déjà dit, je n'aurais peut-être pas dû le lire entre les deux tomes du Fléau de Stephen King puisque le contexte, bien que ressemblant, n'arrive même pas à la cheville du petit orteil du maître de l'horreur pour moi. J'ose espérer que c'est là d'où vient ma déception et que ce roman trouvera son public. Je lui ai retrouvé un petit côté malsain du Diable sur les épaules de Christian Carayon ou, d'un peu plus loin, d'Un Roi sans Divertissement de Jean Giono, sans que, toutefois, je puisse mettre le doigt sur ce que je leur trouve de vraiment ressemblant. Dommage, donc !