Les faits sont avérés. Éric Faye s'en est emparé pour créer un roman choral où plusieurs destins se croisent et s'entrecroisent. Parmi ces destins, il y a entre autres celui d'un caporal américain, celui d'une collégienne japonaise de treize ans, celui d'un archéologue japonais, celui d'une future infirmière japonaise. Rapidement, les autorités japonaises baissent les bras. Les affaires sont classées et les familles abandonnées à leur sort. On cesse de parler des disparus.
La première partie du roman présente plusieurs cas de disparition survenue dans les années 1970. La deuxième porte plus précisément sur certains de ces cas. Dans la troisième partie, le mystère commence à se dissiper grâce à un fonctionnaire des services de renseignement japonais chargé de visionner des films de propagande nord-coréens. L'apparition, dans un de ces films, d'un Américain qui joue le rôle du méchant Américain soulève des doutes. Une enquête commence. Vingt-cinq ans plus tard, un journaliste ressort l'affaire… Les Japonais enlevés commencent à réapparaître.Et plus succinctement, dans
Le Figaro:Lorsqu'en 1953 la Corée a été coupée en deux, au niveau du 38e parallèle, après une guerre meurtrière, aucun armistice n'a été signé. La Corée du Nord est restée en état de guerre virtuelle avec celle du Sud, le Japon et les États-Unis, en cultivant sa singularité sur le terreau d'une hystérie guerrière, en se fossilisant en une gigantesque secte de 23 millions d'habitants. Tous les contacts avec le monde extérieur étaient coupés, l'URSS et la Chine s'étaient érigés en «protecteurs» de ce régime dantesque. En 1976, KimJong-il, le «prince héritier» de Kim Il-sung, décidait de moderniser ses services d'espionnage: il lui fallait des professeurs de langues étrangères, pour que ses espions puissent se fondre dans le paysage qui avait tant changé, en Occident. Les Nord-Coréens enlevèrent donc à tour de bras, au hasard, des femmes, des enfants, des couples, une mère et sa fille revenant de faire leurs courses… François Hauter, «Les captives étrangères de la Corée du Nord», 21 avril 2008.Par ailleurs, peu familière avec de la culture asiatique, je me suis emmêlée les pinceaux à plusieurs reprises avec le nom des personnages. Qui parle? C'est qui lui, déjà? C'était quoi son histoire? Je me suis aussi perdue dans le temps: on est rendu en quelle année, là? Bref, c'était ardu, alors que j'avais vraiment envie que ça ne le soit pas! Éclipses japonaises, Éric Faye, Seuil, 240 pages, 2016.★★★★★© Jérémie Souteyrat