Rentrée littéraire 2016
Présentation de l’éditeur, qui en dit plus que la quatrième de couv’, sans en dire trop.
– Manhattan, 1909 : Cetta et son fils, renommé Christmas par les fonctionnaires d’Ellis Island, s’élancent dans le rêve américain, fuyant la misère de leur Italie natale…
– New Jersey – Manhattan. 1922 : Ruth, treize ans, fait le mur avec le jardinier pour s’émanciper des mœurs bourgeoises de sa famille…
– Manhattan, 1922 : Les Diamond Dogs, le Gang de Christmas a désormais un nom…
Ce gros roman qui se lit d’un trait nous a bouleversé par son écriture aussi efficace qu’éprouvante. Le style de Di Fulvio ne prend pas le temps de se chausser pour courir mais tous ses personnages prennent corps, même, et surtout, les personnages secondaires. Réflexion sur la violence faite aux femmes, sur l’identité malheureuse, le racisme et l’incommunicabilité sociale, ce roman noir, étouffant dégage une violence animale et rédemptrice : chacun s’y bat pour conserver son intégrité et, dans la boue, le sang, la pitié, garder l’illusion de la pureté.
Dramaturge, le Romain Luca Di Fulvio est l’auteur de dix romans. Deux d’entre eux ont déjà été adaptés au cinéma : ce sera le destin du Gang des rêves, qui se lit comme un film et dont chaque page est une nouvelle séquence.
D’abord, Margaux m’a dit que ce livre était l’un de ses plus gros coups de coeur depuis plusieurs mois. Pareil pour moi.
Ensuite, elle m’a dit que vraiment, ce livre se lit comme un film. Pareil pour moi.
L’écriture de Luca di Fulvio est terriblement visuelle. Non pas qu’elle contienne des descriptions à n’en plus finir qui ralentissent le rythme de l’histoire, mais chaque personnage, chaque scène est raconté de façon tellement vivante que je me suis vraiment sentie plongée en plein coeur de cet univers, comme si j’en étais un témoin immédiat. Et puis, les pages se tournaient toutes seules. Pas besoin de suspense à couper le souffle à la fin de chaque chapitre. Mais l’ambiance était tellement agréable, intéressante, et l’histoire si pleine de rebondissements, et les personnages si attachants (j’y reviendrai, parce que ça aussi, Margaux m’en a parlé), et… et… enfin, il fallait, il FALLAIT que je lise la suite.
Elle m’a dit qu’il y a des scènes violentes mais que ce n’est pas un livre violent. Pareil pour moi.
Il y a des scènes franchement trash, l’auteur ne mâche pas ses mots et ne nous épargne pas. Mais aucune scène de violence n’est gratuite, chacune sert à développer l’intrigue ou à approfondir la psychologie des personnages. Je n’ai pas été choquée, mais certaines scènes m’ont été pénibles à lire tant je ressentais de l’empathie pour les personnages. Et pourtant, je conseille à tout le monde de lire ce livre, même les sensibles, ceux ou celles qui se considèrent comme des « petites natures », même les pacifistes, les non violents. Et tous les autres, et toutes les autres. Si MOI, j’ai pu lire ce livre, et survivre à quelques scènes plus dures, vraiment, allez-y!
Elle m’a dit qu’il y avait des histoires d’amour mais que ce n’était pas mièvre. Pareil pour moi.
Vous savez que j’aime beaucoup les histoires d’amour, mais que je ne suis pas très fan de guimauve. Je n’aime pas quand c’est trop sucré. Eh bien ici, c’était juste touchant. Parfois triste, parfois amusant, parfois révoltant… mais jamais, jamais mièvre.
Elle m’a dit que quand elle prenait le bus, elle était contente à l’idée de pouvoir se replonger dans le livre, et retrouver les personnages qui lui ont un peu manqué, quand elle a définitivement refermé le livre. Pareil pour moi.
Parce que malgré la violence, malgré les injustices, les personnages sont presque tous emprunts d’une profonde humanité. Je me suis attachée au personnages. Pour la première fois de ma longue vie de lectrice, j’avais réellement l’impression de retrouver une bande de potes à chaque fois que j’ouvrais le livre. J’étais heureuse quand je prenais le bus, quand je me posais dans un canapé… Comme quand on revoit des amis qui nous manquent, même si on vient de les quitter. J’ai trainé exprès, en lisant ce livre, pour faire durer le plaisir, et moi aussi, j’ai l’impression que ces personnages-là allaient me manquer à la fin de ma lecture.
Et puis, il y a ce que Margaux ne m’a pas dit. Parce que c’est pas facile d’improviser une critique littéraire orale pour un livre si beau si foisonnant. Alors, sans rien déflorer, j’ai envie de vous dire, moi aussi, quelques petites choses qui ont aussi contribué à cet immense plaisir de lecture.
Ce roman se passe dans le New York des années vingt. Moi, je connais celui des années 2000. Je l’adore. Quand j’y vais, mon cerveau me dit home. Alors évidemment, lire un livre dont l’intrigue se déroule au coeur de la Big Apple, ça me plait. Mais les années 20, c’est la prohibition, la guerre des gangs, la gloire du Music Hall, le bruit, la fureur, le cinéma, le rêve américain avec ses espoirs parfois déçus et parfois réalisés… New York est également l’un des personnages principaux de ce roman foisonnant et passionnant.
J’ai envie que tout le monde lise ce livre dont on ne parle pas assez. J’ai envie de voir des gens le prendre en main, et des yeux s’illuminer juste à la vue de la magnifique photo de couverture. J’ai envie que vous ne vous posiez pas trop de questions, et que vous fonciez. Je vous promets que pas un mot n’est superflu dans cette oeuvre magistrale (voilà, c’est dit). Je vous promets que de bout en bout, vous vous offrirez 720 pages de plaisir si vous suivez mon conseil.. Je ne vous promets pas que vous en redemanderez, après le mot « fin » (je ne sais plus s’il y a le mot fin), mais je crois que vous vous direz que vous avez bien fait, de lire ce bouquin fantastique.
Si vous n’êtes pas convaincus (et même si vous l’êtes, en fait), je vous encourage à aller lire une très belle chronique, ici.