Petit pays Gaël Faye Grasset

  Petit pays Gaël Faye Grasset

Avant la guerre, il y avait l’enfance d’un petit garçon au Burundi. Auprès de sa mère rwandaise, de son père français et de sa grande sœur Ana, Gabriel menait une vie heureuse. Avec ses copains de l’impasse, les journées passaient au rythme des parties de pêche au bord de la rivière Muha et des fous rires dans le vieux combi Volkswagen abandonné. « Nos mains étaient poisseuses, nos ongles noirs, nos rires faciles et nos cœurs sucrés. », dira-t-il plus tard.
Avant la guerre, il y avait eu le premier choc dans la vie de Gabriel : le désamour de ses parents. Les disputes, puis la séparation.
Et puis un jour, quelque chose a changé dans le fond de l’air : les premiers échos de la guerre du Rwanda étaient arrivés. Suivis ensuite par ceux du massacre des Tutsis. Sans nouvelle des siens,  Yvonne, la mère de Gabriel, se rend dans un Rwanda en feu. Ce qu’elle y verra la rendra complètement folle et c’est par hasard parmi des réfugiés, que son mari la retrouvera, perdue dans un monde où ses enfants n’auront plus jamais leur place.
Un jour, la bande de copain avec qui le temps coulait dans l’insouciance devient un gang armé dans un Burundi à la dérive après un coup état. Gabriel découvre alors l’innommable.

Pour lui, rien ne sera plus jamais pareil. On passe alors de la naïveté d’un petit garçon qui observe le monde des adultes autour de lui à la constatation de l’horreur absolue.

Petit pays m’a marqué et me marquera pour longtemps. Il raconte l’émerveillement d’un enfant devant la vie. Il raconte l’enfance brisée par la guerre. Il raconte l’exil et la nostalgie d’un adulte pour son pays.

Ce livre est tout simplement magnifique.

L’auteur

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Franco-rwandais, Gaël Faye est auteur compositeur interprète de rap. Aussi influencé par les littératures créoles que par la culture hip hop,  il sort un album en 2010 avec le groupe Milk Coffee & Sugar (révélation Printemps de Bourges). En 2013 paraît son premier album solo,  Pili Pili sur un Croissant au Beurre. Enregistré entre Bujumbura et Paris, il se nourrit d’influences musicales plurielles : du rap teinté de soul et de jazz, du semba, de la rumba congolaise, du sébène… Petit pays est son premier roman. 

 EXTRAITS

« Ma vie ressemble à une longue divagation. Tout m’intéresse. Rien ne me passionne. Il me manque le sel des obsessions. Je suis de la race des vautrés, de la moyenne molle. Je me pince, parfois. Je m’observe en société, au travail, avec mes collègues de bureau. Est-ce bien moi, ce type dans le miroir de l’ascenseur ? Ce garçon près de la machine à café qui se force à rire ? Je ne me reconnais pas. Je viens de si loin que je suis encore étonné d’être là. Mes collègues parlent de la météo et du programme télé. Je ne les écoute plus. Je respire mal. J’élargis le col de ma chemise. J’ai le corps emmailloté. J’observe mes chaussures cirées, elles brillent, me renvoient un reflet décevant. Que sont devenus mes pieds ? Ils se cachent. Je ne les ai plus jamais vus se promener à l’air libre. Je m’approche de la fenêtre. Le ciel est bas. Il pleut un crachin gris et gluant, il n’y a aucun manguier dans le petit parc coincé entre le centre commercial et les lignes de chemin de fer. »

« Au temps du bonheur, si l’on me demandait « Comment ça va ? » je répondais toujours « Ça va ! » Du tac au tac. Le bonheur, ça t’évite de réfléchir. C’est par la suite que je me suis mis à considérer la question. A soupeser le pour et le contre. A esquiver, à opiner du chef. D’ailleurs, tout le pays s’y était mis. Les gens ne répondaient plus que par « Ça va un peu ». Parce que la vie ne pouvait plus aller complétement bien après tout ce qui nous était arrivé.»


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