L'île du serment

Par Marjogch

Peter May

De mémoire d'homme, aucun meurtre n'a jamais eu lieu sur l'île d'Entrée, située dans l'archipel de La Madeleine, à l'est du Canada, et peuplée par une poignée de familles d'origine écossaise pour la plupart. Jusqu'à cette nuit de tourmente où James Cowell est poignardé à mort. Sa femme prétend qu'un assaillant s'en est pris à elle avant de tuer son mari, mais tous suspectent cette épouse d'un couple vacillant.

Tous, sauf Sime Mackenzie. Seul anglophone parmi les enquêteurs envoyés sur place, il éprouve un choc en découvrant Kirsty Cowell: le sentiment irréfutable de la connaître depuis toujours. Isolé dans une équipe où œuvre comme spécialiste des scènes de crime son ex-femme Marie-Ange, meurtri par l'échec de son mariage, rompu par l'insomnie, Sime sombre dans un état second où la réalité se mêle à des rêves étranges, faisant ressurgir l'histoire de son aïeul, expulsé de l'île de Lewis dans les années 1850, au moment de la Famine de la pomme de terre.

Avec la certitude folle que le destin de Kirsty comme le sien se sont noués là, quelque cent cinquante ans plus tôt, dans un amour interdit qui n'a cessé de brûler ni de hanter. Le face-à-face entre le détective et la suspecte sur une falaise escarpée de l'île d'Entrée se superpose à l'image sépia d'une adolescente embrassée à l'ombre des pierres levées puis perdue sur un quai de Glasgow, dans le tumulte d'un navire qui déporte des milliers de misérables vers le Nouveau Monde.

Nous démarrons ce livre avec le meurtre de James Cowell sur l'île d'Entrée dans le Golfe du Saint-Laurent au Canada. L'équipe de police arrive sur place et nous allons suivre les aventures de Sime Mackenzie, policier insomniaque, solitaire et qui essaye de se remettre de son divorce douloureux.

Kirsty Cowell est la principale suspecte de cet assassinat pour la police. Ce meurtre est le départ d'une histoire passionnante partagée entre le Canada et les Nouvelles Hébrides l'île Lewis, plusieurs époques entre 1847 et maintenant. Et tous ces personnages sont liés sans le savoir par leurs ancêtres.

Comme souvent avec Peter May, il y a une partie historique avec en 1847 sur l'île Lewis la famine qui s'installe et les riches propriétaires chassant leurs métayers et les mettant de force dans les bateaux en partance pour le Canada ou l'Amérique.

Au fur et à mesure de cette avancée de l'enquête, le puzzle se met en place, il y a le passage du temps et le relais entre les générations, la relecture des carnets de l'ancêtre de Sime et ce qui a survécu comme une bague et un pendentif échangés sur un quai de Glasgow en 1847. La description des paysages de ces îles aussi bien au Canada ou sur l'île Lewis, le drame de ces familles écossaises chassées de force de chez elles, poussées à l'immigration.

Les deux personnages principaux Sime Mackenzie et Kirsty Cowell, tous les deux aussi malheureux dans leur vie, se retrouvent dans leur solitude et leur souffrance, bien que policier et accusée du meurtre de son mari.

Je vous recommande la lecture de ce livre, j'ai retrouvé le même plaisir que pour la trilogie écossaise et comme d'habitude Peter May entretient le suspens jusqu'au bout de son histoire. Je me suis attachée à Sime et Kirsty et me suis sentie presque orpheline en refermant le livre à la dernière page.

Une très jolie phrase en introduction : " Jusqu'à ce que le jour se lève et que les ombres s'enfuient " Cantique des cantiques de Salomon.

Kalou