Titre : De nos frères blessés
Auteur : Joseph Andras
Editeur : Actes sud
Date de parution : mai 2016
Lu sur liseuse
« Paris croule sous les linges lourds du ciel. »
Alger, 1956. Fernand Iveton, un jeune ouvrier communiste anticolonialiste pose une bombe dans son usine. Elle devait exploser une fois que tout le monde aurait quitté le lieu, acte symbolique sans victime. Elle a été découverte avant. Il va être condamné à mort et exécuté le 11 février 1957.
Une histoire vraie qui fait frémir a posteriori. Roland Dumas rapportera dans Coups et blessures que François Mitterand a, selon lui, tenu à abolir la peine de mort pour se « racheter », aussitôt parvenu au pouvoir, de ses décisions lors de la guerre d’Algérie, parmi lesquelles, l’exécution de Fernand Iveton, mort « à cause de l’opinion publique »…
Les chapitres racontent en alternance l’histoire d’amour entre Hélène et Fernand, et les tortures puis le procès du malheureux héros. Les premiers permettant de souffler, de respirer, de prendre un peu d’air pur avant de replonger dans les horreurs de la guerre d’Algérie.
L’écriture de ce roman est d’une diabolique efficacité. Il mérite d’être lu pour deux raisons essentielles : il est d’une grande qualité stylistique, et il nous permet de découvrir un morceau honteux de notre Histoire.
Un premier roman percutant !
Les premières lignes :
« Pas cette pluie franche et fière, non. Une pluie chiche. Mesquine. Jouant petit. Fernand attend à deux ou trois mètres de la route en dur, à l’abri sous un cèdre. Ils avaient dit treize heures trente. Plus que quatre minutes. Treize heures trente, c’est bien ça. Insupportable, cette pluie sournoise, pas même le courage des cordes, les vraies de vraies, juste assez pour mouiller la nuque du bout des doigts, goutte avare, et s’en tirer ainsi. »
Les avis de Jérôme, Noukette, Micmelo, Nicole.