Chronique « Médée – tome 3, »
Scénario de Blandine le Callet, dessin de Nancy Peña, couleurs de Sophie Dumas,
Public conseillé : Adultes et adolescents,
Style : Aventure historique,
Paru chez Le Casterman, le 1er septembre 2016, 15 euros,
Share
L’Histoire
Dans l’épisode précédent, Jason d’Iolcos, aventurier, prétendant au trône, avait accompli la mission que lui avait confiée le roi Pélias. Pour prouver sa valeur, il avait été dérobé au roi de Colchide la fameuse toison d’or, son trésor, mais surtout sa fille Médée. Dans la fuite, son frère Absyrtos avait trouvé la mort. Pourtant, la jeune femme, belle et libre, avait décidé de suivre Jason par amour.
Poursuivis par l’armée des Colches, Jason et ses compagnons fuient. Ils trouvent refuge à Drépane, royaume des Phéaciens, mais sont devancés par leurs ennemis. En territoire neutre, c’est le souverain du lieu, Alkinous qui décide de leur sort. Si Médée est encore vierge, elle sera rendue à son père. Avertis par la reine, Jason et Médée se marient à la hâte et consomment leur union. Ils repartent libres vers Iolcos, où Jason vient revendiquer son trône…
Ce que j’en pense
J’avais déjà dit, dans une chronique précédente, tout le bien que je pensais de la série “Médée”. Blandine le Callet au scénario et Nancy Penà au dessin nous offrent une relecture vivante et moderne de la fameuse épopée de Jason et des argonautes. Refusant la fable classique, elles y substituent une version réaliste et documentée.
Se mettant clairement du côté de Médée, la jeune “barbare”, les deux jeunes femmes racontent l’aventure d’une femme moderne, belle, sensuelle et savante. Cette Médée est une icône vivante de la féminité moderne, pour ne pas dire du féminisme, dans un cadre antique. D’ailleurs, ses différences en font pour ses contemporains une “sorcière” capable d’horribles pratiques contre-nature, puisqu’ils ne la comprennent pas. Cette notion de “Monstruosité dans l’antiquité” à d’ailleurs été le sujet des recherches de Blandine à l’université. On peut dire que la dame connaît bien son sujet et sait l’exprimer clairement.
Ce nouvel épisode se concentre sur Médée au royaume d’Iolcos. En tant que femme, elle est maintenue à l’écart de la cour et de son mari, Jason, qu’elle ne retrouve qu’à la nuit tombée. Elle qui avait toute latitude pour apprendre et se déplacer librement, la voilà “prisonnière” des habitudes des grecques… N’en pouvant plus d’attendre que le roi vieux et malade cède le pouvoir à Jason, la belle et savante dame manigance avec les filles du roi. Drogues pour les rendre encore plus malléables et abruties, vraie médecine et fausse magie, elle complote afin d’obtenir une mort rapide du souverain…
Une fois de plus, la magie opère complètement. Le récit est intelligent, les dialogues de haute tenue, et le dessin de Nancy de plus en plus sensuel. Pour un peu, je tomberais facilement amoureux si je croisais une telle “sorcière” aux cheveux bruns bouclés et aux yeux ardents…
Je ne peux que recommander la lecture de cette série qui prend son temps pour développer des personnages complexes et installer une lecture de la Grèce antique originale et réaliste.
Plus qu’un épisode pour voir enfin, où nous emmènera ce récit beau et portrait de femme.
Cet article fait parti de « La BD de la semaine », regroupé chez « Un Amour de BD » cette semaine. N’hésitez pas à parcourir la sélection, ci-dessous.