La Fille du train, de Paula Hawkins

Par Deslivresetlesmots @delivrezlesmots

The Girl on the Train de Paula Hawkins, lu par Clare Corbett, Louise Brealey et India Fisher, Riverhead Books, 2015, 336 pages.
Édition française chez Sonatine, traduit de l’anglais par Corinne Daniellot, 2015, 378 pages.

L’histoire

Depuis la banlieue où elle habite, Rachel prend le train deux fois par jour pour aller à Londres. Le 8 h 04 le matin, le 17 h 56 l’après-midi. Chaque jour elle est assise à la même place et chaque jour elle observe, lors d’un arrêt, une jolie maison en contrebas de la voie ferrée. Cette maison, elle la connaît par cœur, elle a même donné un nom à ses occupants qu’elle voit derrière la vitre. Pour elle, ils sont Jason et Jess. Un couple qu’elle imagine parfait, heureux, comme Rachel a pu l’être par le passé avec son mari, avant qu’il ne la trompe, avant qu’il ne la quitte. Rien d’exceptionnel, non, juste un couple qui s’aime. Jusqu’à ce matin où Rachel voit un autre homme que Jason à la fenêtre. Que se passe-t-il ? Jess tromperait-elle son mari ? Rachel, bouleversée de voir ainsi son couple modèle risquer de se désintégrer comme le sien, décide d’en savoir plus sur Jess et Jason. Quelques jours plus tard, c’est avec stupeur qu’elle découvre la photo de Jess à la une des journaux. La jeune femme, de son vrai nom Megan Hipwell, a mystérieusement disparu…

Note : 4/5

Mon humble avis

Ayant écouté le livre audio, il me semble important de m’arrêter un petit instant sur les actrices. Comme le roman alterne les points de vue de trois personnages, le livre audio a trois narratrices différentes et c’est un vrai plus. J’imagine bien que cela demande bien plus de moyens, mais avoir différents acteurs lorsqu’un livre est narré par plusieurs voix, c’est un bonus non négligeable. Bon, cela signifie également qu’on peut se retrouver à écouter un livre où les acteurs ne sont pas tous au même niveau… et c’est le cas pour India Fisher, qui joue le personnage de Anna. J’ai eu l’impression qu’elle s’améliorait sur la fin du roman mais le début est vraiment difficile à écouter. Un robot. Imaginez la voix automatique de la SNCF et vous serez pas loin de la vérité…

Pour ce qui est de l’intrigue, on y rentre très facilement. Tout est fait pour nous mettre en situation, du point de vue du personnage principal: Rachel. Cette dernière vit une phase assez compliquée, que ce soit sur le plan personnel, sentimental, professionnel ou économique. Oui, elle a un peu touché le fond. Au point qu’elle se plaît à fantasmer et imaginer la vie des autres, particulièrement celle d’un couple dont elle voit la maison tous les jours depuis le train, sur son trajet pour aller au travail. Je ne pense pas que ce soit si fou, il me semble que ce n’est pas rare de se demander à quoi peut ressembler la vie d’une personne, et de s’inventer des scénarios. Certes, Rachel pousse le scénario assez loin, persuadée qu’ils vivent une vie parfaite. Jusqu’au jour où la jeune femme dont elle a imaginé la vie disparaît. Rapidement, son mari est suspecté. Mais Rachel sait que ce ne peut pas être vrai : après tout, ce couple imaginaire avait une vie parfaite.

J’ai eu, vers le milieu du roman, un profond sentiment d’agacement à l’égard de Rachel. Parce qu’elle reproduit les mêmes erreurs, continue à mentir encore et encore alors que bien sûr cela se retourne contre elle, a des comportements dangereux et hystériques… C’est un personnage très réussi en ce sens, puisqu’elle est très loin d’être parfaite, elle est tout à fait humaine. Pour la majorité du roman, j’ai su l’apprécier comme telle, mais parfois ça dépassait ce que je pouvais supporter… En revanche, les personnages féminins du roman sont un point merveilleusement positif. Sérieusement. Les trois jeunes femmes sont toutes intéressantes mais avec des caractères particuliers, des personnalités différentes, sans que ce soit stéréotypé ou forcé. C’est malheureusement suffisamment rare de trouver de telles perles dans un même roman, pour le noter.

Le rôle premier d’un thriller réussi est de bien gérer le suspens, le mystère et l’attente du lecteur. Je pense que cela fonctionne bien pour La fille du train : le lecteur mène l’enquête en même temps que Rachel et tente de découvrir la vérité. Il est possible de deviner certains éléments, mais globalement les découvertes sont toujours satisfaisantes. Certains moments sont d’ailleurs particulièrement angoissants.

Comme d’habitude, j’ai pu relever beaucoup d’éléments qui peuvent être des déclencheurs, donc je me permet de vous avertir sur une petite liste de triggers potentiels, mais qui sont également des spoilers donc lisez la suite de ce paragraphe à vos risques et périls : violences domestiques, alcoolisme, décès d’un bébé, énormément de gaslighting et mentions de pensées suicidaires.

Pour en savoir plus :


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