Chronique « Reconquêtes – tome 4, »
Scénario de Sylvain Runberg, dessin et couleurs de Jean-François Miville-Deschêne,
Public conseillé : Adultes et grands adolescents (à partir de 16 ans)
Style : Aventure historico-fantastique,
Paru chez Le Lombard, le 2 septembre 2016, 48 pages, 14.45 euros,
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L’Histoire
La horde des vivants (l’alliance des trois nations Scythes) est assiégée dans la ville de Napu. C’est là que les souverains apprennent de la bouche d’un des sorciers atlantes un secret enfoui 20 ans auparavant. A cette époque, Azaes s‘était fait passé pour le dieu Mythra pour coucher avec Argypée. En apprenant ce mensonge, Simissée, la reine Sarmate, enrage. À cause de cela, Nosia a été exécuté et Argypée à été bannie. Néanmoins, cette révélation à un point positif. Tsula la scribe, comme ses deux sœurs, est l’enfant du viol. Elle a donc hérité des pouvoirs des sorciers Atalantes.
Quand une nouvelle attaque hittite se prépare, Tsula échappe à la mort pour participer au combat…
Ce que j’en pense
Voilà enfin le quatrième et dernier épisode de la grande fresque scythe que nous offrent (en Technicolor !) Sylvain Runberg et François Miville-Deschêne.
Avant le dernier round, tout semble perdu ! L’armée des scythe est prise au piège dans la cité de Napulu et leurs moyens d’attaque (animaux sauvages et fantastiques dressés) sont pratiquement anéantis. Si une nouvelle action ne vient pas renverser l’équilibre, la fin est proche. L’armée Hittite est forte et leurs animaux géants semblent imbattables…
Heureusement pour nous lecteurs, Tsula est là ! Ce personnage qui nous a servi de guide, de clefs, dans l’univers de “Reconquêtes” se transforme totalement. De simple témoin, elle devient l’actrice principale d’une aventure épique.
Une fois de plus, le jeu fonctionne parfaitement. Sylvain finit la métamorphose de ses personnages, en inventant une fin grandiose, digne d’un drame antique.
Il nous offre encore quelques scènes de combats entre l’armée scythe et les Hittites, mais l’essentiel se joue sur une action plus directe et limitée.
Toutes les histoires parallèles (l’origine fantastique des trois sœurs, le bannissement du groupe des Sarmates, le besoin d’entente forcée entre les 3 peuples…) trouvent une solution ou une conclusion. Dans ce monde brutal et sans pitié, c’est plutôt la mort qui reste le point d’orgue de ces vies, mais Sylvain clôt sa série par une ouverture à demi-positive.
Au dessin, François est toujours aussi étonnant. Sa connaissance impeccable de l’anatomie (surtout les femmes qu’il dessine avec un plaisir évident) et son sens de la narration fait mouche.
Le travail incroyablement détaillé qu’il a réalisé dans ses recherches graphiques semblent sorti d’un livre d’image du 19e siècle, une sorte de “description de l’égypte”, façon Scythes…
Avec ce travail qu’on sent présent derrière chaque plan, chaque architecture et chaque vêtement, c’est un plaisir visuel constamment renouvelé, qui se décline en cases classiques et en somptueuses splash-pages.
De plus, son dessin classique au rendu souple (encrage au pinceau) est magnifié par ses couleurs directes à l’aquarelle. Le résultat est…. pfoouuuuu… monstrueux. Un travail graphique, comme il est extrêmement rare d’en voir aujourd’hui. Avec cette technique, les ambiances nuits (éclairées à la torche) et les scènes de combats (en camaïeux d’ocres colorés), sont hallucinants. J’espère sincèrement avoir l’occasion d’admirer ses originaux.
Voilà, tout ça pour dire que la série est finie et qu’elle est grandiose. Aussi bien sur la narration (complexe, subtile) de ce drame classique, que sur le visuel (impressionnant) vous n’avez plus aucune raison de ne pas vous jeter dessus. Alors, qu’attendez-vous pour partager le destin (dramatique, fantastique et épique) de Tsula ?