La Grande nageuse, d'Olivier Frébourg

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Originaire de Quiberon, où le narrateur a passé son enfance à faire de la voile et fantasmer sur la belle Gaëlle avec ses copains, le jeune homme a pris le large en intégrant l'école navale, revenant le temps de rares week-ends ou durant les vacances. Il recroise ainsi Marion, la fille de son béguin de jeunesse. Tous deux sortent ensemble et évoquent leur passion commune pour les grands espaces, les horizons perdus et l'océan. Marion est une nageuse exigeante, lui passe tout son temps à peindre ou esquisser des croquis.

De leur attirance réciproque, va naître une histoire d'amour pudique et émouvante. Le couple va s'envoler vers de nouveaux paradis terrestres, s'absorber dans leur violon d'Ingres respectif et composer leur destinée entre sensualité et délicatesse. La fascination du narrateur pour sa femme est troublante, poignante. Elle tient compte des aléas de la vie, de ses absences répétées à vivre en mer et mener ses missions, des liens de la famille, du cercle qui s'agrandit, des ambitions, des voyages et des silences toujours plus conséquents.

C'est un roman que j'imaginais pas loin d'être voluptueux mais que j'ai finalement découvert en mode contemplatif et distant, à l'instar d'un tableau exécuté par un peintre habité, soucieux de renvoyer une image noble, alors que tout perception artistique reste subjective. On y devine ainsi la nuance parfaite, le détail jamais laissé au hasard, l'ombre tracée à la loupe et le coup de crayon qu'on lâche la main légère et gracieuse. Peu de spontanéité, mais une précision tirée au cordeau.

Certes, la lecture possède de la prestance et une écriture raffinée, mais se trouve hélas dépourvue d'émotion. Je n'ai absolument pas été touchée par cette histoire d'amour ni par les personnages. Le roman apparaît trop guindé, trop froid, trop sur la réserve. La fin m'a à peine pincé le cœur et résulte après un attentisme frustrant. C'est donc sur un sentiment de déception que j'ai refermé ce livre, dont j'espérais une lecture beaucoup plus sensuelle et bouleversante. Dommage. 

Folio / Octobre 2015