Dans un premier temps, quand Jean de la Hire envoie ses personnages sur Mercure, le roman fleure bon l’anticipation poussiéreuse et naïve comme je l’aime. Cette impression fait son chemin lors de la description de l’astronef et elle est confirmée par l’absence totale de rigueur scientifique. Puis arrive l’intrigue amoureuse, plate et convenue, entre le viril américain et la jeune femme éperdue. La description de celle-ci ne dépasse jamais les caractéristiques physiques, on saura tout de sa peau dorée et de l’éclat de ses yeux, rien de ce qu’elle a dans la tête. Mais qui cela peut-il bien intéresser ? Bref, nos héros sont en route pour Mercure et, jusque là, tout va bien.
Pour la suite, je ne saurais dire ce qui coince le plus : les mercuriens, grotesques monopodes à trompe, chétifs et débiles, qu’on massacre à coups de pieux et dont on boit le sang à même l’œil crevé ? Le docteur Ahmed-bey, thaumaturge omniscient, capable de se rendre d’une planète à l’autre grâce à un enseignement acquis dans un quelconque monastère, capable d’intervertir les corps et les âmes grâce à un simple effort de volonté ? La manière dont les personnages communiquent d’une planète à l’autre par signaux lumineux ? Ou tout simplement la confusion d’un scénario qui n’a rapidement plus ni queue ni tête ?
Mais alors, quelque chose sauve-t-il ce roman ? Oui. Les illustrations de P. Santini. Vous pouvez d’ailleurs sauter le texte, les images seules valent le détour.