À cause de son récent divorce d’Esther, la mère de ses deux enfants, Augustin vend sa maison. L’âme en pleine dérive, complètement chamboulé par le déménagement, il s’échappe en voiture, emportant avec lui un maigre bagage : quelques photos, un pc et deux vélos. À la recherche d’un gîte de fortune, il croise plusieurs personnes que les aléas de sa nouvelle vie mettent sur sa route. Ainsi, une femme rencontrée par hasard le pourchasse tout au long de son périple à la recherche d’un hôtel. Et il se met à gamberger, repense au désarroi vécu par sa mère, chassée jadis de son appartement cossu de Neuilly. Et la morosité s’installe… Il entreprend désormais une quête afin de lever d’anciennes rancœurs. Fébrile et colérique à fois, il entreprend de ressusciter l’histoire de cette mère qu’il haïssait et a enterrée sans verser la moindre larme. Mais ses nombreuses rencontres lui ouvrent la trappe des souvenirs enfouis et lui donnent une autre opinion et une autre vision de cette mère qu’il a longtemps dénigrée.
Avec un talent indéniable, l’auteur tisse et défait sa vie et celle de sa famille. Encore un roman à la thématique d’une banalité affligeante direz-vous… Mais il n’en est rien et l’on reste scotché de la première à la dernière page à cette saga familiale et l’on suit avec enthousiasme les pérégrinations de ce héros déchu.
Et l’on se ravit et s’émeut de cette manière tout à lui qu’a l’auteur de scruter et décortiquer ses émois, ses amours et ses ressentiments. Et pour palier cette bourrasque intérieure, Augustin parcourt la France d’un bout à l’autre, à la recherche de sérénité, de paix et espérant peut-être panser ses blessures.
L’histoire d’un règlement de compte et d’une réconciliation avec l’Absente, la défunte mère détestée et mise à l’index à moult reprises… Comme à l’accoutumée, l’auteur nous touche avec sa plume d’auteur en perdition, d’homme troublé au charme discret s’acharnant sur les souvenirs d’une bâtisse désertée de force, des amours révolus et le spectre d’une mère maudite.
Et l’émotion agit toujours et encore à travers les lignes de cet écrivain tourmenté…
L’absente de Lionel Duroy, éd. Julliard
Date de parution : 18/08/2016