La couverture m'a fait de l'œil. La quatrième de couverture aussi. Un court préambule m'a mise en appétit.Guatemala. Amérique centrale. Le pays le plus beau, les gens les plus laids. Guatemala. La petite république où la peine de mort n'a jamais été abolie, où le lynchage a été la seule manifestation d'organisation sociale qui ait perduré.Guatemala: une société gangrénée, corrompue, une société du chacun pour soi, où l'on ne peut faire confiance à personne. «N'importe lequel de vos amis ou n'importe laquelle de vos connaissances était ou pouvait être un indic.»C'est à Ciudad de Guatemala que le grand flanc mou de Joaquín est tiré d'un rêve profond et confus par Armando, son dealer. Ce dernier vient de renverser un gamin de sept ans. Par peur du lynchage, il ne s'est pas arrêté. Délit de fuite. Il consulte Franco Vallina,un avocat véreux à qui l'on ne donnerait pas le bon Dieu sans confession. Un conseil: rentrer dans son patelin, ni vu ni connu, et inventer un mensonge au besoin. Joaquín, devenu complice involontaire, doit faire profil bas et se la fermer. Il se retrouve rapidement avec un détective sur les talons, engagé par la mère adoptive du gamin (non par amour pour son fils, mais pour une question de collecte d'assurances). Le père adoptif de l'enfant, lui, serait prêt à tout pour éponger ses dettes. Un soir de beuverie, Joaquín craque et s'ouvre la trappe: il raconte tout à Elena, sa cousine journaliste dont il est amoureux. Pendant ce temps, le détective fait s'évader l'enfant de l'hôpital (et moi qui pensais qu'il était mort…) avant de l'abandonner sur un banc de parc, au milieu des bandes de gamins, les «pierres enchantées» du titre. Et s'il ne s'agissait pas d'un accident? Et si c'était un coup monté?Que j'ai eu du mal avec ce roman… Un mal de chien. Je suis passée à deux cheveux de l'abandonner. Tout du long, j'ai été incapable de me débarrasser de cette impression de froideur extrême, de mépris sous-jacent pour ce lieu et ses personnages. Les mots de Rodrigo Rey Rosa conspiraient pour que je ne puisse m'attacher à aucun de ses personnages.Les personnages sont tous plus haïssables, antipathiques les uns que les autres. Impossible d'éprouver la moindre empathie pour eux. À travers un style sec et nerveux, Rodrigo Rey Rosa ne témoigne d'aucune bienveillance ou humanité à leur égard. Sans parler de leur manque d'épaisseur… Esquissés à la va-vite, vidés de leur contenu, ils pointent le bout de leur nez et s'évaporent – presque – aussitôt.Les parts d'ombre sont nombreuses. Je n'ai pas compris pourquoi l'enfant adopté était Belge (traffic d'enfants?). D'où il sort, ce petit Belge? Au final, a-t-il été victime d'un accident ou d'un coup monté? Ben, j'en sais rien. Et bien malin celui qui éclairera ma lanterne!Cette plongée crue et à vif dans la société guatémaltèque me laisse un goût amer. Une visite touristique sur les chapeaux de roues, qui manque cruellement de sentiments et d'émotions. C'est trop tout noir pour moi. Ça manque de gris et de nuances. Dommage... Pierres enchantées,Rodrigo Rey Rosa, Folio, 144 pages, 2014.★★★★★