Le livre du lundi: Les Mystères de Larispem, tome 1: le sang jamais n’oublie

larispem tome 1

de Lucie Pierrat-Pajot

Et si l’insurrection de 1871 ne s’était pas déroulée comme nos livres d’Histoire nous l’ont appris. Et si les Communards s’étaient emparés du pouvoir? C’est ce qu’imagine Lucie Pierrat-Pajot en nous racontant l’histoire de trois adolescents vivant dans Larispem, le Paris des bouchers, des ouvriers et des artisans. Une ville-état vidée de toute noblesse, qui se veut juste et prône l’égalité de tous. Mais sous le vernis, l’utopie se fissure: dans les rues, on dénonce la trop grande influence de la caste des bouchers et derrière les façades encore belles des maisons bourgeoises de l’ancienne place Vendôme, les aristocrates ourdissent leur retour au pouvoir.

C’est un univers très intriguant que nous propose Lucie Pierrat-Pajot dans ce premier roman. Un Paris transformé par la révolution industrielle de 1900 mais aussi par sa politique égalitaire. Il est très facile d’imaginer les changements que l’auteure nous propose, comme la tour Jules Verne à Montmartre ou l’Hôtel de ville transformé en bibliothèque faite de pierre, de verre et d’acier, l’argot des bouchers qu’on entend à tous les coins de rue ou encore la vénération de la population pour les ingénieurs et les inventeurs!  Le tout dans une atmosphère faussement sereine. Même s’il semble que tout le monde se soit adapté à la nouvelle situation de Paris, devenue Larispem, ville-état indépendante de la France, on sent que personne n’est vraiment dupe: la pauvreté et l’importance des rangs subsistent dans ce régime qui se veut démocratique et égalitaire même s’ils sont bien cachés. Les souvenirs de la Communes sont encore frais et l’envie de vengeance, pour certains, encore vivace. J’ai beaucoup aimé l’ambiance et les intrigues qui se tricotent les unes aux autres dans cette histoire où la technologie du début du siècle côtoie l’art ancestrale de la magie.

Si l’auteure nous raconte très bien la ville et la politique, il me semble qu’on a plus de mal à s’attacher aux personnages. Même si on nous explique leurs conditions de vie et qu’on dépeint leur caractère, une petite distance subsiste entre eux et le lecteur. Peut-être parce qu’il fallait plus d’espace à l’intrigue dans ce premier tome et qu’on aura le temps d’apprécier les personnages plus tard, lorsqu’ils auront vraiment pris part à l’action. Après tout, les derniers chapitres m’ont fait commencer à m’émouvoir pour Nathanaël, ce qui est un bon présage pour la suite.

L’intrigue, malgré quelques rares passages un peu tirés par les cheveux et peut-être quelques facilités de-ci de-là, est dense et se tient très bien. Même si elle est accessible à un public de collège, elle est aussi agréable à lire pour les plus vieux et c’est à ça que l’on reconnait la bonne littérature de jeunesse. 

C’est un très bon premier tome qui m’a donné envie de connaître la suite! Paru dans l’année, il rempli les conditions pour le Challenge Objectif du Mois de Septembre et étant une uchronie, il rentre dans le challenge Littérature de l’Imaginaire!

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Marion