Il a fait beaucoup de bruit, ce roman. Tellement de bruit que j'ai longtemps hésité à le lire. Sans trop savoir pourquoi, je viens souvent aux romans qui font du bruit après tout le monde, lorsque le train est passé. Il a fallu qu'Electra sorte le grand jeu. Elle me l'a si bien vendu que j'ai cessé de lambiner. J'ai mis la main sur ce fameux roman lors d'une de nos virées en librairie. Elle disait vrai, la vlimeuse. Quel magnifique roman. Quelle folle histoire. Ils sont quatre: un homme, une femme, leur fils unique d'une dizaine d'années et Mademoiselle Superfétatoire, une grue de Numidie. Il y a aussi l'Ordure, le bon ami qui vient au secours aussitôt appelé, et une bande de fêtards.Il y a le quotidien, bercé par «Monsieur Bojangles» de Nina Simone et les pas de danse. Les cocktails multicoloresà toute heure du jour et de la nuit. Les sauts sur le canapé. Les soupers nocturnes. Les escapades dans un château en Espagne. Dans ce quotidien, l'ennui est banni. Les responsabilités et les contraintes aussi: ouvrir le courrier, payer les factures, travailler, aller à l'école… À quoi bon? Cette famille fait des «bras d'honneur aux conventions, aux horloges, aux saisons», ils tirent la langue au qu'en-dira-t-on.Louise a besoin de gaité, de fantaisie. Ce n'est pas un caprice. Elle a besoin du nouveau prénom que lui donne son mari à tous les jours. Elle a besoin des câlins de son fils. Besoin de douce folie. Mais quand LA folie, la vraie, s'immisce dans le quotidien, le vernis se met à craquer et Louise se métamorphose. À l'improviste et sans crier gare, la folie s'invite. Père et fils mettent tout en oeuvre pour éviter l'inéluctable et pour que la fête continueL'enfant observe, il prend part et raconte dans ses mots cette vie hors des sentiers battus. Les mots du gamin côtoient des extraits du carnet intime tenu par son père, où il raconte son histoire avec une lucidité désarmante.Une belle histoire d'amour sans eau de rose, une histoire de famille lumineuse, assombrie par le drame qui couve. L'écriture d'Olivier Bourdeaut rend l'émotion à fleur de peau, contagieuse. Je ne suis pas prête de l'oublier, ce roman...En attendant Bojangles, Olivier Bourdeaut, Finitude, 160 pages, 2016.★★★★★