Le dessin signé Toni Fejzula est surprenant. C'est l'adjectif qui convient le mieux pour son travail, qui risque de rebuter d'emblée les amateurs de réalisme ou du style cartoony. Ici les formes sont très géométriques, le trait est dur et incisif. Les couleurs sont justes et très présentes, mais elles savent s'adapter au récit, en évitant l'écueil du trop plein, pour offrir du début à la fin l'impression d'un album saisi à travers le prisme de fonds de bouteille, truffé de moments forts et de scènes réussies. Même s'il s'agit d'emphase ou d'exagération, on a presque l'impression, dans les instants de panique, de voir du comic-book confié à Edgar Munch, inspiré par la rigueur formelle de Mignola. C'est bien la partie graphique qui fait de Veil une parution qui va attirer le regard, car pour le reste, difficile de la sortir du torrent de nouveautés actuels. D'autant plus que cela fait très longtemps que j'ai renoncé à espérer une communication directe avec l'éditeur (Delcourt) qui n'a jamais répondu à un seul de nos messages ni manifesté la moindre considération. On leur souhaite tout de même bonne chance, le dessinateur le mérite grandement.
A lire aussi : La nouvelle Wonder Woman de Greg Rucka