Actuelles et inactuelles
Rouscailler et rouscaillage. - Trouver un mot nouveau en cours de lecture m'est une joie. On va me dire : " Vous n'avez qu'à ouvrir un dictionnaire ! " C'est différent, très différent. Dans un dictionnaire ou un lexique, le mot est nu, solitaire, dépourvu de chair. Dans un texte, il montre sa pleine saveur, vibre, vit. Un peu comme voir une photo de Margie Gillis ou voir Margie Gillis danser.
Dans son ouvrage,Entre l'étreinte de la rue et la fièvre des cafés (David, Les Indociles), ce sont les corneilles que l'auteur hullois, Pierre Raphaël Pelletier, fait rouscailler - et nous fait entendre leur rouscaillage.
Un petit livre, mi-fragments, mi-journal, que je vous recommande pour sa sensibilité, sa sincérité et un aperçu de la vie culturelle franco-ontarienne.
Ce court extrait est révélateur du ton :
" Franky. You know what's beautiful about beauty ? It never dies. "
Dixit : Johny Louis Jobb de la nation crie des Plaines.
Tout comme ces deux autres :
" La beauté passe en nous comme un songe qui triomphe. "
" [...] les fictions sont les ruses d'une réalité qui se raconte. "
À lire !
(En vente dans les bonnes librairies ou sur Amazon : http://urlz.fr/3Weg)
Grande Noirceur et Grande Médiocrité - Le prêt-à-penser actuel définit comme Grande Noirceur cette période de notre histoire qui a précédé les années 60. Un raccourci injuste qui fait fi de penseurs, d'éveilleurs économiques et sociaux, d'artistes, et d'éducateurs qui y ont accompli, en contexte, des choses admirables.
Si je voulais me laisser aller à un raccourci du même ordre, je pourrais qualifier les années 80 à aujourd'hui d'époque où triomphe la médiocrité - temps de la Grande Médiocrité. Langue, littérature, économie, médias, éducation, tout tire généralement vers le bas, promeut la facilité.
Les auteurs qu'on propose aux étudiants du secondaire " pour les initier à la lecture " effarent par leur absence de style et de fond. Les enseignants savent-ils que Melville, Thériault, Lalonde, Vonarburg, Paré et de nombreux autres existent ?
Religions et Religion - Le procès des religions se poursuit dans l'espace médiatique et les conversations de salon. Les listes de récriminations sont longues. Sauf que... Sauf que lorsqu'on fait un bilan, on le fait au complet ; tout bilan comporte deux colonnes essentielles : celle des passifs, bien sûr ; mais aussi celle des actifs. Et c'est cette dernière qu'on oublie.
On a de moins en moins besoin de religions, et de plus en plus besoin de Religion. La véritable. Celle qui relie l'humain au Dieu qui l'habite et, conséquemment, à tous les êtres doués de divinité en devenir de la planète et du Cosmos.
Alain Gagnon a remporté à deux reprises le Prix fiction roman du Salon du Livre du Saguenay-Lac-Saint-Jean pour Sud (Pleine Lune, 1996) et Thomas K (Pleine Lune, 1998). Quatre de ses ouvrages en prose ont ensuite paru chez Triptyque : Lélie ou la vie horizontale(2003), Jakob, fils de Jakob (2004), Le truc de l'oncle Henry (2006) et Les Dames de l'Estuaire(2013). Il a reçu à quatre reprises le Prix poésie du même salon pour Ces oiseaux de mémoire (Le Loup de Gouttière, 2003), L'espace de la musique (Triptyque, 2005), Les versets du pluriel (Triptyque, 2008) et Chants d'août(Triptyque, 2011). En octobre 2011, on lui décernera le Prix littéraire Intérêt général pour son essai, Propos pour Jacob (La Grenouille Bleue, 2010). Il a aussi publié quelques ouvrages du genre fantastique, dont Kassauan, Chronique d'Euxémieet Cornes (Éd. du CRAM), et Le bal des dieux(MBNE) ; récemment il publiait un essai, Fantômes d'étoiles, chez ce même éditeur. On compte également plusieurs parutions chez Lanctôt Éditeur (Michel Brûlé), Pierre Tisseyre et JCL. De novembre 2008 à décembre 2009, il a joué le rôle d'éditeur associé à la Grenouille bleue. Il gère aujourd'hui un blogue qui est devenu un véritable magazine littéraire : Le Chat Qui Louche 1 et 2 ( https://maykan.wordpress.com).