A la place du coeur

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Arnaud Cathrine

publié en 2016

252 pages

contemporaine, romance

L’extrait 

« Et je crois qu’encore une fois, on pensait la même chose : la terreur s’était abattue sur notre pays mais on était tous là, les jeunes, les vieux, les enfants, les Parisiens, les provinciaux, la juive, le gaucho, l’athée, Mme Barsacq et son amoureuse, Adel… On était tous là alors voilà : ça n’arriverait plus jamais. »

La note 

♥♥♥♥♥

La critique 

Je me souviens encore parfaitement de ce jour, le 7 janvier : quand j’ai appris ce qu’il s’était passé, mon cerveau a été incapable de fonctionner correctement pendant quelques jours. J’avais les yeux rivés sur les infos, et tout me semblait tellement irréel que je n’ai pas réagi tout de suite. Plus d’un an après, la blessure est toujours là, et Arnaud Cathrine publie son roman sur fond des attentats : un roman qui, je pense, aurait dû attendre plus longtemps afin d’avoir du recul sur ces événements.

Je vais être franche, comme dans toutes mes critiques, mais vu le contexte je préfère être claire : ma critique se portera uniquement sur le contenu du roman. Je ne porte aucun jugement sur ces terribles événements qui ont fait pleurer la France entière, ni sur Charlie Hebdo. Rien que sur le roman.

Et avouons-le d’emblée, les débuts ont été compliqués, voire très compliqués : j’ai eu beaucoup de mal avec Caumes, ses réflexions, ses choix ou encore son comportement, ce qui m’a empêchée de m’identifier à lui. J’ai souvent eu du mal à le comprendre, ce qui a malheureusement beaucoup gêné ma lecture, heureusement on finit par s’habituer et son comportement passe un peu mieux…même si ce n’était toujours pas ça. Et pour rester dans les points qui m’ont gênée, le plus cliché d’ailleurs…j’ai nommé le langage SMS. Amis auteurs, sachez que nous écrivons exactement comme vous dans nos SMS, et toutes ces énormes fautes essaient de montrer le contraire. Simple petite remarque !

Puis, le plus important : le contexte historique, celui de l’attentat contre Charlie Hebdo. C’était le point qui m’intéressait le plus, notamment la façon dont l’auteur allait traiter le sujet, et j’ai été déçue : ces événements ont plus servi de prétexte qu’autre chose, voire à carrément meubler le récit plutôt que soulever une réflexion. Exemple très simple : lors des dialogues entre les personnages, l’auteur ressort toutes les réactions types (« je suis pas Charlie », « c’est la faute des musulmans »…) et c’est tout. Pas de réflexion, pas d’approfondissement, seulement des réponses bancales et pas convaincantes du tout : justes des phrases balancées comme ça dans un dialogue, qui n’amènent rien. Et c’est ce qui m’a le plus dérangée dans ce roman.

Mais il comporte tout de même des points positifs, entre autres la fin juste excellente, très poétique et émouvante, à laquelle je ne m’attendais pas du tout. J’aurais adoré ressentir ce que j’ai ressenti pendant cette fin tout le long du roman, mais il faut malheureusement attendre les cinquante dernières pages. Pages qui valent le coup, sans hésiter.

En bref, un roman qui aurait mérité une réflexion plus approfondie, et plus de recul sur les événements.