Résumé :
« Voyageuse exceptionnelle, Edith Wharton (1862-1937) se souvient des mœurs compassées du « vieux New York » de son enfance. Henry James la nommait « l’ange de la dévastation » ; il l’invita à concentrer son attention critique sur un milieu qu’elle connaissait de l’intérieur et qui nourrit une oeuvre riche et variée. Le temps de l’innocence est loin des romans de la « génération perdue ». Mais il lui valut le Prix Pullitzer (1921) et compte parmi les plus beaux texte américains. Entre nostalgie et iconoclasme, Edith Wharton explore les difficultés d’un moi qui s’insurge à demi-mot contre un univers méticuleusement répressif. »
Mon avis :
Cette année, en cours de littérature, nous allons parler des romancières américaines. C’est pourquoi nous avons eu une liste de livres au début de l’année sur laquelle se trouvait Edith Wharton, la conscience entravée de Anne Ullmo-Michel. J’ai commencé par ce livre-ci car je n’avais jamais entendue parler de cette auteure et j’aime beaucoup lire des biographies (quand elles sont bien écrites, cela va sans dire). C’est donc très curieuse et studieuse (haha) que me suis lancée dans ce livre…
Pour être honnête, je n’étais pas tout à fait à l’aise en écrivant cette chronique. L’auteure de ce livre, Anne Ullmo-Michel, est maître de conférence à l’université de Lille III. C’est donc une personne qui a déjà fait ses preuves et dont le savoir est incontestable. Au début je n’osais pas trop « critiquer » puisque, après tout, je ne suis qu’une élève en deuxième année, et je serais incapable d’écrire un tel livre. Puis j’ai réfléchi et je me suis dit que si ma chronique ne reflétait pas honnêtement mon ressenti sur ma lecture, elle n’avait pas lieu d’être. Voici donc tout ce que ce livre m’a inspiré.
Si l’introduction a répondu à mes attentes, dans le sens où on apprend des choses sur la vie d’Edith Wharton, la suite m’a un peu déconcertée. Le problème n’est pas que ça n’a m’a pas plu, au contraire j’ai trouvé cela très intéressant, mais je pensais vraiment que j’allais lire une biographie. L’histoire de sa vie, de son enfance à sa mort, en passant par son mariage avec Teddy ou son amitié avec Henry James… Mais ce n’était pas du tout le cas. En effet, Anne Ullmo-Michel nous présente ici une étude de l’oeuvre de cette auteure américaine. Certains aspects de sa vie sont évoqués lorsqu’ils sont nécessaires à la compréhension de son oeuvre, mais cela ne va pas plus loin. Il faut attendre la très courte chronologie en fin de livre pour apprendre qu’elle avait deux frères aînés par exemple. J’ai trouvé ça un peu dommage. Si les éléments apportés par l’auteure m’ont intéressés, j’aurais préféré que ce livre soit plus exhaustif. Quitte à faire connaissance avec cette romancière, autant le faire complètement. J’aurai aimé par exemple un livre qui nous parle des événements marquants de sa vie tout en étudiant leur retentissement sur ses écrits.
Elle y évoque sa « faim », ses « privations », son « appétit dévorant » pour tout ce qui se lit et la frénésie avec laquelle elle engloutit indifféremment sermons et poèmes, romans et ouvrages métaphysiques, en anglais, en français ou en allemand le tout exhumé de la bibliothèque d’un père qui se contentait de les accumuler par devoir de caste.
Sur le moment j’ai donc été déçue, mais ce livre ne m’a pas déplu pour autant! Il est vraiment très intéressant et j’ai appris tout un tas de choses sur les œuvres complexes d’Edith Wharton. Il y a beaucoup de subtilités dans ses écrits, beaucoup d’éléments que je n’aurais même pas remarqué si je ne les avais pas étudié dans ce livre. Ici, l’auteure Anne Ullmo-Michel divise son analyse en quatre parties. La première se concentre sur la critique des Nouveaux Riches dans les œuvres d’Edith Wharton, la seconde aborde le sujet du « ballet des apparences » en évoquant notamment les représentations théâtrales et l’art pictural. Le troisième chapitre est une étude approfondie du langage (et surtout des silences) utilisé dans les récits de la romancière américaine. Quant à la quatrième et dernière partie, elle nous fait découvrir les influences et inspirations d’Edith Wharton au travers du personnage de Vance Weston.
La guerre produit sur Edith Wharton un choc tout aussi dévastateur et d’autant plus irréversible que les amis de toujours meurent les uns après les autres, laissant plus évidente encore la béance d’un monde disparu. Si les ruines sont, dans le cas de la terre américaine, essentiellement métaphoriques, elles servent néanmoins de point de départ à Edith Wharton pour l’écriture de ses derniers romans.
Je ne sais pas si un des chapitres m’a intéressé plus qu’un autre. Ils apportent tous des éléments nouveaux qui permettent de rester concentré sur notre lecture. Cependant, le procédé utilisé par l’auteur qui a réussi à capter toute mon attention est l’utilisation des personnages crées par Edith Wharton. Les œuvres de cette dernière sont pleines de nuances imperceptibles, mais que dire alors de ses personnages !? Je n’ai encore jamais lu un seul de ses romans, mais au travers de ce livre, j’ai compris qu’il ne fallait pas se fier aux apparences et analyser les différents personnages qui peuplent ces récits. Ce que j’ai appris de ces protagonistes m’a réellement intéressée, ils sont captivants par leur complexité. De plus, le fait qu’ils connaissent tous, ou presque, un destin tragique ne peut les rendre qu’attachants. Cela m’a donné l’envie de découvrir Ethan Frome, Charity Royall et tous ces personnages emplis de souffrances qui ne peuvent rien contre la fatalité. D’après ce que j’ai compris, Edith Wharton n’a pas eu une vie des plus heureuses. Elle n’aimait pas sa mère, son mari avait des crises de folies, sa liaison avec son amant a pris fin brutalement, elle était sujette à la dépression… Bref, c’est le genre de personne qui externalise sa souffrance en la couchant sur papier, et, c’est triste à dire, mais ce sont souvent ces auteurs qui produisent les plus belles merveilles. J’ai vraiment hâte de lire une de ses œuvres.
Vous l’aurez compris, ce livre m’a globalement plus. En revanche, il y a quelques éléments qui m’ont parfois dérangés. Tout d’abord, si la plume de l’auteur a su rester fluide la plupart du temps, il est arrivé quelque fois que les phrases soient très longues et cela ne facilite pas la compréhension de notions qui peuvent être complexes. Etant donné que ce livre va m’être utile pour la fac, j’ai pris des notes et parfois le flot d’informations dans une seule phrase était tellement dense que je ne savais plus ce que je devais noter… Ensuite, j’ai trouvé regrettable le fait que les citations tirés des livres ne soient pas en langue anglaise. Après tout, j’imagine que ce livre se destine particulièrement aux étudiants en langues étrangères, puisqu’il s’agit d’une étude de l’oeuvre d’Edith Wharton plutôt que d’une vraie biographie. Logiquement, nous devrions donc être à même de comprendre et de pouvoir traduire ces citations nous-mêmes. Cela pourrait même contribuer à l’enrichissement de notre vocabulaire. Pourquoi, par exemple, ne pas avoir mis les citations en anglais avec la traduction dans une note en bas de page ? J’ai trouvé deux citations particulièrement intéressantes et j’ai donc du me débrouiller pour les trouver en version originale sans devoir acheter et lire le livre en intégralité. C’est dommage d’avoir perdu du temps comme ça. Enfin, je n’ai pas vraiment apprécié cette manie qu’a l’auteure de transformer des noms propres en adjectifs, comme dans « une héroïne balzacienne » et ce pour plusieurs raisons. Tout d’abord, je ne trouve pas ça particulièrement esthétique ni très gratifiant. Bon, pour être plus franche je trouve ça très moche et je tiquais à chaque fois que mon regard croisait un de ces adjectifs! Non sérieusement, je n’avais jamais vu les mots « proustienne » ou « hawthornien » auparavant, et c’était mieux comme ça ! Mais bref, ce n’est pas très justifié comme remarque haha. Mon principal souci avec ces adjectifs, c’est que l’auteur s’en contentait. C’est-à-dire que le lecteur se trouve face aux expressions « héroïne balzacienne », « réminiscence proustienne », « narrateur hawthornien » sans plus d’explications. A la limite la réminiscence proustienne, tout le monde voit à peu près ce que c’est. Mais pour les autres références, je ne les maîtrise pas assez pour comprendre exactement ce qu’Anne Ullmo-Michel veut dire. Je devais donc rechercher des informations complémentaires, sans me perdre dans des divagations et en n’oubliant pas les rapports avec les personnages d’Edith Wharton. C’était une gymnastique cérébrale qui, par moment, était un peu trop compliquée pour mon petit cerveau.
Rares sont les créateurs épanouis dans les œuvres de Wharton, comme si l’artiste se devait d’être, sinon torturé, du moins caché et subir les brimades que lui impose bien volontiers un univers fondamentalement hostile à la différence.
En résumé, j’ai apprécié ce livre puisqu’il m’a emmené à la découverte d’une auteure dont je ne connaissais rien. J’ai également trouvé certaines phrases très percutantes, elles me seront utiles (je l’espère) lors de mes examens. En revanche, quelques détails m’ont un peu dérangés comme les citations traduites en français. Je regrette également de ne pas en avoir appris plus sur la vie d’Edith Wharton. Je vous conseille cette lecture si vous êtes étudiants en anglais ou si vous êtes vraiment passionnés de littérature. Cependant, si l’analyse du style d’un auteur ne vous intéresse pas, passez votre chemin!
Note : 15/20
La solitude et le silence font partie intégrante des fictions de Wharton comme ils ont peuplé une jeunesse seulement sauvée du néant affectif par une nourrice choyée et une passion dévorante pour les livres.