A la fête de la BD de Bruxelles, Roger, le dessinateur espagnol de la sublime série « Jazz Maynard » joue avec nous au jeux des questions et des réponses.
Jazz Maynard, les personnage principal, est particulier. C’est un voleur, musicien et dandy. Un vrai “concept” ! Comment l’as tu travaillé ?
Roger. C’était facile. Quand nous avons commencé à penser au projet avec mon ami Raule* pour le marché français, nous étions parfaitement en accord.
Dès l’origine, je voulais un personnage qui jouait de la trompette, du jazz, car j’aime cette musique. J’aime aussi les polars. Tous ces ingrédients sont partis de moi et Raule a construit son histoire là-dessus.
*Raule est le scénariste
Comment traduire l’aspect musical ?
Roger. Je ne sais pas vraiment. C’est un des challenges de la série, mettre en image les ambiances, la musique… C’est un challenge graphique de transmettre ces sensations, ces émotions aux lecteurs. Je ne sais pas vraiment comment je fais. J’essaie de travailler sur le côté narratif, d’utiliser mon savoir-faire pour décrire les émotions qui se dégagent quand Jazz joue de la musique sur scène…
Quand vous êtes dessinateurs, vous faites avec vos capacités. Au fur et à mesure, vous apprenez et vos connaissances augmentent. Cela devient plus facile. On trouve de nouveaux outils, de nouveaux moyens…
Ton dessin est anguleux, nerveux, précis. Il semble très adapté aux scènes d’actions…
Roger. J’éprouve les mêmes difficultés pour dessiner des scènes d’actions que des scènes tranquilles. J’adore dessiner les scènes d’action. Peut-être que tu as l’impression que c’est plus facile pour moi, mais il n’en est rien. Je fais au mieux. Je ne sais pas vraiment où je suis le meilleur.
Le Noir et blanc s’impose ?
Roger. Dans le premier album, j’ai mis des couleurs, car c’était une demande de mon éditeur. Je dois confesser que je pensais toujours en noir et blanc. Avec les années, j’ai commencé à penser en couleurs. J’essaie de mettre le même effort sur la couleur que sur l’encrage. J’adore encrer, mais maintenant, je pense à la couleurs dès l’étape du storyboard. J’ai plus de confiance dans ma couleur. Au fur et à mesure, j’ai beaucoup appris la-dessus.
Roger. Il y a toujours une logique ! Dans une scène de combat par exemple, quand vous décidez de casser le rythme, vous cherchez un impact. La couleur peut aider à ce changement. Les rouges, oranges sont les couleurs les plus impactantes, par exemple. Elles reflètent mieux la dramaturgie.
Après 4 albums, vous êtes partis de Raval… Vous aviez besoin d’air frais ?
Roger. Je suis en train de travailler sur le sixième album, qui se passe à Rékiavik. Pour le suivant, Jazz revient à Barcelone pour une nouvelle aventure. Pour le petit cycle en Islande, nous avions besoin de s’échapper de Raval, mais nous savions que nous y reviendrons.
Nous avons conscience que pour les lecteurs, El Raval fait intégralement parti de l’identité de la série. C’est un “personnage” à part entière. Nous pensons que les lecteurs espèrent retrouver les personnages dans Raval.
Roger. C’était une décision commune entre Raule et moi. Nous avons décidé que les filles ressemblaient à des personnages de Comics. Bon, d’accord, j’adore dessiner de belles femmes, mais j’aime aussi dessiner de beaux hommes. Tu ne l’a peut-être pas remarqué, mais Le personnage principal n’est pas mal non plus…
Merci Roger.
Interview réalisée le 2 septembre 2016, au 4ème édition de la fête de la BD de Bruxelles, par Jacques Viel, pour « Un Amour de BD ».
NB : Un grand merci à Roger et à l’équipe Dargaud.