Violette Leduc (1907-1972) est une romancière française. Fille illégitime de Berthe Leduc et d’André Debaralle, un fils de famille de la haute bourgeoisie de Valenciennes qui refuse de reconnaître l'enfant, elle est marquée par la honte de sa naissance. Une vie difficile et scandaleuse pour l’époque, des liaisons homosexuelles, un court mariage ou des amours masculines sans retour car ce sont eux-mêmes des homosexuels, un avortement où elle manque mourir. En 1939, elle est secrétaire pour la Nouvelle Revue Critique, en 1942 elle commence à écrire des souvenirs d’enfance. En 1945, présentée à Simone de Beauvoir elle en tombe amoureuse et la compagne de Sartre qui reconnait immédiatement son talent, la soutiendra toute sa vie. En 1964 elle frôle le Goncourt pour son roman La Bâtarde, une fiction autobiographique. Violette Leduc a fait de sa vie la matière principale de ses livres, ce qui en fait une des pionnières de l’autofiction. La Femme au petit renard, paru initialement en 1965, vient d’être réédité.
D’« Elle », l’héroïne du roman, nous ne saurons rien, pas même son nom, si ce n’est qu’elle habite à Paris une chambre sous les toits, près des bonnes et du robinet d’eau qui goutte sur le palier, dans la musique du métro aérien. Elle vit dans la misère, transparente aux yeux du monde, la faim au ventre, « Elle est une ombre qui aboie tellement elle a faim. » Ses journées ne sont qu’errance dans la ville et le métro où la présence des voyageurs la réchauffe. Elle croise des passants, épie des artisans de métiers anciens, regardent les vendeuses dans les boutiques…
Attention, roman complexe à lire. Les trois premiers quarts du livre ressemblent au délire d’une femme à bout de force, épuisée par la faim. Les phrases sont très courtes, crachées sur le papier mais on pourrait assimiler cette littérature à de la poésie en prose car ce texte presqu’incompréhensible découvre/révèle des images, des sensations. Disons-le tout net, soit le bouquin va vous tomber des mains immédiatement, soit il va déclencher en vous une douce mélancolie, une errance de l’esprit, une curiosité vous poussant à comprendre de quoi il retourne et comment tout cela peut se terminer. Avant de vous lancer dans cette lecture, je vous conseille donc d’ouvrir le roman chez votre libraire et d’en feuilleter une page ou deux, prises au hasard, pour comprendre dans quoi vous risquez de vous engager…
Le dernier quart de l’ouvrage change de ton (un peu) et le lecteur se retrouve en terrain presque balisé. « Elle » hésite à vendre son renard, cet accessoire vestimentaire d’autrefois, qui tient une place importante pour elle, psychologiquement parlant et finalement, se résoudra à accepter la charité de pièces de monnaie qu’on acquiert en acceptant de tendre la main.
Roman difficile à lire dans la forme choisie pour l’écrire par Violette Leduc. Mais j’avoue que s’il n’était si court, je l’aurais abandonné très vite. Si vous voulez découvrir cet écrivain, je conseillerais plutôt un autre ouvrage, comme par exemple La Vieille fille et le mort.